L'été 1981 a largement privilégié la connaissance de l'art du xxe siècle ; rétrospective de la sculpture de 1900 à 1945, à la Fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence. Identité italienne d'aujourd'hui au Centre Georges-Pompidou. Rétrospective Estève à Marseille. Les expressionnistes allemands à Strasbourg. Nicolas de Staël au Grand Palais à Paris. L'hiver et le printemps 1982 n'ont pas démérité avec notamment, au Centre Georges-Pompidou, Jackson Pollock, grand maître de l'expressionnisme abstrait américain ; au Grand Palais et au Centre d'action culturelle de Montbéliard, Messagier qui brisa avant la lettre la logique de l'époque. Messagier est né en 1920. Ses cris et ses fêtes annoncent depuis longtemps les délires des nouveaux baroques.

De plus en plus convaincu, comme Fernand Léger, que « l'œuvre d'art doit être significative de son époque », de nombreux artistes manifestent aujourd'hui une tendance à s'écarter du chevalet, de l'atelier, des sentiers battus. L'espace est alors leur domaine. Non plus en tant que paysage. Mais en qualité de matériau.

Jean Vérame peint en bleu, en signe de paix, des rochers au sommet du Sinaï et marque de signes de paix la pierre et la terre. Et la galerie Viviane Esders (Paris) expose les photographies de l'exploit. L'Atelier d'A de Caen révèle l'ampleur de la peinture murale communautaire à travers le monde. Mac Adams métamorphose les salles du musée de Toulon en une « installation marine » construite à partir de photographies, de sculptures et d'éléments scéniques. Takis emplit le Forum du Centre Georges-Pompidou de grands totems, de boules en suspension et d'immenses poutres, et retient un public médusé par les étranges musiques de ces architectures banales.

Ainsi va l'avant-garde, tandis que l'art naïf fait dans l'actualité une percée sans égale jusqu'à présent : Dina Vierny expose Bombois. Un film et deux expositions (Centre culturel italien et galerie Ratie à Paris) révèlent l'art sauvage de Ligabue, peintre maudit, fort peu connu, des années 20. Nice inaugure avec faste le Musée international d'art naïf Anatole Jakowsky. Le Salon des indépendants enfin rend un hommage important au Douanier Rousseau et à la foule de ses émules dont l'humour, l'apparente simplicité et l'attachement nostalgique aux valeurs artistiques et sociales traditionnelles charment un marché désormais structuré.

Sans surprise

À l'écart de tant d'effervescence, l'abstraction et toutes les formes d'art poétique ou spiritualiste du xxe siècle poursuivent leurs aventures propres sans surprise notoire autour de Vieira da Silva, Zao Wou Ki, Sima, Manessier, Ubac, Raymonde Godin, François Rouan, Bram et Geer Van Velde.

À Douai, les silences bleus de Jacques Monory rappellent les ambitions déjà anciennes de la Figuration narrative. Monory, comme Peter Klasen (galerie Maeght, Paris) ou David Hockney (galerie Claude-Bernard, Paris) ont eux aussi voulu dans les années 60 libérer la peinture.

Pas de contrepartie spectaculaire, cette année, au modernisme. Mais de superbes retours au passé : aux fastes du gothique sous Charles V (Grand Palais), à Turner (Centre culturel du Marais, Paris), aux impressionnistes américains (Petit Palais), etc.

À la demande du ministère de la Culture, une réflexion s'est engagée sur une politique dynamique des arts plastiques, la place de l'artiste dans la société contemporaine, ses conditions de travail, ses moyens de subsistance, la commande publique. C'est le testament que laisse la saison 1981-1982 à la suivante.

Georges Braque assurera la transition. Il est né à Argenteuil en 1882. Le Centre Georges-Pompidou célébrera ce nouveau centenaire du 17 juin au 27 septembre 1982.

Grand prix de la Ville de Paris
(10 décembre 1981)

Arts : Mario Avati, peintre-graveur.

Grands prix nationaux
(18 décembre 1981)

Arts graphiques : Roland Topor.

Patrimoine : L'écomusée du Creusot-Montceau-les-Mines.

Métiers d'art : Louis-André Desquand (gravure) et Jean et Jacqueline Lerat (céramique).

Sculpture : Piotr Kowalski.

Peinture : Jean Degottex.

Ventes

Un an après l'élection de François Mitterrand et la mise en place d'un gouvernement socialiste, le marché de l'art et des antiquités connaît une stagnation qui résulte davantage d'une mauvaise conjoncture internationale que du changement politique.