De tous les partenaires de la Communauté, c'est sans conteste la RFA qui est la plus choyée. Le sommet germano-soviétique de Bonn, fin novembre 1981, est salué par Moscou comme un pas de plus vers la détente, même si le chancelier Schmidt y réaffirme son accord avec les Américains sur le déploiement des Pershing.

Avec la France, les rapports sont plus réservés. Si l'URSS salue l'entrée des ministres communistes dans le gouvernement Mauroy comme un « moment positif » et se félicite de la signature du contrat gazier, elle n'en reste pas moins très critique à l'égard des positions de Paris sur la défense de l'Europe, sur la Pologne et sur Israël. Elle souhaite néanmoins que la visite de Michel Jobert, ministre du Commerce extérieur, en décembre, ne reste pas sans suite, et que le dialogue se poursuive, si possible à l'échelon le plus élevé.

Chine

De la même manière, Moscou cherche à éloigner l'Asie des États-Unis. L'offensive de charme soviétique vise l'Inde et le Japon, mais aussi et surtout la Chine.

Profitant du refroidissement des relations sino-américaines dû aux positions de Ronald Reagan sur Tai-wan, le Kremlin, pour qui une alliance Pékin-Washington est toujours à redouter, multiplie les initiatives en faveur d'une normalisation des rapports. Après Nicholas Tikhonov, chef du gouvernement, qui déclare, en février 1982, qu'« il n'y a pas de problèmes que l'on ne pourrait régler », Leonid Brejnev renouvelle, un mois plus tard, à Tachkent, ses offres de négociation, se disant prêt à s'entendre avec Pékin « sans préalable aucun ». Le 20 mai, dans un long article, la Pravda relance l'invitation.

À ces avances la Chine continue d'opposer officiellement une fin de non-recevoir, mais divers signes — tels que la modération de ses commentaires sur l'affaire polonaise, la reprise d'échanges économiques, scientifiques et sportifs entre les deux pays ou le rétablissement des relations entre le PC chinois et le PC français, qui ne cache pas ses bons rapports avec Moscou — laissent espérer au Kremlin que Pékin n'exclut plus une amélioration, au moins limitée, des relations bilatérales.

Moyen-Orient

Cette offensive de charme, l'URSS continue de la pratiquer au Proche-Orient. Souhaitant toujours reprendre dans cette région l'initiative, soufflée par les États-Unis lors des accords de Camp David, Moscou, qui n'a pas enterré son plan de règlement de la crise, resserre non seulement ses liens avec ses alliés de prédilection, comme la Syrie, la Libye ou l'OLP à qui est accordé, en octobre 1981, le statut diplomatique, mais encore multiplie, avec un apparent succès, les manœuvres d'approche vers les autres pays arabes. L'URSS ne condamne pas le plan de paix du prince Fahd, et vend à des prix intéressants, sans l'assortir d'aucun engagement, un matériel militaire de premier choix. Ce qui amène Riyad à évoquer une possible reprise des relations diplomatiques, rompues il y a une quarantaine d'années.

Même jeu vis-à-vis de l'Égypte. Profitant de la mort d'Anouar el-Sadate avec qui les différends ne se comptaient plus, l'URSS améliore de façon significative ses relations avec son successeur, le président Moubarak ; ce qui se traduit par la signature de contrats commerciaux et le retour en Égypte d'experts soviétiques.

On retrouve enfin cette volonté de séduire dans la politique menée en Amérique latine. Le soutien, apparemment paradoxal, apporté à l'Argentine fasciste dans la guerre des Malouines s'explique par la certitude que nourrit l'URSS qu'elle n'a que des avantages à en tirer, au moment où les Américains, par leur soutien à la Grande-Bretagne, se sont aliéné la plupart des pays du continent.

Parallèlement, la déstabilisation que l'Union soviétique entretient en Amérique centrale, notamment au Salvador et au Guatemala, et le soutien marqué que Moscou apporte au Nicaragua lui permettent d'espérer une expansion du socialisme marxiste dans les années à venir.

Yougoslavie

Belgrade. 22 340 000. 87. 0,9 %.
Économie. Productions (77) : A 16 + I 51 + S 33. Énerg. (80) : 2 049. P (78) : 359. Ch. (78) : 12 %.
Transports. (78) : 10 445 M pass./km, 23 378 Mt/km. (*78) : 1 857 100 + 256 900. (*80) : 2 467 000 tjb. (78) : 1 920 pass./km.
Information. (77) : 26 quotidiens. Tirage global : 2 085 000. (76) : 4 526 000. (76) : 3 463 000. (78) : 441 000 fauteuils ; fréquentation : 75,4 M. (77) : 1 556 000.
Santé. (77) : 28 528. Mté inf. (79) : 32,2.
Éducation. (76). Prim. : 1 461 191. Sec. et techn. : 2 311 746. Sup. (75) : 394 992.
Armée.  : 252 500.
Institutions. République socialiste proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963, amendée pour la quatrième fois en février 1974. Président de la direction collégiale : Petar Stambolitch, élu le 14 mai 1982 ; succède à Serguei Kraïgher. Président du conseil exécutif fédéral : Mme Milka Planintz (16 mai 1982).

Les nationalismes aggravent les difficultés économiques

La volonté affirmée des dirigeants de respecter à la lettre le testament du maréchal Tito ne semble pas s'accomplir totalement. Si l'indépendance du pays est préservée, le non-alignement sauvegardé, l'expérience autogestionnaire poursuivie, la cohésion entre les six républiques et les deux régions autonomes est loin d'être acquise.