La police ne limite d'ailleurs pas son action au territoire national. Ses services procèdent, en décembre 1981 à Paris, à l'écoute clandestine des lignes téléphoniques de deux dissidents émigrés, Pavel Tigrid et Jiri Pelikan, et diffusent ces enregistrements sur Radio-Prague, provoquant une vive protestation du président Mitterrand.

Le philosophe français Jacques Derrida, venu fin décembre à Prague participer à un séminaire privé chez un signataire de la Charte, est arrêté pour « trafic de drogue » et expulsé trois jours plus tard.

En dépit de cette répression permanente, la dissidence continue de faire entendre sa voix. On apprend en septembre 1981 la création d'un comité préparatoire à la formation de syndicats libres, directement inspiré de l'exemple polonais, et la Charte 77 demande en mars 1982 au Xe Congrès des syndicats tchécoslovaques d'élaborer un « programme de participation des travailleurs à la gestion de l'économie et au contrôle de l'administration ».

Hausses

Initiatives sans lendemain, mais qui ne sont pas sans inquiéter les autorités. On en a pour preuves les nouvelles restrictions apportées aux voyages en Occident et le retard mis à annoncer de nouvelles hausses, décidées pourtant dès le printemps. La crainte des réactions d'une population particulièrement attentive aux événements polonais explique cet ajournement.

Mais, finalement, les augmentations décidées en octobre 1981 et en janvier 1982 — viande et tabac (+ 40 %), carburants (+ 35 %), riz (+ 100 %), poisson (+ 50 %), alcool et charcuterie (+ 20 %) — n'engendrent que résignation de la part d'une opinion depuis longtemps informée de la gravité de la situation économique.

Une récession que le Premier ministre Lubomir Strougal et son équipe justifient par la mauvaise récolte de 1981 (– 15 %) et le déficit énergétique dû à la réduction ou l'arrêt des livraisons de charbon polonais, de pétrole soviétique et d'électricité roumaine. C'est pourquoi, tous les objectifs économiques pour 1982 sont réajustés en baisse, alors que le plan quinquennal 1981-1985 est déjà caractérisé par une très grande austérité.

URSS

Moscou. 265 540 000. 12. 0,9 %.
Économie. Productions (78) : A 17 + I 62 + S 21. Énerg. (80) : 5 595. P (78) : 101.
Balance commerciale (80) exp. : 49,7 MM$, imp. : 44,5 MM$. Productions (80) : blé 98,1 Mt, pêche 8,9 Mt, houille 490 Mt, pétrole brut 603 Mt, gaz naturel 425 Gm3, électricité 1 295 TWh (dont 71 d'origine nucléaire), fer 148 Mt, acier 148 Mt, aluminium 2,4 Mt.
L'année 1980 n'a guère été meilleure que 1979. Elle a été catastrophique dans le domaine agricole : la production céréalière n'a guère évolué et les importations se sont poursuivies. La production industrielle, par contre, s'est accrue, mais moins vite qu'il n'était prévu. La situation est toujours satisfaisante dans le domaine énergétique (premier producteur mondial de pétrole, deuxième pour le gaz naturel, troisième pour le charbon) et dans l'industrie lourde (premier producteur mondial de fer et d'acier), mais la faiblesse demeure dans les industries de transformation, la fourniture de biens de consommation. Les exportations d'hydrocarbures, vers le COMECON mais aussi vers l'Europe occidentale, se poursuivent pour financer l'importation de technologies de pointe, qui, sauf dans le domaine militaire, font toujours cruellement défaut à l'URSS.
Transports. (78) : 332 100 M pass./km, 3 429 600 Mt/km. (*80) : 23 444 000 tjb. (78) : 8 361 pass./km.
Information. (77) : 686 quotidiens ; tirage global : 102 462 000. (75) : *125 477 000. (75) : *55 181 000. (77) : fréquentation : 408 M. (78) : 20 943 000.
Santé. (77) : 896 900. Mté inf. (74) : 27,7.
Éducation. (76) Prim. : 34 333 000. Sec. et techn. : 10 950 800. Sup. : 4 853 958.
Armée.  : 3 673 000.
Institutions. Fédération de républiques socialistes. Nouvelle Constitution approuvée par le Soviet suprême le 7 octobre 1977. Président du præsidium et Premier secrétaire du parti : Leonid Brejnev, élu chef de l'État le 16 juin 1977 ; succède à Nicolaï Podgorny, limogé du bureau politique le 24 mai 1977. Premier vice-président : Vassili Kouznetsov, élu le 7 octobre 1977. Président du Conseil : Nicolaï Tikhonov (23 octobre 1980).

Un climat de fin de règne
Persistance des difficultés économiques

Une politique intérieure et une diplomatie au ralenti, malgré le coup d'État du 13 décembre 1981 en Pologne, perpétré sous les pressions répétées de Moscou. La vieillesse des dirigeants soviétiques et les problèmes liés à la succession prochaine de l'équipe Brejnev expliquent cette modération dans l'initiative. On le constate dans le refus du moindre changement d'importance dans le système en place, comme dans la prudence cultivée vis-à-vis de l'étranger. Le temps de l'expansionnisme n'est pas mort pour autant. Il est seulement en sommeil, dans un pays qui continue de consacrer à son armée une part budgétaire double de celle des États-Unis.