Attitude doublement significative, car elle met en évidence à la fois l'autorité de l'Église et ses hésitations.

Si l'Église joue un tel rôle en Pologne, c'est parce que ce pays n'a pas de frontières naturelles. Il s'étale sur la vaste et monotone plaine du centre de l'Europe. Sans vraies limites. On n'a jamais très bien su où il commençait ni où il finissait. De siècle en siècle, ses frontières n'ont cessé de changer. Et, si la Pologne a survécu, c'est que l'histoire lui a apporté une originalité, un moyen de se différencier de ses voisins, qui a fait son unité : une religion. Les Polonais étaient, ils sont toujours, coincés entre protestants allemands à l'ouest et orthodoxes slaves à l'est, les uns et les autres communisés aujourd'hui. Et, pour rester Polonais, ils s'accrochent désespérément à leur originalité, le catholicisme.

Il en va ainsi depuis des siècles. Mais depuis 1945 s'est produit un phénomène capital : non seulement la nation polonaise s'est trouvée aux prises une fois de plus avec son puissant voisin de l'Est, mais l'Église polonaise — fait nouveau — s'est trouvée aux prises avec un régime marxiste, athée, qui voulait la détruire. L'Église se battait donc — se bat donc — à la fois pour sa propre survie et pour celle de la nation. Et, quand elle défend la liberté religieuse, elle est amenée à défendre du même coup tous les droits de l'homme.

La création du syndicat Solidarité avait quelque peu déchargé l'Église de cette tâche. Mais, quand, le 13 décembre, le syndicat se trouve contraint à la disparition ou à la clandestinité, l'Église devient à nouveau le seul contre-pouvoir en face du pouvoir communiste.

Or, dès les premiers jours, un certain désarroi apparaît dans l'épiscopat. Les évêques polonais hésitent entre deux positions. Les uns, plus conciliants, souhaitent négocier avec le pouvoir pour obtenir la libération des internés et des garanties pour l'Église. C'est, notamment, la position de Mgr Glemp. Les autres estiment que l'Église peut et doit aller plus loin dans la défense de tous les droits de l'homme, qui ne se limitent évidemment pas à la liberté religieuse. Cette position est représentée par le cardinal Macharski, archevêque de Cracovie, Et c'est aussi celle de Jean-Paul II qui, en décembre 1981, au début de la crise marquera quelque surprise quand un émissaire de Mgr Glemp, Mgr Dubrowski, lui brossera de la situation polonaise un tableau plutôt apaisant.

À ces divergences s'ajoutent des appréciations différentes sur le rôle du général Jaruzelski. Le pape le juge avec beaucoup de sévérité. Une partie des évêques estiment qu'il représente malgré tout une position nationale, une sorte de moindre mal.

Un certain rapprochement s'opère pourtant quand, début février, une délégation d'évêques conduits par Mgr Glemp peut enfin se rendre à Rome. Jean-Paul II insiste longuement et fortement pour que l'épiscopat adopte une attitude plus ferme. Il le fait par conviction, mais aussi par souci de conserver à l'Église son autorité morale, notamment sur la jeunesse : il craint beaucoup, laisse-t-on entendre alors au Vatican, que les jeunes Polonais ne se lancent au printemps dans des actions désespérées, et pense qu'ils y seront d'autant plus incités si le contre-pouvoir qu'est l'Église apparaît hésitant et mou.

Les résultats de ce voyage sont aussitôt évidents : les évêques durcissent leur attitude. Mais bientôt se manifestent à nouveau les hésitations. L'Église garde son autorité certes : l'arrêt des manifestations de mai 1982 le prouve. Pourtant, il est clair qu'elle n'est pas encore parvenue à définir une ligne d'action cohérente et efficace.

Portugal

Lisbonne. 9 930 000. 110. 1,1 %.
Économie. PIB (78) : 1 816. Productions (76) : A 13 + I 39 + S 48. Énerg. (80) : 1 097. CE. (78) : 13 %. P (76) : 244. Ch. (78) : 8,1 %.
Transports. (78) : 5 512 M pass./km, 933 Mt/km. (*78) : 1 161 400 + 368 600. (*80) : 1 356 000 tjb. (78) : 2 794 pass./km.
Information. (77) : 28 quotidiens. Tirage global : 527 000. (76) : 1 525 000. (76) : 723 000. (77) : 259 700 fauteuils ; fréquentation : 39,1 M. (77) : 1 175 000.
Santé. (77) : 13 816. Mté inf. (75) : 38,9.
Éducation. (75). Prim. : 922 204. Sec. et techn. : 754 174. Sup. : 79 702.
Armée.  : 70 926.
Institutions. République instaurée après le coup d'État militaire du 25 avril 1974. Nouvelle Constitution promulguée le 2 avril 1976. Chef de l'État : général Ramalho Eanes, réélu le 7 décembre 1980 ; succède au général Francisco da Costa Gomes. Premier ministre : Francisco Pinto Balsemao (nouveau gouvernement, 1er septembre 1981).

Un pouvoir politique fragile face à une économie délabrée

« Le gouvernement de F. Balsemao donne l'impression d'un bateau à la dérive, que personne n'ose faire couler », déclarait au début de l'été 1982 un membre de l'opposition portugaise.