Intérim plutôt que succession, dit-on à Rangoon, où l'on considère que San Yu, homme effacé, exerce d'autant moins la réalité du pouvoir que l'essentiel en demeure aux mains de l'armée et de Ne Win en personne. Celui-ci demeure le chef du Parti unique du programme socialiste. Ne Win, à 71 ans, prend donc du recul, sans renoncer à guider son pays et à fixer les grandes orientations de sa voie birmane vers le socialisme.

Au seuil de cette semi-retraite, le vieux combattant peut, il est vrai, se targuer d'un bilan relativement positif. L'unanimité nationale s'est renforcée, en dépit des efforts des mouvements ethniques sécessionnistes et des tentatives de ses adversaires. Ne Win s'est même offert le luxe de proclamer, à la veille de son départ (été 1980), une large amnistie, dont a bénéficié son vieil adversaire U Nu, rentré au pays après onze ans d'exil.

Sur le plan économique, dans un monde en proie à la crise, la Birmanie réussit une performance en parvenant, à petits pas, à satisfaire les besoins essentiels de sa population. C'est sans doute le seul pays d'Asie à disposer en 1981 de l'indépendance alimentaire et énergétique.

Cambodge

Phnom Penh. 8 870 000. 49. 1,8 %.
Économie. PIB (75) : 147. Énerg. (80) : 2. P (74) : 1 819.
Transports. (73) : 54 M pass./km, 10 Mt/km. (72) : 27 200 + (73) 11 000.
Information. (76) : 17 quotidiens. (75) : *110 000. (76) : *35 000. (75) : 71 000.
Éducation. (72). Prim. : 479 616. Sec. et techn. : *103 000. Sup. : 9 988.
Armée.  : *20 000.
Institutions. État indépendant le 9 novembre 1953. République démocratique. Constitution du 3 janvier 1976. Chef de l'État : Khieu Samphan. Premier ministre : Pol Pot, tous deux en fonctions jusqu'à l'invasion (le 1er janvier 1979) par le FUNSK, soutenu par l'armée vietnamienne. Depuis le 7 janvier 1979, le pouvoir est exercé par un Conseil d'État présidé par Heng Samrin. Premier ministre : Chan Si (10 février 1982).

La résistance contre Hanoi se regroupe

L'impasse dans laquelle se trouve la crise cambodgienne joue en faveur de Hanoi. Les Vietnamiens mettent à profit contradictions et antagonismes qui opposent la Chine, les pays de l'ASEAN (Indonésie, Malaysia, Philippines, Singapour, Thaïlande), l'ONU et les trois composantes de la résistance (Sihanouk, Khmers rouges, Front national de libération du peuple khmer) pour conforter leurs positions.

Remaniements

Une série d'opérations menées durant la saison sèche permet à l'armée vietnamienne de réduire les sanctuaires des Khmers rouges et les bastions nationalistes de la frontière thaïlandaise. Les Vietnamiens y implantent, assurent leurs adversaires, des colonies de peuplement.

Sur le plan sanitaire et alimentaire, la Croix-Rouge internationale, estimant le Cambodge « hors de danger », réduit son programme d'assistance intérieure ; le relais est pris par le Programme alimentaire mondial. Pourtant, les intempéries de l'année 1981 accroissent le déficit alimentaire, qui, selon les prévisions, devrait passer en 1982 de 160 000 t à 278 000 t de riz.

Sur le plan politique, l'équipe au pouvoir à Phnom Penh est modifiée. Nommé Premier ministre en juin 1981, Pen Sovan cède son poste en décembre « pour raisons de santé » à Chan Si, ministre de la Défense. Le Front d'union nationale pour le salut du Kampuchea est remplacé par le Front uni pour l'édification et la défense du Kampuchea. Plusieurs dirigeants et cadres, soupçonnés d'être prosoviétiques, sont écartés.

Conférences

Chez les Khmers rouges, le PC (pro-chinois) est dissous. Son chef Pol Pot a été hospitalisé à Bangkok au cours de l'hiver. Les Khmers rouges, avec 25 000 soldats opérationnels, demeurent la principale force de la résistance ; mais ils ne parviennent pas à s'entendre avec les nationalistes pour constituer un front uni. Le sommet Sihanouk-Khieu Samphan (Khmer rouge) – Son Sann (FNLPK), en septembre 1981 à Singapour, aboutit à un accord pour la formation d'un gouvernement de la résistance. Les discussions pour la répartition des postes échouent.

Sihanouk et Khieu Samphan, pressés par la Chine et l'ASEAN, se retrouvent en février 1982 à Pékin. Son Sann boycotte la réunion. Finalement, après plus de deux années de discussions, les trois factions cambodgiennes parviennent à s'entendre sur la constitution d'un gouvernement de coalition. Cet accord, signé le 22 juin 1982 à Kuala Lumpur, prévoit le partage des pouvoirs de direction entre le prince Sihanouk (président), Khieu Samphan (vice-président) et Son Sann (Premier ministre).