Le mouvement, décrété illégal et par ailleurs vigoureusement contenu par des milliers d'hommes de troupe, est peu suivi. Il est cependant le premier du genre depuis 1976 et, dans la mesure où il fait courir à ses organisateurs le risque de peines de prison et pertes d'emploi, il traduit un net renouveau de la combativité syndicale.

Latente depuis plus de 20 ans, la guérilla se durcit également. Les embuscades se font plus violentes, les pertes plus élevées. Les différents mouvements — M19, FARC, ELN, EPL — (Journal de l'année 1979-80) ne regroupent guère que 1 200 hommes et ne sont vraiment implantés que dans le sud du pays. Ils tiennent cependant en respect les troupes spéciales (4 à 5 000 hommes) formées pour les combattre.

Le M19 se signale régulièrement par des coups d'éclat, notamment en bombardant au mortier, le jour de la fête nationale, le palais présidentiel (20 juillet 1981) et en s'emparant, fin octobre, d'un avion qui lui servira à transporter des armes à partir du Panama.

Betancur

Les pouvoirs importants dont disposent les militaires en vertu du statut de sécurité et le renforcement de leurs effectifs posent le problème de l'intervention de l'armée dans la vie publique.

Traditionnellement neutre, elle n'en a pas moins fait savoir par la voix de son commandant en chef, le 5 novembre 1981 — à cinq mois des élections générales —, qu'elle pouvait être un recours pour garantir la démocratie. Ce danger d'intervention de l'armée explique l'annonce par les FARC de la suspension de toute opération jusqu'au 1er juin 1982, date à laquelle se déroule l'élection présidentielle.

La victoire du candidat conservateur, Belisario Betancur, constitue plutôt une surprise. Aux élections législatives du 14 mars, en effet, les libéraux avaient obtenu la majorité absolue.

Le succès de B. Betancur résulte de la division des libéraux entre les partisans de l'ancien président Alfonso Lopez Michelson (Journal de l'année 1973-74), et ceux d'un candidat dissident de 39 ans, Luis Carlos Galan, dont les thèses ont séduit une clientèle de centre gauche, notamment à Bogota.

Autres explications de la défaite libérale : l'échec du président sortant, également libéral, dans la lutte contre la guérilla — sa proposition d'amnistie, lancée aux guérilleros en février 1982, n'a pas été entendue par les intéressés, qui la jugeaient limitée — et l'orientation résolument favorable aux États-Unis de la politique étrangère, qui heurte le sentiment national, notamment dans l'affaire des Malouines.

Enfin et surtout, l'électorat a condamné l'absence, en 12 ans de présidence libérale, de toute véritable politique de réforme susceptible de résoudre les graves problèmes du pays.

L'abstentionnisme considérable illustre d'ailleurs clairement le discrédit qui pèse sur le régime. L'absence de réforme agraire — du fait de l'opposition des grands propriétaires — entraîne de graves conséquences : exode des paysans vers les villes, où ils grossissent les rangs d'un sous-prolétariat marginalisé ; développement de cultures destinées à l'exportation — les hallucinogènes notamment — au bénéfice d'une poignée de nantis.

Proche des démocrates-chrétiens, le nouveau président prendra ses fonctions le 7 août 1982. Il a promis de lever l'état d'exception, maintes fois dénoncé par les syndicats et par les comités civiques créés un peu partout dans le pays pour lutter contre les graves atteintes aux droits de l'homme. Il a également promis un certain nombre de réformes sociales.

Costa Rica

San José. 2 240 000. 44. 2,7 %.
Économie. PIB (78) : 1 646. Productions (78) : A 20 + I 25 + S 55. Énerg. (80) : 589. CE (78) : 24 %. P (78) : 217. Ch. (78) : 4,6 %.
Transports. (76) : 99 M pass./km, 16 Mt/km. (77) : 73 400 + 49 300. (78) : 352 pass./km.
Information. (76) : 6 quotidiens. Tirage global : 210 000. (76) : *150 000. (76) : *155 000. (78) : 175 000.
Santé. (77) : 1 483. Mté inf. (78) : 22,3.
Éducation. (76). Prim. : 365 957. Sec. et techn. : 116 037. Sup. (77) : 38 629.
Armée.  : 5 000.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1871. Président et chef de l'exécutif : Luis Alberto Monge, élu le 7 février 1982 ; succède à Rodrigo Carazo Odio.

Président

Le PLN (parti de libération nationale), social-démocrate, l'emporte comme prévu sur la coalition au pouvoir, à l'issue d'un scrutin régulier ; le pays échappe encore à la tourmente centraméricaine. Le nouveau président, Luis Alberto Monge, est pourtant confronté à une crise sans précédent, en raison du coût du pétrole et de la baisse du prix du café : 60 % d'inflation, un chômage qui touche un travailleur sur dix, des caisses vides, une dette extérieure de près de 3 milliards de dollars. Particulièrement soucieux de neutralisme, conscient du fait que la démocratie costaricaine est à la merci d'une dérive économique, Luis Alberto Monge prône un retour à la terre, afin de stimuler la production agricole et les cultures d'exportation.

Cuba

La Havane. 9 830 000. 88. 1,2 %.
Économie. Énerg. (80) : 1 328.
Transports. (76) : 767 M pass./km, 1 848 Mt/km. (76) : 80 000 + 40 000. (*80) : 881 000 tjb. (78) : 816 pass./km.
Information. (76) : 16 quotidiens. (78) : *650 000. (72) : 296 300 fauteuils ; fréquentation : 150 M. (77) : 321 000.
Santé. (74) : 8 200. Mté inf. (78) : 22,3.
Éducation. (76). Prim. : 1 747 738. Sec. et techn. : 715 807. Sup. (75) : 82 688.
Armée.  : 227 000.
Institutions. République démocratique socialiste, proclamée le 1er mai 1961. Constitution du 24 février 1976. Président : Fidel Castro Ruz (réélu par l'Assemblée nationale le 28 décembre 1981, il succède à Osvaldo Dorticos Torrado). Premier ministre et premier secrétaire du parti : Fidel Castro Ruz.

Tension croissante avec Washington

Rien ne va plus entre Washington et La Havane. La déstabilisation grandissante en Amérique centrale et les livraisons d'armes soviétiques (6 000 t pour le seul mois d'août 1981) à Cuba, inquiètent profondément l'équipe Reagan, qui met particulièrement en cause le régime castriste.