Cependant, les points noirs sont nombreux : le chômage avoisine toujours 12 % ; la baisse des exportations et la chute des prix de certaines matières premières (cuivre, bois) ont entraîné une régression du revenu national et un ralentissement des investissements. Le déficit de la balance commerciale a été estimé à 2 800 millions de dollars en 1981.

Pour faire face à ces difficultés, le général Pinochet forme, le 22 avril 1982, un nouveau gouvernement de 20 membres, comprenant 14 militaires contre 11 dans le précédent cabinet. Les autorités annoncent cependant leur intention de poursuivre la politique économique ultralibérale pratiquée depuis huit ans et de ne pas procéder à une dévaluation du peso.

Des prisonniers politiques ont été libérés et des exilés autorisés à rentrer au pays, mais la répression n'en continue pas moins à frapper durement toute forme d'opposition. Selon un rapport de l'ONU, le nombre des arrestations a été plus élevé en 1981 qu'en 1980, en particulier parmi les militants de la gauche chrétienne.

Incidents

Célébrant, le 11 septembre 1981, le huitième anniversaire de la chute du régime Allende, le chef de l'État, le général Pinochet, déclare que l'interdiction de tous les partis politiques sera maintenue.

Les obsèques, le 25 janvier 1982, de l'ancien président Eduardo Frei, chef de file de la Démocratie chrétienne, disparu à l'âge de 71 ans, donnent lieu à des incidents. Pendant la cérémonie officielle, des manifestants crient des insultes à l'adresse du général Pinochet et lapident une voiture de police. Une trentaine de personnes sont interpellées.

L'ambassadeur de France, Léon Bouvier, est rappelé le 23 février en consultation par le Quai d'Orsay. Il avait notamment affirmé à l'hebdomadaire Cosas : « Je suis convaincu que le pays le moins libre d'Amérique latine est Cuba. » L. Bouvier regagne son poste un mois plus tard, et son retour est salué avec satisfaction, le 16 mars 1982, par le ministre chilien des Affaires étrangères.

Enfin, dans le courant de l'automne, les autorités chiliennes annoncent qu'elles préparent un document qui servira de point de départ à l'établissement d'un accord définitif avec l'Argentine au sujet de la zone du canal de Beagle (Journal de l'année 1978-79). Celui-ci devrait être établi sur la base de la proposition du pape Jean-Paul II, remise aux deux pays en décembre 1980. Le pape invite, le 23 avril, le Chili et l'Argentine à « presser le pas » afin de régler leur différend. Santiago fait savoir quelques jours plus tard que cet appel a reçu un accueil « immédiat et inconditionnel » de la part du gouvernement chilien.

Colombie

Bogota. 27 090 000. 24. 2,8 %.
Économie. PIB (78) : 890. Productions (78) : A 30 + I 27 + S 43. Énerg. (80) : 769. CE (78) : 13 %. P (78) : 428. Ch. (78) : 8,9 %.
Transports. (78) : 342 M pass./km, 1 232 Mt/km. (77) : 453 600 + 104 500. (*80) : 283 000 tjb. (78) : 1 768 pass./km.
Information. (76) : 42 quotidiens. Tirage global : *1 330 000. (76) : *2 850 000. (76) : *1 700 000. (75) : fréquentation : 96 M. (77) : 1 410 000.
Santé. (77) : 12 720. Mté inf. (76) : 46,6.
Éducation. (77). Prim. : 4 160 527. Sec. et techn. : 1 616 111. Sup. (75) : 186 635.
Armée.  : 70 000.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1886. Président et chef de l'exécutif : Belisario Betancur Cuartas, élu le 30 mai 1982 ; succédera le 7 août 1982 à Julio Cesar Turbay Ayala.

Le président conservateur et la majorité libérale sont face à la crise

La dégradation des conditions de vie en 1982 prend des proportions dramatiques : 60 % seulement des travailleurs colombiens disposent du salaire mensuel minimum de 4 500 pesos (environ 100 dollars) ; la plupart des autres, les travailleurs agricoles notamment, se situent en-dessous de ce seuil. On estime pourtant qu'une famille de 5 à 6 personnes a besoin chaque mois de 230 dollars pour satisfaire à ses besoins essentiels, sans compter le logement.

La production industrielle et les exportations baissent depuis deux ans. L'inflation est élevée (30 % environ en 1981). Le chômage et le sous-emploi atteignent le tiers de la population. On dénombre 5 millions d'analphabètes. La pénurie de logements, surtout à Bogota, et l'insuffisance des services sanitaires dans les campagnes sont catastrophiques. Les inégalités demeurent criantes.

Conflits

Dans ces conditions, les conflits sociaux se durcissent et se multiplient dans tous les secteurs (marine marchande, chemins de fer, lignes aériennes, banques), pour culminer, le 21 octobre 1981, par une grève générale, qui avait été décidée deux mois auparavant au cours d'un vaste forum syndical national.