Journal de l'année Édition 1982 1982Éd. 1982

Ainsi, la relance française va progressivement creuser le déficit du commerce extérieur au début de l'année 1981, par l'effet de ciseau de l'accélération de la pénétration étrangère et de la réduction des exportations. De 97,6 % en avril 1981, le taux de couverture tombera à 86,6 % en avril 1982, faisant apparaître un trou exceptionnel de 10 milliards de F. Malgré la réduction des importations énergétiques. Sur l'année 1982, on table désormais sur un déficit commercial de 80 à 90 milliards. La reprise, semble-t-il, ne sera pas au rendez-vous en Europe avant le printemps 83. Le gouvernement s'est trompé de printemps.

Pari

Les conséquences sont lourdes : au regain d'inflation, à l'alourdissement du déficit commercial, s'ajoute la dérive du budget accentuée par des recettes d'épargne insuffisantes. Le gouvernement ne peut plus échapper à la dévaluation. Elle a lieu le 11 juin 1982 ; elle est accompagnée d'un plan de redressement économique : le gouvernement renoue avec le blocage des prix pour instaurer une politique des revenus qui n'ose pas dire son nom, et procède à un étalement voire à une renonciation de certaines réformes sociales. Décision prise néanmoins avec l'espoir que l'argent public désormais essentiellement affecté aux entreprises nationales, renforcées par les nationalisations de huit groupes industriels et par les moyens de financement du secteur bancaire, viendra au secours de l'activité économique et de l'emploi. Un autre pari d'autant plus difficile que la politique budgétaire a trouvé ses limites et que la dévaluation est un peu courte pour permettre autre chose que de remettre les compteurs à zéro.