Le Suédois Ingmar Bergman a déconcerté de nombreux fidèles avec un film très théâtral, De la vie des marionnettes, une enquête psychanalytique classique, mais absolument rigoureuse, autour de l'assassin très bourgeois d'une prostituée.

La Turquie, nouvelle venue, a surpris avec deux films restés relativement confidentiels mais pleins de promesses, Hazal, d'Ali Ozgenturk, et surtout le très beau Troupeau, de Zeki Okten. L'Inde a envoyé une sorte de Guépard hindou, très lent et très beau, Le salon de musique, tourné en 1958 par Satyagit Ray, que l'on va commencer à découvrir, et le Brésil un film brouillon mais haut en couleurs de Carlos Diegues, Bye Bye Brésil, une fresque sur le pays traversé par une troupe de comédiens.

D'Union soviétique, pas de très grandes œuvres, mais le beau Pastorale d'Otar Iossellani, et l'assez académique mais émouvant film de Nikita Mikhalkov, Quelques jours dans la vie d'Oblomov.

De Hongrie, deux films intéressants : Cher voisin, de Zsolt Kezdi-Kovacs, et surtout les Parents du dimanche, de Janos Rozsa, chronique de la solitude d'une poignée de jeunes délinquantes sans foyer et triste tableau d'un pays sans espoir. Mais c'est surtout de Pologne que sont venus quelques très grands films.

En attendant son Homme de fer, palme d'or à Cannes, Wajda a montré les blocages d'une bureaucratie mesquine et d'une jeunesse avide de pouvoir, à travers le conflit d'un jeune musicien arriviste et d'un vieux chef d'orchestre, converti au mode de vie occidental, humaniste et généreux, magistralement interprété par John Gielguld, Le chef d'orchestre.

Et l'on a eu la confirmation d'un talent solide et original, celui de Krzysztof Zanussi à travers trois films : Les chemins de la nuit (avec Mathieu Carrère), Le contrat, une sorte de Mariage à la Altman dans la bourgeoisie empoisonnée par l'arrivisme et l'argent de la Pologne contemporaine, et surtout la Constante, grave réquisitoire contre les compromissions, rendues inévitables, du régime et que dénonce le héros du film, épris d'idéal.

Enfin, c'est du Japon que nous est venu peut-être le plus beau film de l'année, le magistral Kagemusha, d'Akira Kurosawa, superbe et monumentale fresque guerrière du Japon des samouraïs, où le thème du double et la fascination de la mort servent de support à une succession d'images dignes des plus grands maîtres de la peinture épique. Un éblouissement de perfection formelle, en même temps qu'un poème funèbre inoubliable.

Télévision

Les programmes ont été éclipsés par les changements d'hommes

On savait bien que la saison serait difficilement sereine, mais que, pourtant, tout serait fait pour conjurer l'agitation et le malaise dans l'univers turbulent du petit écran : les élections présidentielles, à l'horizon, pointaient le bout de leurs urnes. Tâche particulièrement délicate de l'information audiovisuelle, en France, qui se voit depuis longtemps investie d'une responsabilité particulière — « la voix de la France », disait le président Pompidou.

Mouvements

Première application de cette volonté de provoquer le moindre remous : Jean-Louis Guillaud, Maurice Ulrich et Claude Contamine, présidents des sociétés de programmes, sont reconduits dans leurs fonctions, dès la fin de leur mandat, le 7 janvier 1981. Quelques mouvements s'effectuent néanmoins au sein des rédactions : Jean-Marie Cavada quitte FR3 peur TF1.

Roger Gicquel cesse de présenter le journal de 20 heures sur TF1, préférant s'adonner à la recherche d'une nouvelle forme de magazine. D'abord remplacé par Dominique Baudis il a pour véritable successeur Jean Lefebvre. D. Baudis trouve un poste de rédacteur en chef et de présentateur pour Soir 3, au sein de l'équipe de FR3 qu'anime désormais André Sabas.

En effet : mis à part quelques détails de génériques et d'indicatifs les journaux télévisés ne changent ni d'aspect ni de ton : les formules dites nouvelles ressemblent comme des sœurs aux précédentes ou à des modèles dûment éprouvés, tel ce Grand débat de la presse que TF1 lance un peu avant les élections et au cours duquel un leader politique affronte les questions des signatures les plus prestigieuses de la presse écrite. Europe 1 trouve que l'émission a plus qu'un air de famille avec son désormais célèbre Club de la presse. Le journal d'Antenne 2 ne varie guère ni dans sa présentation — Patrick Poivre d'Arvor est toujours aux commandes du 20 heures — ni dans sa conception, pas plus que celui de FR3.