Journal de l'année Édition 1980 1980Éd. 1980

Souvent cette violence juvénile est une réaction à des conditions de vie particulièrement difficiles, dans la famille ou dans le quartier, à une violence exercée sur les enfants eux-mêmes (chaque année, la justice est saisie de 2 500 cas d'enfants brutalisés). Pour ceux-là, la bande devient une famille. Par suite de l'évolution des modes de vie, d'autre part, la liberté d'action des enfants se restreint ; on tend de plus en plus à organiser leurs loisirs. Les nouveaux supermarchés multiplient les tentations pour des adolescents désargentés. Mais la violence et la délinquance juvéniles s'accroissent moins que l'attention qu'on y porte. Souvent, les délits, les incidents sont majorés, répercutés (au risque de provoquer des enchaînements irréversibles). La justice, parfois, suit l'opinion : en février 1980, le procureur de la République de Nanterre réclame une répression plus sévère à rencontre des mineurs délinquants.

Supérieur

Coup de grâce à l'autonomie des universités

Trois événements marquent essentiellement l'année universitaire ; deux concernent des dispositions administratives de la fonction enseignante et l'organisation des universités. La troisième surgit, chez les étudiants, avec la mise en application de la circulaire Bonnet du 12 décembre 1977.

L'année commence dans l'inquiétude pour beaucoup d'enseignants. Reprenant une tactique fréquemment utilisée, Alice Saunier-Seïté, ministre des Universités, a publié le 15 août 1979 une série de décrets modifiant les conditions de recrutement et le statut des maîtres-assistants et des professeurs d'université.

Jusque-là, les universités choisissaient librement leurs enseignants parmi les candidats inscrits sur des listes d'aptitude nationales ; pour être inscrit sur les listes d'aptitude aux fonctions de maître-assistant (LAFMA), il fallait achever une thèse de troisième cycle ; pour les fonctions de maître de conférences (et a fortiori professeur), il fallait une thèse d'État, plus importante. C'était le Comité consultatif des universités, formé en majorité d'enseignants élus par leurs pairs, qui inscrivait les candidats sur les listes pour chaque spécialité et qui, ensuite, contrôlait leur promotion. Mais le recrutement appartenait aux établissements.

Désormais, c'est le Comité consultatif, rebaptisé Conseil supérieur des corps universitaires (CSCU) qui recrutera. Les conditions de nomination ne changent pas, mais les listes d'aptitude sont supprimées. Les commissions de spécialistes de chaque établissement proposeront quatre candidats, classés par ordre de préférence. Le CSCU décidera qui sera nommé, et où. On revient ainsi au système en vigueur avant 1968. L'objectif proclamé de ces mesures c'est de lutter contre les coteries locales et d'améliorer le niveau des corps enseignants en réduisant l'auto-recrutement (au cours des dernières années, les universités ont eu tendance à recruter de préférence les candidats locaux).

Système centralisé

Alice Saunier-Seïté s'en prend notamment aux groupes politiques et syndicaux. Elle voit là un moyen de faire pièce en particulier au SNES-SUP, proche des communistes, et d'éviter les revendications pour des créations de postes appuyées sur le nombre d'inscrits sur les listes d'aptitude.

Mais ce système centralisé favorise le mandarinat et les clientèles nationales, en mettant pour chaque discipline le recrutement des enseignants entre les mains d'un petit nombre de personnes, qui restent longtemps en place (c'est ce qui s'était passé avant 1968)... Il enlève aux jeunes enseignants l'espèce de garantie qu'offrait, vis-à-vis des patrons, l'inscription sur une liste d'aptitude. D'autre part, en confiant le recrutement à un organisme extérieur, il porte un coup grave à l'autonomie des universités, puisqu'il enlève à celles-ci le moyen essentiel d'orienter l'enseignement, de développer de nouvelles recherches ou de conforter celles qui existent, bref d'avoir une politique.

C'est l'aboutissement d'une évolution de plusieurs années. Depuis 1977, dans chaque université, les commissions de spécialistes devaient comprendre des délégués du Comité consultatif. Depuis 1978, ce sont les recteurs, représentant l'administration centrale, qui décident du renouvellement des assistants (et non les présidents d'université).