Parmi les différents modèles proposés pour interpréter ces étonnantes caractéristiques, le plus satisfaisant attribue les variations de longueurs d'onde à deux jets gazeux s'échappant d'un objet central à la vitesse de 80 000 km/s, dans des directions opposées, le long d'un axe incliné de 78° par rapport à la direction de la Terre et animé d'un mouvement de précession (c'est-à-dire oscillant lentement sur lui-même en décrivant la surface d'un cône) d'une période de 164 jours.

La nature de l'objet central reste toutefois incertaine. Il pourrait s'agir d'une étoile à neutrons à fort champ magnétique, l'axe des jets gazeux coïncidant alors avec l'axe magnétique de l'étoile. Diverses observations suggèrent néanmoins que SS 433 est en fait un système double, comprenant, outre l'étoile responsable du rayonnement visible, un compagnon massif obscur (peut-être un trou noir) qui lui est lié physiquement. L'interaction gravitationnelle entre les deux composants du système permettrait notamment d'expliquer de façon simple le mouvement de précession de 164 jours. Peut-être SS 433 constitue-t-il le premier spécimen d'une nouvelle catégorie d'objets célestes.

Six cent mille milliards d'électronvolts

Le dépouillement des impacts enregistrés par les détecteurs franco-japonais placés à l'automne 1978 à bord d'un Concorde (Journal de l'année 1978-79) a fait découvrir, en octobre 1979, les traces d'un rayon cosmique de 600 000 GeV, le plus énergétique connu jusqu'ici. Les rayons cosmiques sont des électrons et des noyaux d'éléments divers, animés d'énergies qui peuvent être des millions de fois supérieures à celles qu'on obtient dans les accélérateurs.

On pense que, pour des énergies jusqu'à environ 9 GeV, ils ont leur source dans notre Galaxie ; pour des énergies très supérieures, ils viendraient d'autres galaxies. Comme ils sont déviés par les champs magnétiques de l'espace, c'est seulement pour les plus énergétiques, moins soumis à ces déviations, que la direction d'arrivée sur la Terre peut fournir une indication sur leur origine. Il est important aussi de connaître leur composition isotopique, qui donne leur âge. Les mécanismes d'accélération de ces particules, encore incertains, intéressent les théories générales sur la genèse de l'Univers.

Le 20 septembre 1979, le satellite américain HEAO-3 a emporté une expérience française montée à Saclay par Lydie Koch : un appareillage de 345 kg comprenant des compteurs de particules rapides, des réseaux de détecteurs de trajectoires et des analyseurs de composition isotopique.

Océanographie

Cyana explore le fossé hellénique

Depuis une douzaine d'années, la théorie de la tectonique des plaques a montré que la croûte océanique se renouvelle sans cesse. Elle se met en place dans les dorsales subocéaniques, puis, vieillie, elle disparaît dans les fossés océaniques (les zones de subduction), où une plaque plonge sous sa voisine. Plusieurs campagnes — notamment FAMOUS en 1973 et 1974 dans l'Atlantique (Journal de l'année 1978-79) — avaient permis l'exploration de dorsales, mais jamais encore un sous-marin n'avait plongé dans un fossé.

Du 19 août au 16 septembre, la soucoupe plongeante française Cyana a plongé à quinze reprises dans le fossé hellénique au cours de l'opération internationale Cyanheat (de Cyana et Hellenic Arc and Trench Program). C'était la première fois que des géophysiciens et des géologues étudiaient in situ une zone de subduction.

Glissement

Le fossé hellénique part du sud du Péloponnèse, contourne la Crète par le sud et remonte jusque vers l'île de Rhodes. Sa profondeur varie de 2 500 à 5 000 m, ce qui le met en partie à la portée de Cyana, qui peut descendre jusqu'à 3 000 m. Le fossé hellénique est la zone où la plaque Afrique glisse vers le nord-est et s'enfonce sous la plaque Eurasie à une vitesse moyenne de l'ordre de 4 centimètres par an. Le sens général du glissement avait été calculé à partir de l'étude des mécanismes au foyer (le mouvement initial des tremblements de terre) des séismes se produisant dans le fossé hellénique. Les observations ont confirmé le résultat des calculs : compression maximale dans la branche ouest, où le mouvement de la plaque Afrique est perpendiculaire au fossé ; glissement latéral des deux plaques dans la branche est, qui est presque parallèle au mouvement de la plaque Afrique.

Évaporites

Quant à la zone centrale, elle est caractérisée, sur son côté nord, par une très grande paroi d'un millier de mètres de haut, en marches d'escalier. Cette paroi semble faite d'évaporites (sel, anhydrite, gypse, calcaire dolomitique) déposées lors de l'assèchement final de la mer. Depuis les carottages effectués en 1970 et 1975, on sait que, sous les vases superficielles, le fond de la Méditerranée est tapissé par une couche d'un millier de mètres d'évaporites qui s'est déposée entre – 7 et – 8 millions d'années. Les évaporites étant plastiques, celles qui tapissaient la plaque Afrique seraient suffisamment comprimées pour remonter en fluant et constitueraient les collines qui boursouflent le fond du fossé et la paroi en marches d'escalier.