Au CNRS, le grade d'attaché de recherche correspond désormais à une période probatoire limitée à 4 ans, à l'issue de laquelle les attachés non promus au grade de chargés de recherche quittent l'organisme. L'âge de recrutement devant être en principe inférieur à 27 ans, les partants auront 32 ans maximum, alors que, dans le système antérieur, ils atteignaient souvent la quarantaine, ce qui rendait difficile leur réinsertion professionnelle.

Mobilité

D'autres dispositions visent à assurer la mobilité des chercheurs. L'attaché nommé chargé sera le plus souvent affecté à un autre laboratoire. Pour être plus tard promu maître de recherche, il devra avoir passé au moins 1 an dans un organisme public ou privé, français ou étranger, autre que celui dont il dépend ; ou encore avoir exercé des fonctions d'enseignement ou d'administration, ou avoir participé « à la création d'une nouvelle formation de recherche ».

Des mesures analogues touchent l'INSERM, où toutefois l'âge limite d'entrée est porté à 30 ans, et où 60 % des chargés seront recrutés directement parmi des chercheurs formés ailleurs, ce mode de recrutement latéral tenant une place plus modeste au CNRS.

Bien que levant en partie les objections soulevées par les chercheurs au cours de la longue préparation de la réforme, le nouveau statut laisse subsister des inquiétudes quant à la sécurité professionnelle des jeunes scientifiques et à la cohésion des équipes rodées à travailler dans un domaine déterminé.

Les pouvoirs publics y voient un stimulant à la créativité et, surtout pour l'INSERM, un moyen de combattre l'état d'esprit féodal qui livre parfois les jeunes chercheurs à l'exploitation des « patrons ». Quant à la création de nouveaux postes, elle demeure en fait fixée au taux annuel de 3 % adopté pour les années antérieures.

Un rayon d'espoir apparaît pourtant avec le dépôt, en juin, du projet de budget de la recherche civile pour 1981. En augmentation de 18 %, soit, compte tenu de l'inflation, une croissance réelle de 6 à 7 %, il permet d'envisager la création de 410 postes de chercheurs, dont 240 au CNRS, 55 à l'INSERM, et 38 à l'INRA, soit mieux que ne prévoyaient les décisions antérieures. La priorité semble avoir été accordée à la recherche fondamentale et appliquée sur les actions de développement.

Terre et espace

Astronautique

Les deux tirs d'Ariane : un succès, un échec

Les pays européens ont grand besoin d'un lanceur capable de mettre en orbite toute la gamme des satellites usuels, quelles que soient leurs orbites, en particulier les satellites de télécommunications. Le 24 décembre 1979, lors de son premier tir expérimental, la fusée Ariane avait placé sa charge utile dans l'orbite prévue. Auparavant, deux tentatives avaient eu lieu, les 15 et 23 décembre.

Le 23 mai 1980, tout est prêt pour le deuxième vol expérimental. Il ne sera pas long. Lancée à 16 h 35 mn 39 s, Ariane est détruite cent huit secondes plus tard. Un des moteurs du premier étage a présenté des baisses de pression qui se sont rapidement aggravées.

La tuyère a pris une position anormale, communiquant à l'ensemble de la fusée un roulis qui s'est achevé par la cassure du lanceur et le déclenchement automatique des systèmes d'autodestruction des trois étages. Il ne restait aux techniciens qu'à chercher la cause de l'échec, enfin expliqué fin juin : la plate-forme trop proche du sol qui avait servi pour le lanceur Europa était mal adaptée à Ariane, d'où de fortes vibrations qui ont détérioré l'injecteur et entravé le refroidissement de la tuyère jusqu'à provoquer une déchirure et un basculement de la fusée.

Le troisième lancement, prévu pour le début du mois de novembre 1980, ne semble pas, du moins à la veille de l'été, devoir être remis en cause.

Tant qu'ils ne disposent pas d'une fusée assez puissante, les Européens, pour lancer leurs engins, doivent s'adresser aux Américains. Or, ces derniers se sont toujours refusés à mettre sur orbite un satellite qui porterait atteinte à leur monopole de fait en Occident (depuis 1975, deux satellites Symphonie sont opérationnels sans que leurs légitimes propriétaires, la France et l'Allemagne, aient le droit de les exploiter commercialement) ou qui procurerait un avantage quelconque aux pays propriétaires (Journal de l'année 1974-75)