L'admiration laisse chez certains un petit arrière-goût d'inquiétude. Le cas échéant, une grosse fusée peut servir à d'autres applications que la recherche spatiale, la météorologie ou les télécommunications. À 36 000 km d'altitude, un satellite voit sur une étendue de 140°. Ainsi, le Sakura japonais a actuellement dans son champ une région qui s'étend du Pacifique occidental à la Nouvelle-Zélande, l'Australie, l'Indonésie, la Birmanie, le Tibet, la Chine, la Mongolie et la Corée.

Plus discrets sur leurs intentions, les Chinois ne chôment pas. Le 26 janvier 1978, ils en étaient à leur huitième satellite, qui était aussi le troisième parmi ceux qui ont été récupérés quelques jours après leur lancement. La maîtrise des techniques de récupération ouvre la porte aux deux applications majeures de la recherche spatiale : le satellite espion, qui photographie des installations militaires, des mouvements des forces terrestres ou maritimes, des nids de missiles, et qui ramène les photographies au sol ; les satellites habités, opération la plus prestigieuse, mais aussi la plus utile, et cela dans tous les domaines, tant civils que militaires.

Astronomie

Cinq anneaux autour d'Uranus

La planète géante Uranus, septième planète du système solaire dans l'ordre croissant des distances au Soleil, est entourée de cinq anneaux concentriques semblables à ceux qui enveloppent Saturne. Ils ont été découverts par trois astronomes de l'université Cornell, aux États-Unis, lorsqu'ils ont étudié les photographies qu'ils avaient prises eux-mêmes, en mars 1977, à 12 000 m d'altitude, à bord d'un avion équipé d'un télescope de 90 cm d'ouverture.

Uranus devait, le jour de cette observation, passer devant une petite étoile de la constellation de la Balance. Neuf minutes avant le moment prévu de l'occultation de l'étoile, celle-ci disparut pendant huit secondes, puis il y eut encore quatre disparitions et réapparitions successives avant l'occultation totale.

Et, lorsque Uranus, continuant son mouvement, a laissé réapparaître l'étoile de l'autre côté, on a assisté à cinq autres disparitions, exactement symétriques des premières. Cette symétrie ne peut pas s'expliquer autrement que par la présence d'anneaux. La découverte a été vérifiée par d'autres astronomes, en Australie et aussi en Inde. Les cinq anneaux se situent dans une zone comprise entre 18 000 et 25 000 km au-dessus des nuages qui enveloppent la planète. Leur largeur et leur épaisseur seraient de 10 km pour les quatre premiers et de 100 km pour le dernier. Ils sont donc bien plus étroits que les anneaux de Saturne, ce qui contribue à la difficulté de les observer. On en saura peut-être davantage lorsque la sonde spatiale Mariner-12 passera à proximité d'abord de Saturne, puis d'Uranus.

Herschel

La planète Uranus a été découverte il y a plus d'un siècle par sir William Herschel. À la suite de la découverte de ses anneaux par les astronomes américains, on a eu l'idée de fouiller les anciens comptes rendus de la Royal Society de Londres. On s'est aperçu que Herschel avait déjà entrevu les anneaux. Mais sa communication les présentait comme une hypothèse. Il craignait d'avoir été victime d'illusions d'optique. De plus, comme il construisait lui-même des télescopes de plus en plus puissants, il s'est trouvé qu'en les utilisant il a cessé de voir ces anneaux. Finalement, sa communication à la Royal Society est une sorte de rectification. Il mentionne qu'il avait cru découvrir les anneaux, mais il est maintenant persuadé que ces anneaux n'existent pas.

En relisant les observations successives de Herschel, on croit comprendre ce qui s'est passé. Lorsqu'il s'est servi de ses premiers télescopes, il ne vit pas d'anneaux. C'est après, avec des instruments de puissance moyenne, qu'il les distingua. Mais, ensuite, plus les miroirs étaient grands, plus ils collectaient de lumière, et plus le disque apparent de la planète diffusait une luminosité propre qui effaçait complètement toute possibilité d'apercevoir les anneaux. Si ceux-ci ont été retrouvés en 1977, ce n'est pas avec un instrument placé à la surface de la Terre, mais à bord d'un avion où, dans une atmosphère moins dense, cet effet se faisait moins sentir.