La période de Noël est pour FR3 l'occasion de proposer à ses téléspectateurs un cadeau devenu traditionnel : le sourire d'Anne Lefébure, la présentatrice de la chaîne, la voix sans visage qui donne à FR3 un peu de ce charme dont manque cette mécanique bien huilée, mais un peu froide.

Radio

L'audience des stations augmente, les radios libres se multiplient

Au marché des programmes de radio, cette année encore, le client est roi. Non pas tant pour la qualité de ce qu'on lui donne à entendre. Mais plutôt pour l'adéquation du produit proposé à ses goûts les plus commerciaux ou présumés tels. Il ne s'agit pas tant de créer que de vendre. Le CESP fait la loi. Lorsque tombe le couperet des sondages, dans chaque station, on analyse, on mesure, on suppute.

Le palmarès des stations

Europe 1, en audience cumulée à la journée (nombre d'auditeurs ayant écouté au moins une fois les programmes dans une journée), obtient en octobre 1977 23,1 % contre 22,7 % pour RTL, 18 % France-Inter, et 11,7 % RMC. En mars 1978, c'est RTL qui prend la tête, avec 25,1 %, devant Europe 1, 24,4 %, France-Inter, 19,3 %, et RMC, 12,1 %. La moyenne de l'écoute pour toutes les radios passe de 63,9 % à 69,1 %. Quant à l'estimation en 1978 de l'auditoire par quart d'heure moyen, elle marque également une progression par rapport à 1977 : RTL, 4,1 % d'écoute contre 3,3 % ; Europe 1, 3,8 % contre 2,5 % ; France-Inter, 1,9 % contre 1,7 % ; RMC, 1,7 % contre 1,6 %. RTL, dans les premiers pourcentages établis pour l'année 1978, se place en tête de toutes les stations.

Aménagements

Assez souvent, les résultats du dernier sondage motivent, dans chaque station, un aménagement des programmes. Curieusement, RTL échappe à cette mode. Europe 1, en revanche, aménage à diverses reprises ses programmes. L'histoire d'un jour, reconstitution radiophonique d'une journée ayant fait date dans l'histoire des cinquante dernières années, remporte un vif succès les samedis après-midi ; elle devient même quotidienne à partir du 1er août 1977.

Grâce à quelques valeurs sûres à la Bourse de l'animation-spectacle – Coluche pour les après-midi, Stéphane Collaro pour les matinées –, Europe 1 décide de jouer la détente et la bonne humeur.

Quelques coups bien sentis également. Le carnaval des carnavals invite des troupes folkloriques étrangères à danser dans les rues de Paris et à naviguer sur la Seine (25 juin 1977, reprise le 17 juin 1978).

Le 31 décembre, comme l'année précédente, le Jour de l'an aux quatre coins du monde envoie aux auditeurs, pendant 24 heures, des cartes de vœux des différents fuseaux horaires. Enfin, les Olympiades d'Europe 1, fête de la station à l'étranger, veulent apporter à l'auditeur un vent frais du dépaysement et de détente ; elles ont eu lieu en mai 1977 à Marrakech, en mai 1978 en Grèce.

À noter enfin qu'avec ses Club de la presse Europe 1 se taille une jolie place dans la course à l'audience politique lors de la campagne pour les élections législatives de mars 1978.

Surprise sur France-Inter au printemps 1978. Pierre Wiehn, directeur de la station, et contrairement aux habitudes de prudence de Radio-France, bouleverse l'ordonnance de ses programmes. Est-ce, malgré le peu d'emprise de la publicité sur Radio-France, le signe d'une sensibilité nouvelle aux chiffres du CESP ? Pierre Wiehn affirme publiquement qu'il n'en est rien. Toujours est-il que les émissions valsent sur la grille des programmes. Avec, néanmoins, une belle stabilité dans le choix des animateurs.

Macha, Frantz Priolet, Michel Touret se partagent toujours la nuit. Jacques Paugam conserve la tranche de 7 à 9 h du matin. Gérard Holtz, transfuge d'Antenne 2 et seul nouveau sur la chaîne, prend le micro pour la matinée des ménagères, avec l'appui d'Evelyne Syllerot, Françoise Dolto et de consommatrices avisées. José Artur abandonne le Pop club et anime les débuts d'après-midi, Jacques Chancel et sa Radioscopie prennent place à 16 h. Pierre Bouteiller transporte son magazine de 22 h à 24 h.

Bulles sur les ondes

Cette réorganisation – qui est loin d'être une réussite, dit-on au début de l'été – est l'occasion de rayer de la carte des programmes Anne Gaillard et son fameux magazine de la consommation. Officiant depuis plus de trois ans sur France-Inter avec la vivacité que l'on sait, Anne Gaillard finissait par déranger. Quelques faux pas, quelques procès – dont celui que Simone Signoret lui intente pour calomnie à l'antenne –, quelques inimitiés bien placées valent à Madame Consommation de disparaître des programmes radio.