Ce fait divers remet en cause des composants utilisés dans la production d'herbicides pour le débroussaillage des forêts : en l'occurrence, le coupable est la 2, 3, 7, 8 tétrachloro-dibenzo-dioxine (TCDD), communément appelée dioxine, qui appartient à la famille des chloro-dioxines, formées par pyrolyse alcaline des chlorophénols.

Des accidents semblables s'étaient déjà produits à Bolsover, en Angleterre, et en Allemagne, où des ouvriers employés à la synthèse du trichlorophénol et, parfois, leurs proches avaient été intoxiqués par le produit.

Expérimentalement, la dioxine entraîne, à faibles doses, une perte de poids chez le cobaye et le rat. Elle peut également provoquer une atrophie lymphatique et thymique, des ulcérations digestives et une nécrose hépatique. Chez le poulet, la dioxine provoque un hydropéricarde (accumulation de sérosités dans l'enveloppe du cœur) ; en 1957, aux États-Unis, la contamination de graines alimentaires avait ainsi tué plusieurs millions de poulets d'élevage. D'autre part, la dioxine semble douée d'un pouvoir tératogène (qui favorise la naissance de monstres) chez le rat et le hamster ; enfin, elle est peut-être cancérogène pour le foie.

Chez l'homme, des auteurs vietnamiens ont dénoncé, parmi les conséquences des offensives de défoliation menées par les Américains pendant la guerre du Viêt-nam, la possibilité d'une action abortive chez les femmes enceintes et d'une augmentation du taux des enfants mort-nés chez les femmes au contact de la dioxine pendant leur grossesse.

Conclusion des spécialistes : quoique la toxicité à long terme de la dioxine ne soit pas formellement démontrée chez l'homme, des précautions très rigoureuses sont nécessaires à l'endroit de ce produit.

Médecine-Chirurgie

Maladies cardiovasculaires : de la prostacycline au facteur de moindre coagulation

Au cours d'un symposium international consacré aux prostaglandines, deux chercheurs travaillant dans des laboratoires privés de spécialités pharmaceutiques, Roy A. Jonhson (Upjohn) et John Vane (Wellcome), annoncent simultanément qu'ils ont isolé et identifié, à partir d'enzymes de la paroi artérielle humaine, une prostaglandine nouvelle, baptisée PGX, ou prostacycline (Santa Monica, Californie, décembre 1976).

Thromboses

Cette substance jouerait un rôle déterminant dans la formation du caillot sanguin, qui est considéré comme le facteur principal des thromboses coronariennes.

En bref, on sait que dans le bouchage des vaisseaux sanguins, plusieurs facteurs jouent : des dépôts lipidiques (le plus souvent de cholestérol), une altération de la paroi, une agrégation des plaquettes (éléments figurés du sang) conduisent finalement à la formation des caillots qui s'opposent à la libre circulation sanguine et provoquent les accidents que l'on sait, les infarctus au premier rang.

Or, il semble que l'organisme possède un système de défense naturel qui, en temps normal, s'oppose à la formation du caillot : ce système, c'est la prostacycline découverte par Vane et Jonhson. Deux situations peuvent se présenter :
– la paroi artérielle du sujet est saine. Elle libère de la prostacycline qui empêche les plaquettes sanguines de s'agréger et de se fixer à la surface interne de l'artère. Cette substance antiagrégeante exerce donc une action protectrice contre la thrombose vasculaire ;
– quand, en revanche, la paroi artérielle porte une lésion, il n'y a plus formation de prostacycline, et les plaquettes peuvent s'agréger et se fixer sur la lésion, induisant, à cet endroit, la formation d'un caillot à partir du sang circulant.

Synthèse

Tel est le schéma théorique de l'action de la prostacycline. Son étude est néanmoins rendue très difficile par le fait qu'elle est très instable et que son dosage in vivo soulève de nombreuses difficultés.

L'instabilité oriente les chercheurs vers la mise au point d'analogues synthétiques, possédant les propriétés pharmacologiques de la substance naturelle, mais plus stables.

Selon John Vane lui-même, un tel produit pourrait être mis à la disposition du public vers 1980, après l'achèvement des recherches nécessaires sur l'innocuité, l'efficacité et la tolérance qu'on est en droit d'attendre d'une prostacycline synthétique pour le traitement des maladies cardiovasculaires. Pourrait-elle être utilisée à titre préventif ? C'est l'espoir du professeur Éric Horton (Édimbourg), mais, dans cette perspective, il faudrait doser la prostacycline naturelle chez les sujets éventuellement menacés, dosage qui paraît impossible à l'heure actuelle. Nous saurons dans peu d'années si la prostacycline est destinée à entrer dans l'arsenal des médicaments cardiovasculaires.

Africains

C'est une tout autre voie de recherches que proposent les chercheurs de l'Institut ivoirien de cardiologie, inauguré à Abidjan en novembre 1976. Elle aboutit, en février 1977, à un protocole entre l'OMS, la Société européenne de cardiologie, la Faculté de médecine de Bordeaux et celle d'Abidjan.