Bourse

Vers la reprise de l'économie

Le milieu de l'année 1975 marque un tournant pour la Bourse de Paris, qui retrouve un second souffle. Après avoir gagné près de 35 % pendant les quatre premiers mois de l'année, les cours ont en effet consolidé cette avance en mai et en juin, où l'indice général de la Compagnie des agents de change est revenu de 79,6 aux alentours de 70 (base 100 fin 1961), niveau encore supérieur de 18 % à celui du début de l'année.

Relance

La perspective de nouvelles mesures de relance en septembre 1975 favorise un certain redressement des coursa partir de l'été, redressement d'ailleurs traditionnel en cette période creuse des vacances. Le dollar se raffermit après être tombé fin juin juste au-dessous de 4 F, le taux de l'argent au jour le jour baisse au-dessous de 7 %, le deuxième acompte est supprimé au titre du prélèvement conjoncturel, certaines mesures sont prises en faveur des travaux publics. Autant d'éléments qui justifient cette amélioration de la cote sous la conduite de quelques valeurs vedettes, comme Dumez, qui annonce déjà une forte croissance de son chiffre d'affaires en 1975 et 1976.

Les magasins sont également mieux disposés dans l'espoir de mesures de relance de la consommation. Cela compense l'influence négative des rumeurs de fusion entre Elf-Erap et les Pétroles d'Aquitaine et d'éventuels licenciements à l'automne chez Poclain.

Les décisions prises par le conseil interministériel du 6 août 1975 en matière nucléaire retiennent l'attention, car elles consacrent le leadership de Creusot-Loire et Framatome pour la construction des centrales. La CGE fait figure de parent pauvre en ne restant en lice que par le biais de sa filiale Alsthom, dont le rôle est confirmé, aux côtés de la Compagnie électromécanique, dans le domaine des turboalternateurs.

L'intérêt se porte également sur les secteurs de l'assurance, de l'hôtellerie, de l'édition. Les déboires immobiliers de La Paternelle conduisent les Assurances du groupe de Paris à offrir l'échange des actions Paternelle contre des actions AGP (la fille succédant ainsi à la mère à la direction du groupe) ; Jacques Borel International offre l'échange de leurs titres aux actionnaires de Sofitel ; Hachette enfin réduit de 40 à quelque 12 % ses intérêts dans Femmes d'aujourd'hui, dont les résultats ne cessent de décevoir.

FMI

Marquant une pause et même un certain retrait de la cote, septembre s'ouvre sur l'accord des cinq (USA, Grande- Bretagne, France, Allemagne, Japon) en lever de rideau de l'assemblée du Fonds monétaire international. Cet accord abolit le prix officiel de l'or de 42,22 dollars l'once et prévoit notamment la vente sur le marché du sixième des stocks du FMI au bénéfice des pays en voie de développement. Il en résulte une chute immédiate des cours du métal précieux, qui inquiète d'autant plus que le Français est grand thésauriseur. Le lingot est touché, les pièces également, aussi bien que les mines sud-africaines et l'emprunt 4 1/2 % 1973 indexé sur le napoléon.

La présentation du plan de relance tant attendu et la baisse de 9,5 à 8 % du taux de l'escompte sont là pour compenser. La Bourse, qui avait anticipé ces mesures depuis deux mois, se montre réservée, tout en admettant que le plan est plausible et même plus ambitieux qu'escompté. Le secteur du bâtiment et des travaux publics y est privilégié, les magasins aussi grâce à l'effort fait en faveur des personnes âgées et des enfants et grâce à l'assouplissement du crédit. Dans un marché étroit, les ventes de l'étranger pèsent sur les cours et traduisent la défiance certaine qu'inspire le franc, devant la baisse du taux de l'argent et l'ampleur du déficit budgétaire prévu.

L'abaissement de 11 à 2 % du coefficient des réserves obligatoires des banques sur les dépôts à vue favorise les établissements de dépôts, mais l'évolution de la situation de l'emploi et les premiers résultats du semestre 1975 incitent en même temps à la réserve. Il s'agit de données antérieures à la reprise économique dont les premiers signes se manifestent çà et là. Elles n'en inquiètent pas moins quand Rhône-Poulenc, Usinor et même Pechiney-Ugine-Kuhlmann annoncent qu'ils ne pourront assurer normalement leurs amortissements, quand Carrefour et Casino présentent des chiffres décevants, quand la Générale de fonderie et Saunier-Duval font état de pertes importantes, quand l'industrie du bois prévoit des résultats catastrophiques.

Animation

L'industrie automobile repart, en revanche, très nettement ; quelques affaires insensibles à la crise inscrivent des cours records (Dumez, Maisons Phénix, Matra, Française de l'Afrique occidentale) et les opérations financières se multiplient : rapprochement d'Arthur-Martin et d'Electrolux, absorption de Cofimer et Cégépar par Paribas, regroupement de Forclum et Trindel, offre d'échange de Pernod-Ricard aux actionnaires de Cusenier et des Distilleries réunies, prise de contrôle, après une bataille épique, de la firme américaine Copperweld par Imétal.