D'autres cérémonies solennelles marquent le 100e anniversaire de l'importante communauté juive d'Anvers. Enfin, en Argentine, dans un lourd climat d'insécurité teinté d'antisémitisme, la communauté juive célèbre avec éclat le centenaire de l'installation des premières colonies agricoles juives en Argentine par le baron Maurice de Hirsch.

Deux importants congrès se sont déroulés à Jérusalem. Le premier, celui dit des Leaders juifs, consacré à l'étude des moyens d'action à mettre en œuvre pour faire face aux divers dangers qui pèsent actuellement sur les juifs dans le monde. Le second a réuni des représentants des juifs originaires d'Afrique du Nord, qui entendent se regrouper en Fédération mondiale pour promouvoir leur culture propre et défendre leurs droits spécifiques en Israël comme dans la Diaspora.

Les représentants de toutes les communautés juives ayant existé dans les pays arabes, l'OJAC (Organisation of Jews of Arab Countries), se sont réunis à Paris. Ce congrès s'inscrit dans le contexte du conflit du Proche-Orient. Il a attiré l'attention de l'opinion publique sur la question du transfert des populations. Le problème des juifs qui, pour des causes diverses, sont obligés de quitter leur patrie du Maghreb et du Proche-Orient est semblable à celui des réfugiés palestiniens. Le congrès a également demandé des réparations pour les spoliations subies par les juifs dans les pays arabes.

Les lieux saints

Deux polémiques importantes se produisent en Israël :
– l'établissement par le grand rabbin de listes noires où figurent les personnes impropres au mariage de par la loi religieuse, un problème propre à un pays où l'état civil est exclusivement régi par le droit rabbinique ;
– la revendication de quelques groupes juifs de prier sur le parvis de la mosquée d'Omar, qui nécessite une réunion du Conseil de sécurité. L'événement prend un caractère international. La mosquée d'Omar, lieu saint musulman, est aussi, pour les juifs, l'endroit où s'élevait jadis le Temple de Jérusalem. En règle générale, les juifs religieux s'abstiennent de fouler ce lieu saint dont une partie, au temps de la Bible, était interdite aux profanes et réservée aux prêtres. La revendication de quelques minoritaires, d'abord rejetée par le gouvernement puis acceptée par un tribunal, provoque de graves désordres parmi la population arabe.

France

Le jour de la rentrée scolaire coïncidant avec le Yom Kippour (le jour du Pardon), les enseignants et élèves juifs demandent en vain un aménagement particulier auprès du ministre de l'Éducation nationale. Le grand rabbin de France, Jacob Kaplan, a fêté son jubilé cette année et y a été à la fois à la peine et à l'honneur. D'une part, il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur (c'est la première fois qu'une pareille dignité est conférée au chef spirituel du judaïsme français). Il publie également un recueil de textes et de discours, Le judaïsme français et le sionisme, qui illustre l'évolution de la communauté française face aux problèmes posés depuis la fin du XIXe siècle par le sionisme politique. D'autre part, le grand rabbin est la cible d'un attentat terroriste (une bombe explose devant la porte de son appartement), auquel il échappe. Cet acte de terrorisme suscite une profonde émotion dans la communauté juive. La synagogue Rashi, à Paris (IXe arrond.), est gravement endommagée à la suite d'un autre attentat.

Au chapitre des relations judéo-chrétiennes, la participation d'une représentation du Vatican à la conférence de Tripoli, où sont adoptées des résolutions anti-israéliennes, donne lieu à une violente polémique. Les autorités pontificales désavouent quelque peu leurs représentants, mais le climat entre le Vatican et les autorités religieuses juives semble se détériorer. Cela alors même que pour la première fois paraît une traduction française des Évangiles faite par un juif engagé. André Chouraqui, qui achève ainsi sa remarquable traduction de la Bible.

Orthodoxes

Année calme pour le monde orthodoxe. On ne parle plus guère de la préparation du futur grand concile de toute l'orthodoxie (Journal de l'année 1970-71 et 1971-72). Au point qu'on peut se demander si ce grand dessein né de l'impatience œcuménique du patriarche Athénagoras n'est pas mort avec lui, sans être parvenu à maturité.

Grèce

L'Église de Grèce semble avoir fait taire les multiples querelles qui la divisaient. Sans doute y a-t-elle été fortement encouragée par le gouvernement démocratique de Constantin Caramanlis. Peu soucieux de se faire des ennemis en arbitrant des querelles ecclésiastiques, ce dernier détiendrait un efficace moyen de pression sur la hiérarchie de l'Église s'il s'avisait d'évoquer publiquement son comportement sous le régime des Colonels. Les évêques en sont certainement conscients.