En décembre 1975, Paul VI choisit le cardinal Jan Willebrands, qui devient ainsi primat de Hollande. Le cardinal Willebrands, âgé de 66 ans, était à Rome président du secrétariat pour l'Unité des chrétiens, fonction qu'il conserve. Il avait, au Concile, contribué à la préparation des textes sur l'œcuménisme, la liberté religieuse et les religions non chrétiennes. Sa nomination est bien accueillie par la majorité des catholiques hollandais, qui éprouvent le sentiment d'avoir été compris au Vatican.

Chili

Les relations entre l'Église et l'État se dégradent chaque jour davantage. Le 6 novembre 1975, le commentateur habituel de la Télévision nationale chilienne, Jaime Guzman, dénonce violemment la participation de prêtres et de religieuses à des activités terroristes. Le 9, une longue déclaration de l'archevêché de Santiago voit dans ces attaques « une rage et même une effronterie ». Mais c'est l'affaire du comité Pro paz (pour la paix) qui provoque les plus vifs remous. Ce comité, qui unit les Églises catholique, luthérienne et méthodiste ainsi que la communauté israélite, a été créé après le renversement du gouvernement Allende pour venir en aide aux victimes des événements (assistance juridique aux accusés, aide à leurs familles, etc.). Dans une lettre au cardinal Silva Henriquez, archevêque de Santiago, datée du 11 novembre, le général A. Pinochet lui demande de dissoudre ce comité : celui-ci, explique-t-il, « est un moyen dont se servent les marxistes-léninistes pour créer des problèmes qui nuisent à la tranquillité des citoyens ». Les responsables des Églises s'inclinent, mais ils protestent vigoureusement, et ils demandent que les juridictions civiles retrouvent leurs compétences antérieures. Pour venir en aide aux prisonniers politiques, aux chômeurs et à leurs familles, la hiérarchie catholique crée, en janvier 1976, un « vicariat de solidarité ».

Protestants

Le protestantisme mondial a été relativement discret durant l'année 1975-76. L'essentiel de son activité a été lié aux relations œcuméniques.

Identité

Les principales préoccupations du protestantisme ont été, précisément, la recherche de ce qu'il est devenu aujourd'hui, cinq siècles après la Réforme, dans le concert œcuménique. C'est-à-dire la quête de sa propre identité. Cette quête n'est sans doute pas propre au seul protestantisme. C'est vrai des autres confessions chrétiennes ou religions, mais, aussi des différentes idéologies, étant donné la radicalité de la rupture de civilisation actuelle.

Contrairement au catholicisme ou à l'orthodoxie, un certain nombre de protestants en sont arrivés à se demander si leurs Églises ou communautés, issues du XVIe siècle, n'auront pas été une parenthèse, salutaire, certes, mais une parenthèse quand même de l'histoire de l'Église, qui pourrait bien être refermée prochainement. Cette quête d'identité s'est manifestée par de sérieuses réflexions théologiques, éthiques et sociologiques, et par des prises de position nationales. Elle a cependant été motivée aussi par une participation du protestantisme à l'inquiétude générale ; le thème du Kirchentag allemand de Francfort-sur-le-Main : Dans l'angoisse et pourtant nous vivons, est symbolique.

Une autre préoccupation est le retour du protestantisme à l'essentiel de la foi et de la mission de l'Église. C'est ainsi qu'on a vu de nombreux synodes réformés ou luthériens, plusieurs assemblées baptistes ou méthodistes, comme le Synode national de l'Église réformée de France, s'interroger, pour la seconde année consécutive, sur le comment de La transmission de l'Évangile. Or, cette vocation missionnaire de l'Église est non seulement sa vocation première, mais elle ne saurait être entreprise qu'à partir d'un dépôt fondamental de la foi qu'il n'est possible de redécouvrir que dans une lecture communautaire renouvelée de l'Écriture sainte. Et, phénomène extraordinaire, toutes les confessions chrétiennes, comme tous les mouvements tels que le charismatisme ou le pentecôtisme, ont entrepris la même démarche.