Les gagnants d'un tel concours ne sont-ils pas des êtres hors série, à qui il serait profitable d'assurer, dès le début de la scolarité, un enseignement sur mesure ?

Fétichisme

À la question ainsi posée, nombre de pédagogues et de spécialistes des sciences humaines répondent négativement. Ils dénoncent ce qu'ils appellent le fétichisme du QI. L'intelligence n'est pas une quantité mesurable : il est diverses sortes d'intelligence. Les tests en usage ne font qu'évaluer l'adaptation du sujet aux valeurs culturelles dominantes dans un état donné de la société. En les prenant pour critères d'une véritable ségrégation scolaire, on cristalliserait une hiérarchie tendant à une société figée et totalitaire. En outre, l'intelligence mesurée ne permet nullement de préjuger de l'avenir d'un individu : tel lycéen brillant se trouve plus tard rattrapé par d'autres qui, dans l'enfance, ne semblaient pas témoigner de dons particuliers. L'argument tiré des Olympiades de mathématiques est aisément réfuté : leurs inventeurs ne visent nullement à parquer les lauréats dans des classes spéciales, mais seulement à les accueillir sans problèmes dans l'enseignement supérieur.

L'objection la plus grave faite aux champions d'un superenseignement est sans doute que leur projet conduit à masquer les défauts trop réels de notre système pédagogique. Selon Albert Jacquard, professeur à l'Institut d'anthropologie de l'université de Genève, s'il est vrai que notre système d'éducation laisse perdre sans profit la richesse qu'apporterait un meilleur développement de l'intelligence, la part des surdoués dans cette perte est infime.

Techniques

Énergie

Le nucléaire : croissance ralentie

L'énergie nucléaire dans le monde continue à donner l'impression d'avancer en reculant. Le nombre de centrales nucléaires en fonctionnement augmente progressivement, et leurs performances, leurs facteurs de charge, se comparent en fin de compte favorablement à ceux des centrales classiques à charbon ou au fuel. En revanche, le nombre de commandes de nouvelles centrales a fortement diminué, notamment aux États-Unis (5 centrales seulement commandées en 1975, contre 28 en moyenne au cours des cinq années précédentes), et les annulations de commandes ont continué (environ 20 000 MWé en 1975 et 120 000 MWé en 1974 aux USA), à cause de la récession mondiale et de la révision en baisse de la plupart des programmes de développement électrique.

De plus, certaines phases essentielles du cycle des combustibles sont toujours dans la plus grande incertitude, entre autres le recyclage des combustibles irradiés des réacteurs à eau légère, pour lequel il n'existe pas aujourd'hui dans le monde une seule usine commerciale en fonctionnement (et il n'y en aura peut-être pas avant plusieurs années). Les coûts des centrales ont continué à augmenter fortement, et l'opinion publique, enfin, tant aux États-Unis que dans de nombreux pays non socialistes (Suède, Suisse, Allemagne de l'Ouest, Japon, etc.), ne désarme pas dans ses préventions à l'égard du nucléaire.

Eau légère

La puissance nucléaire électrique totale installée dans ces pays au 31 décembre 1975 était de 71 960 MWé et, en projet, de 303 405 MWé, portant le total à 375 365 MWé. Si on analyse ces statistiques en détail, ce qui frappe évidemment est le triomphe des réacteurs à eau légère, avec un peu plus de 89 % du total. De plus en plus, d'ailleurs, ce triomphe se fait au bénéfice des réacteurs à eau sous pression (PWR) et au détriment des réacteurs à eau bouillante (BWR) type General Electric (en France, les options pour des réacteurs de ce type ont finalement été annulées). Au 31 décembre 1975, il y avait 34 704 MWé de puissance installée en PWR, contre 22 199 MWé en BWR (rapport 1,56) et 193 870 MWé PWR en commande, contre 84 168 MWé BWR (rapport 2,30).

On peut aussi, dans ces statistiques, noter le rôle encore très faible des réacteurs de l'avenir, les surgénérateurs rapides refroidis au sodium : 583 MWé installés (dont Phénix, de 250 MWé, à Marcoule), et 1 822 MWé en commande ou en projet ferme (dont Super-Phénix, de 1 200 MWé, à Creys-Malville), soit 0,6 % du total installé ou en projet.

Prix

Les États-Unis restent naturellement en tête du peloton nucléaire, tant pour les réalisations, pourrait-on dire, que pour les problèmes. Au début mars 1976, il y avait 59 réacteurs en fonctionnement (40 792 MWé installés, représentant environ 8,2 % de la capacité électrique totale du pays), 84 réacteurs en construction (pour 87 422 MWé) et 85 réacteurs en commande ou en option (pour 97 975 MWé), soit un total de 228 réacteurs et 226 189 MWé.