Ainsi, pour l'ensemble de l'année 1976, sur les 21 lancements programmés, il n'y aura que 3 engins appartenant à la NASA. Les autres se répartissent ainsi : 3 pour des pays étrangers, 2 pour l'OTAN, 2 pour les militaires, 1 pour les services météorologiques et 10 pour des entreprises commerciales.

URSS

C'est toujours le plein-emploi des hommes et du matériel. À défaut d'un calendrier que l'Académie des sciences soviétique n'a pas pour habitude de publier, on constate que les vols de vaisseaux spatiaux se poursuivent, ainsi que les salves de satellites Cosmos (le premier de notre année, lancé le 3 juillet 1975, portait le no 748 ; le dernier, satellisé le 24 juin 1976, est le 834e de la série).

Parmi ces engins, qui couvrent toutes sortes d'applications, des satellites biologiques témoignent de recherches méthodiques en vue de la grande astronautique de demain, celle qui verra l'homme travailler dans des bases semi-permanentes sur la Lune ou qui le conduira, dans un avenir moins proche, à entreprendre l'exploration des principales planètes.

La grande nouveauté de l'activité spatiale soviétique est sans doute l'installation sur une orbite équatoriale d'un satellite de télécommunications géostationnaire (c'est-à-dire tournant à la même vitesse angulaire que le globe terrestre, et restant constamment au-dessus d'un même point de la surface terrestre, comme s'il se trouvait installé au sommet d'une tour haute de 36 000 km).

Le réseau de télécommunications soviétique était jusqu'alors constitué par un certain nombre de Molniya (Journal de l'année 1967-68). Ces satellites, solution élégante et économique aux problèmes particuliers des télécommunications en URSS, font le tour de la Terre en 12 heures, mais en décrivant une orbite très allongée et conçue en sorte que l'engin survole l'hémisphère Sud très vite (parce qu'il descend alors jusqu'à 500 km), puis s'éloigne considérablement (à 40 000 km au-dessus de l'URSS).

Ainsi le satellite reste 8 heures en vue du territoire soviétique, ce qui, en disposant de 3 Molniya équidistants, permet d'assurer un service continu 24 heures sur 24.

Statsionar

Avec la mise en orbite équatoriale de leur satellite Radouga (Arc-en-ciel) le 22 décembre 1975, les Soviétiques ont commencé à mettre en place les éléments d'un programme beaucoup plus ambitieux : le réseau mondial de télécommunications Statsionar (pour satellite stationnaire). Celui-ci comportera, autour du globe, d'abord 3 puis 10 satellites, qui mettront fin au monopole de fait dont (sous le couvert de l'organisation internationale INTELSAT) jouissent les Américains (Journal de l'année 1966-67).

Pour le tiers monde, les Statsionar présenteront un double avantage : d'une part les tarifs d'utilisation des canaux seront sensiblement inférieurs à ceux du réseau Intelsat, surtout parce que les satellites soviétiques sont beaucoup moins coûteux que les américains et plus aisément amortissables : de plus, les marges bénéficiaires seront elles aussi inférieures.

En URSS, un même organisme conçoit, construit, lance et exploite les satellites, alors que pour l'INTELSAT on doit prévoir des bénéfices pour le constructeur du satellite et celui du lanceur, pour la NASA (qui vend la fusée et la lance), la COMSAT (entreprise privée qui exploite les satellites) et l'INTELSAT, organisme international auquel appartient le réseau.

Autre atout : le Statsionar est pourvu de larges panneaux de photopiles et d'un dispositif qui les maintient constamment orientés vers le Soleil ; sa source d'énergie est donc beaucoup plus intense que celle des satellites Intelsat dépourvus de panneaux.

Les émissions des satellites soviétiques sont donc beaucoup plus puissantes et l'on peut se contenter au sol d'une antenne relativement modeste (7 m de diamètre), montée en quelques jours, alors que les stations du système Intelsat ont d'énormes antennes (une trentaine de mètres) pourvues d'équipements complexes, le tout étant très coûteux.

Essor

Le lancement du Statsionar s'inscrit dans un vaste mouvement mondial qui voit l'essor des télécommunications via satellite, comme le prouve ce rapide compte rendu des événements de l'année 1975-76 :
– début juillet, on annonce que l'un des deux Symphonie franco-allemands sera mis quelque temps à la disposition de l'Inde pour une période d'essais ;
– le 16, INTELSAT lance un programme de 7 satellites d'un type nouveau, le tout pour 2 milliards de francs ;
– TELSPACE (Thomson-CSF-CGE) devient le premier constructeur européen de stations terrestres de télécommunications par satellite : 28 stations en service ou commandées par une dizaine de pays ;
– le 26 août, Symphonie 2 est lancé au Cap Canaveral par une fusée américaine ;
– le 2 septembre, lancement par les Soviétiques d'un Molniya 1, suivi, le 9, d'un Molniya 2 ;
– le 25, mise en orbite de l'Intelsat 4 A ;
– en décembre, l'Agence spatiale européenne passe un contrat pour l'étude d'un satellite assez puissant (2 kW) pour que des émissions de télévision en couleurs puissent être reçues directement par les téléviseurs munis d'un antenne de 75 cm de diamètre ;
– le 12, lancement de Satcom 1, satellite de télécommunications propriété d'une entreprise, la RCA, qui doit l'exploiter sur le territoire américain. Investissements : 10 millions de dollars ; bénéfices escomptés pour 1980 : 400 millions de dollars !
– le 18, un Molniya 2 est lancé, suivi dans l'espace, le 28, par un Molniya 3 ;
– la NASA annonce que, sur 21 lancements de satellites prévus en 1976, les deux tiers seront des satellites de télécommunications ;
– au cours du premier semestre 1976 sont lancés tour à tour : un Molniya 1, le 2e Intelsat IV A, le 2e Satcom, deux Molniya 1, le 5e Molniya 3 et Comstar 1, premier d'une nouvelle série de satellites domestiques prévus pour assurer des liaisons à l'intérieur des États-Unis.

Terre et astronomie

L'observatoire des rayons gamma

La NASA, le 9 août 1975, a placé en orbite autour de la Terre, depuis la base de Vanderberg en Californie, le premier observatoire d'astronomie gamma réalisé par l'Agence spatiale européenne. Sa mission est d'explorer les objets célestes émetteurs de rayons gamma : étoiles, pulsars et galaxies. COS-B détecte les fluctuations temporelles du rayonnement gamma avec une précision qui n'avait jamais été atteinte jusqu'ici.