Une sélection plus stricte des communications publiées dans les comptes rendus de l'Académie doit rendre à ceux-ci une crédibilité qu'ils ont quelque peu perdue, notamment à l'étranger. Une Académie rénovée retrouverait une influence réelle comme conseiller du gouvernement, avec cet avantage que ses membres, continuant d'être cooptés et non nommés par l'État, comme ceux des autres organismes administratifs, jouiraient d'une plus grande indépendance. Bien qu'acceptée dans son principe, la reforme rencontre, au sein de l'Académie, des résistances qui retardent la publication des décrets d'application.

Terre et espace

Astronautique

Première mission américano-soviétique, le vol commun « Soyouz-Apollo »

Événement sans précédent dans les annales de l'astronautique, le vol commun Soyouz-Apollo, préparé minutieusement depuis plusieurs années, a connu un succès complet, au sol comme dans l'espace. Pourquoi au sol ? Parce que jamais auparavant, en astronautique comme dans tout autre domaine, Américains et Soviétiques n'avaient fait preuve d'une aussi bonne entente.

Dans un esprit de camaraderie, de confiance et de bonne humeur, les hommes des deux grandes puissances de l'astronautique ont ouvert grandes les portes de leurs centres spatiaux à leurs partenaires ; stages et visites se sont multipliés ; les Soviétiques ont appris l'anglais (700 heures de cours) et les Américains sont parvenus à s'exprimer en russe.

Des liasses de plans ont été sorties des archives secrètes, et les Américains ont pu en apprendre autant sur le Soyouz et son lanceur que leurs confrères soviétiques.

Les deux vaisseaux

Le poids d'Apollo au lancement est de 14,8 t :
cabine : 5 944 kg
module de jonction : 2 012 kg
module de service : 6 787 kg

Remarquablement léger, Soyouz, qui a, outre la cabine, un compartiment habitable, pèse 6,6 t :
cabine : 2 802 kg
compartiment orbital : 1 224 kg
module de service : 2 564 kg

Les Américains, qui utilisent le matériel excédentaire disponible depuis l'annulation des dernières missions lunaires, disposent pour ce vol commun d'un vaisseau surdimensionné. On lui adjoint le module de jonction, sorte de sas tubulaire fixé par une extrémité à l'Apollo, le Soyouz venant se fixer sur l'autre bout. De grandes dimensions (3,15 m × 1,40 m), muni de liaisons radio et télévision et d'autres aménagements, il constitue un compartiment momentanément habitable.

Entraînement

Pendant un millier d'heures étalées sur des mois et des mois d'entraînement, les deux équipages et leurs remplaçants éventuels ont répété à l'intérieur des maquettes de Soyouz et d'Apollo les moindres gestes, depuis la manœuvre de ces vaisseaux jusqu'à la préparation et l'ingestion de la nourriture qui avait été spécialement conçue pour ce vol.

De temps à autre, insidieusement, deux spécialistes (un pour chaque pays) ont provoqué un incident technique, ce qui obligeait les astronautes à faire face à une situation nouvelle et à lui trouver une issue.

Qui sont ces hommes ? Il va de soi que, de part et d'autre, ils ont été triés sur le volet. Thomas P. Stafford, commandant de bord de l'Apollo, est un vétéran qui a déjà participé à trois missions spatiales : Gemini 6 (1965), Gemini 9 (1966) et Apollo 10 (1969). Ses deux compagnons, Vance D. Brand, pilote de l'Apollo, et Donald K. Slayton, chargé des manoeuvres lors du rendez-vous spatial, n'ont jamais volé dans l'espace, mais se sont distingués parmi les autres astronautes à l'entraînement. Brand est peut-être au monde l'astronaute qui s'est le plus entraîné : des 7 candidats retenus par la NASA parmi la première promotion pour voler sur des capsules Mercury (1961-1963), il était le seul à être resté sur la touche.

Le commandant du Soyouz, Alexeï A. Leonov, a été en 1965, lors du vol de Voskhod 2, le premier homme qui, sorti du vaisseau spatial et relié à ce dernier par un « cordon ombilical », ait gravité dans l'espace. C'est un artiste qui, avant de s'engager dans l'aviation militaire, avait entrepris une carrière de peintre. En marge de sa profession de cosmonaute, il publie des albums de dessins ; il a aussi écrit un livre émouvant, Piéton de l'espace, qui introduit le lecteur dans les coulisses de l'astronautique soviétique. Son compagnon, Valeri N. Koubassov, ingénieur de bord, a participé en 1969 au vol du Soyouz 6, au cours duquel une expérience de rendez-vous spatial avait eu lieu.