L'accord de dégagement qui est signé à Genève, le 31 mai, aboutit notamment à : l'évacuation par les troupes de l'État hébreu de la « poche » occupée en octobre 1973 (environ 850 kilomètres carrés), ainsi qu'une portion du territoire occupé en 1967, y compris la ville de Kouneitra ; la création d'une zone tampon entre les deux armées et dans laquelle stationne un contingent de l'ONU appelé « Force des observateurs de la séparation des forces » (FOSF), dont les effectifs s'élèvent à 1 250 hommes ; l'échange, enfin, des prisonniers de guerre détenus par les deux pays. Tandis que la Syrie proclame que cet accord n'est qu'un pas vers l'évacuation totale de ses territoires par Israël, ce dernier réaffirme qu'il ne reviendra pas à ses frontières du 4 juin 1967.

La tournée qu'entreprend le président américain Richard Nixon du 12 au 18 juin au Proche-Orient, où il se rend successivement en Égypte, en Arabie Saoudite, en Syrie, en Israël et en Jordanie, ne permet pas de rapprocher les points de vue des deux camps antagonistes. Le chef de la Maison-Blanche déclare dans toutes les capitales visitées qu'il n'avait aucune « solution miracle » à proposer. Cependant, il admet, au Caire, dans un communiqué conjoint, l'existence du peuple palestinien et de son droit de vivre en paix, tandis qu'à Jérusalem il donne sa caution à la lutte contre les terroristes.

Les fedayin à la croisée des chemins

Toujours minée par ses dissensions internes, impuissante à s'imposer sur le plan militaire, mais bénéficiant malgré tout de la sympathie de larges secteurs de l'opinion palestinienne, ainsi que de soutiens croissants sur la scène internationale, la résistance palestinienne est tiraillée par deux tentations contradictoires : la négociation et le terrorisme.

La définition même du terrorisme est l'objet de divergences et parfois de polémiques entre les diverses organisations de fedayin. Le Fath, présidé par Yasser Arafat, la Saeka (de tendance baasiste, proche de la Syrie et animée par Zoheir Mohsen) et surtout le Front démocratique et populaire pour la libération de la Palestine (FDPLP), dirigé par le marxiste Nayef Hawatmeh, réprouvent la plupart des attentats commis à l'étranger, c'est-à-dire en dehors du territoire palestinien, en particulier les détournements d'avions. Ils s'y opposent moins pour des raisons doctrinales que pratiques.

Ils estiment que ce type d'action n'affaiblit pas les ennemis du peuple palestinien (l'impérialisme et Israël), tout en portant préjudice à la cause de la résistance, en rendant celle-ci impopulaire devant l'opinion mondiale.

Groupuscules

La plupart des attentats commis dans la seconde moitié de 1973 paraissent être l'œuvre d'organisations rivales, de groupuscules extrémistes, dont certains sont peut-être télécommandés par l'un ou l'autre des États arabes. L'assassinat, le 1er juillet, à Washington, du colonel Yossef Allon, attaché militaire adjoint à l'ambassade d'Israël, n'est revendiqué par aucun groupement et l'enquête menée par les services de sécurité américains demeure stérile. On ignore également tout du commando palestinien qui, le 19 juillet, parvient (à la suite d'un attentat manqué contre le bureau de la compagnie d'aviation israélienne El Al, à Athènes) à obtenir un sauf-conduit pour quitter la Grèce en direction du Koweït.

Le mystère plane toujours sur la véritable identité du groupe d'Arabes et de Japonais s'intitulant les Fils des territoires occupés et qui s'empare le 20 juillet d'un Boeing 747 de la Japan Airlines. Détourné au-dessus d'Amsterdam, l'appareil est contraint de se rendre à Dubaï, dans le golfe Persique, avant d'être ramené le 24 juillet à Benghazi, où les ravisseurs le font sauter après avoir fait évacuer les 143 passagers.

L'OLP, dans un communiqué, condamne avec une véhémence particulière le détournement et ses auteurs. La centrale des fedayin dénonce avec la même vigueur le massacre perpétré, le 5 août, à l'aéroport d'Athènes par deux Palestiniens qui avaient lancé des grenades sur des passagers d'un avion qui se rendait à Tel-Aviv. L'attentat fait 3 morts et 55 blessés.