Journal de l'année Édition 1974 1974Éd. 1974

Commerce extérieur

Le pétrole renverse la tendance

Pour la quatrième année consécutive, la balance commerciale française a, en 1973, dégagé un solde positif. L'excédent, mesuré à partir des importations et exportations toutes zones exprimées FOB (or industriel et matériel militaire inclus), est important : 7 milliards de francs. Sur cette base, les importations (155,5 milliards) ont été couvertes par les exportations (162,5 milliards) à 104,5 %. Par rapport à 1972, la progression des achats (+ 22,7 %) a été légèrement plus forte que celle des ventes (+ 21,8 %).

Ainsi, les échanges se sont sensiblement développés. Parties de 12 milliards de francs en janvier, les exportations ont, par exemple, franchi la barre des 15 milliards en octobre, se situant alors à un niveau de quelque 50 % plus élevé de ce qu'il était deux ans auparavant à pareille époque. Également en octobre, les importations ont dépassé les 14 milliards. Les relèvements des prix du pétrole brut ne commencent à faire sentir leurs premiers effets qu'en décembre 1973, et ne se traduisent pleinement dans les chiffres qu'au cours des premiers mois de 1974.

Environnement

En 1973, le commerce extérieur français a évolué dans un contexte international agité. Forte et périlleuse a été l'inflation. Celle-ci a été largement importée avec l'augmentation sans précédent des prix des produits de base (alimentant le commerce mondial) qui s'est poursuivie et étendue. La preuve : entre décembre 1972 et décembre 1973, l'indice des prix internationaux des matières premières importées par la France révèle une hausse supérieure à 80 %.

La relance de l'expansion industrielle chez la plupart des principaux partenaires commerciaux, surtout durant le premier semestre, et l'insuffisance des capacités de production au regard de la demande potentielle ont entraîné une hausse rapide et généralisée des prix. À l'automne, des achats spéculatifs et préventifs, provoqués par les incertitudes quant à la valeur des principales monnaies et par les perspectives de mouvements inflationnistes renforcés, sont venus peser, de surcroît, sur les prix.

Les profonds remous monétaires ont, bien sûr, influencé les échanges : seconde dévaluation du dollar en février, deux réévaluations du deutsche Mark et du schilling autrichien, réévaluation aussi du florin hollandais, extension du flottement des monnaies s'accompagnant de fortes variations des taux de change.

Il est clair que l'exportation française a été stimulée par la forte demande étrangère. Mais l'exportation a trouvé toutefois des limites en raison d'une utilisation à plein de l'appareil productif. Elle a aussi été freinée par la montée de la demande intérieure.

Déjà favorisées par la progression de la demande et le haut niveau de la production, les importations (plus chères) n'ont pu de ce fait tempérer la tendance à la hausse des prix.

Sensibilité

En fin d'année, les problèmes énergétiques constitueront un élément nouveau, perturbateur : un puissant facteur d'instabilité.

L'ouverture de l'économie française sur l'extérieur est désormais un fait acquis. En 1973, la part de l'exportation dans la production intérieure brute a atteint 16,2 %. Dans l'industrie, plus du tiers de la production est exportée et un ouvrier sur quatre travaille à l'exportation. En outre, à la fin de l'année, la part du marché intérieur couverte par les importations était de 43 % pour les produits industriels.

Le niveau des perspectives d'emploi et des investissements dépend, dans une large mesure, de la conjoncture à l'étranger. La croissance est donc davantage tributaire de l'environnement international, de l'évolution économique de nos grands partenaires commerciaux. Elle est devenue plus sensible aux politiques, restrictives ou non, de ces derniers.

Boom

Un examen par grands groupes de marchandises, sur la base des importations calculées CAF et des exportations FOB, montre tout d'abord que la progression la plus forte en pourcentage, par rapport à 1972, s'est portée sur les matières premières et les produits bruts. Et cela, tant à l'importation (+ 30,5 %) qu'à l'exportation (+ 27,7 %). La hausse des cours a, bien entendu, accru le déficit, déjà traditionnel dans ce secteur, en le faisant passer, d'une année à l'autre, de 6,9 à 9,2 milliards de francs.