Tant que les fabricants de pâtes auront intérêt à serrer le robinet, les prix continueront de monter ou se maintiendront à leur haut niveau actuel. La lecture va devenir un loisir de plus en plus coûteux.

Agriculture

Un secteur qui demande une attention permanente

Raréfaction, pénurie, renchérissement des coûts de production, telles sont les trois nouvelles notions qui sont apparues en 1973-74 dans le raisonnement des agriculteurs qui s'étaient déjà souciés, précédemment, des prix de revient et de la garantie du revenu.

Dans le contexte de désordre monétaire général, d'inflation et d'augmentation des charges de production, les agriculteurs en sont arrivés, en plusieurs circonstances, à douter de la politique agricole commune, qui demeure pourtant l'instrument de promotion de l'agriculture européenne.

Grâce à la concertation poussée (instaurée par Jacques Chirac) entre les pouvoirs publics et les représentants de l'agriculture, la profession a été toutefois étroitement associée à la gestion de ses propres affaires, et ce n'est qu'avec l'arrivée, rue de Varenne, de Raymond Marcellin, à la faveur du remaniement ministériel de mars 1974, que cette concertation va perdre un peu de son dynamisme.

Dès son installation rue de Varenne, Christian Bonnet, le ministre de l'Agriculture du gouvernement Chirac, renoue le dialogue.

L'intérêt pour l'agriculture manifesté par le président Pompidou ne s'est jamais démenti : les dirigeants des organisations agricoles représentatives ont été reçus à plusieurs reprises à l'Élysée, collectivement ou individuellement, comme ce fut le cas pour Michel Debatisse, président de la centrale syndicale paysanne (FNSEA).

Les salariés

Avec quelque 60 000 adhérents (déclarés par elle), la Fédération générale de l'agriculture, branche spécialisée de la CFDT, occupe la première place au sein du syndicalisme des salariés de l'agriculture.

Lors de son VIe congrès triennal, qui s'est tenu à Creil (Oise) en février, sur le thème : Au service des 750 000 salariés de l'agriculture, la FGA-CFDT a arrêté sa stratégie syndicale pour l'horizon 1977 et s'est décidée à « combattre les effets pernicieux du capitalisme grandissant en agriculture, mais aussi la répression patronale qui s'exerce par l'intermédiaire de la FNSEA (la centrale syndicale patronale de l'agriculture) ».

Jugeant le milieu dans lequel elle évolue, la FGA-CFDT déclare : « C'est un milieu socioprofessionnel qui a vécu dans une série de mensonges historiques qu'il convient de corriger. Ces travailleurs doivent être d'abord convaincus qu'ils n'appartiennent pas à ce sous-prolétariat que l'imagination populaire se plaît à décrire (...). Désormais, pour améliorer et développer l'acquis des conventions collectives, il conviendra d'établir un véritable rapport de force dans les négociations départementales et nationales ; cela suppose une mobilisation permanente de travailleurs motivés. »

Frein

Lors de la manifestation nationale du cinquantenaire des Chambres d'agriculture, qui se tenait à Paris début janvier, le président Pompidou lançait un appel solennel aux agriculteurs et à leurs organisations pour qu'ils redoublent d'ingéniosité et développent leur capacité d'exporter.

Hélas ! L'encadrement du crédit, rétabli à compter du 1er janvier et maintenu au-delà du 30 juin, devait être un frein considérable. L'élevage, pourtant, tout au long du 1er trimestre de 1974 parvenait à placer des volumes records de bovins et de viandes à l'étranger. Notamment en Italie. Mais sans suite. Début mai, le gouvernement italien, contraint de prendre des mesures pour rétablir sa balance des paiements en déficit grave, décrétait obligatoire le versement d'une caution égale à 50 % de la valeur des produits importés sur son sol. C'en était fait de la progression de nos exportations vers ce pays pour plusieurs mois.

Le marché français de l'élevage (viande bovine) commençait à peine à se relever au printemps, après plusieurs mois de marasme, si bien qu'après la décision italienne les éleveurs en sont réduits à se retourner vers l'intervention permanente. Instaurée au cours de l'été 1973 par Bruxelles, cette intervention permanente est destinée à désengorger, le cas échéant, le marché intérieur des pays membres par des achats à un prix fixé chaque année. En France, depuis le 1er janvier 1974, ces opérations d'achat pour le compte d'un stockage communautaire sont réalisées par l'ONIBEV, autrement dit l'Office de la viande. Bruxelles décide ensuite du moment propice où ces viandes (qui ont été congelées) doivent être remises sur le marché et à quel prix.