Les auteurs du rapport proposent en outre deux innovations :
– instituer la journée continue de 8 heures à 12 heures ou 13 heures ;
– faire coïncider l'année scolaire avec l'année civile.

Sur de nombreux points l'étude du professeur Jean Bernard rejoint celle qui avait déjà été faite en 1962 par les professeurs Debré et Donady.

Le supérieur : vers le démantèlement

La loi Edgar Faure, cinq ans après son adoption par le Parlement, est-elle condamnée ? Au cours des premières années de son application, les nouvelles structures de l'Université s'étaient tant bien que mal mises en place. Après les remous et les soubresauts, l'enseignement supérieur avait besoin, disait-on, d'un peu de tranquillité. Malgré les réticences de beaucoup et les contre-offensives de certains, on s'employait à faire fonctionner le système. Sans faire preuve d'enthousiasme, sans respecter toujours l'esprit d'une loi souvent équivoque, sans empêcher non plus une lente dégradation du climat. Néanmoins la machine tournait.

Restructuration

Le temps du démantèlement semble venu : tout se passe comme si les responsables de l'Éducation nationale avaient résolu de vider la loi de son contenu. Plusieurs indices paraissent montrer que l'action des pouvoirs publics va nettement à l'encontre des intentions avouées de la réforme.

L'affaire d'Aix-Marseille éclate dès la rentrée 1973. Le gouvernement décide de créer une troisième université à partir des deux universités existantes. La principale victime de cette restructuration est l'université de Provence (Aix-Marseille I), qui se voit dépouiller, au profit de la nouvelle venue, de son centre scientifique de Saint-Jérôme.

Pour la première fois depuis 1968, le découpage prévu par la loi d'orientation est remis en cause. Des rivalités corporatives (notamment le mécontentement des juristes qui, conduits par M. Debbasch, veulent leur université à eux), des difficultés conjoncturelles (les nombreux mouvements de grève d'Aix-Marseille I), des conflits locaux (l'antagonisme entre le ministre UDR Joseph Comiti et le maire socialiste de Marseille, Gaston Defferre) ont contribué à déclencher l'opération. Cependant, si les protestations prennent une ampleur considérable (le centre est occupé pendant plus d'un mois jusqu'à l'intervention des forces de police), si l'affrontement prend rapidement une dimension politique, si enfin l'affaire devient bientôt une affaire nationale, c'est que deux conceptions de l'enseignement supérieur s'opposent et, au-delà, deux idées de la société.

La logique du projet gouvernemental apparaît en effet clairement au travers des déclarations de J. Comiti : « Les gens verront ce qui est préférable, une université où l'on s'agite ou une université où l'on travaille. » Analyse politique qui se double d'une analyse économique : d'un côté, un établissement qui répugne par idéologie à répondre à la demande des employeurs ; de l'autre, une Université qui accepte de s'adapter aux exigences de l'économie.

Interventions

Le pouvoir paraît décidé à favoriser cette seconde orientation au détriment de la première. L'ancienne université, dépouillée du centre Saint-Jérôme qui contient les équipements les plus modernes, sera privée de ressources, mais surchargée d'étudiants ; la nouvelle institution, en revanche, aura beaucoup de moyens et peu d'étudiants. Pour les entreprises, cette dernière sera seule rentable, comme le sont déjà les grandes écoles ; la première sera condamnée à végéter ou à dépérir.

Cette dissociation entre deux types d'universités, dont les unes, jugées trop contestataires, seraient réduites à la portion congrue, alors que les autres, réputées bien pensantes, auraient le privilège de former les futurs dirigeants de la nation, est contraire à l'esprit de la loi d'orientation. Il a fallu, pour mener à bien l'opération d'Aix-Marseille, passer outre à l'opposition des conseils des deux universités intéressées. « C'est la première fois dans l'histoire de l'Université, dit-on à Aix, que le pouvoir politique intervient aussi brutalement dans ses affaires, au mépris des vœux des intéressés et de toute concertation. »