Au cardinal Willebrands, il déclare : « Pour être clairs, sincères et honnêtes envers nous-mêmes et envers les autres, mais aussi envers le monde entier, nous sommes obligés de répéter et de souligner encore une fois que, dans la chrétienté, aucun évêque ne possède de privilège universel, divin ou humain, sur l'Église une, sainte, catholique et apostolique du Christ, mais que nous tous – soit à Rome, soit en cette ville de Constantinople, soit dans une quelconque autre ville, quelle que soit sa position dans la hiérarchie ecclésiastique ou dans le monde politique –, nous exerçons notre charge épiscopale dans la collégialité pure et simple, sous un seul pontife suprême, qui est la tête de l'Église, Notre-Seigneur Jésus-Christ, et cela selon l'ordre hiérarchique accepté depuis toujours dans l'Église. »

Ces propos n'ont pu que rassurer les autres Églises orthodoxes et, en particulier, ceux qui dans l'orthodoxie redoutaient que la ferveur œcuménique d'Athénagoras ne lui fasse donner la seconde place à la fidélité à la doctrine.

D'autre part, l'orthodoxie slave enregistre sans déplaisir le fait qu'au cours de l'année 1973 un conflit oppose le patriarche Dimitrios à l'archevêque d'Athènes Hiéronymos, qui voulait modifier le mode d'élection du synode de l'Église de Grèce tel qu'il résultait d'un accord avec Constantinople. En effet, en s'opposant de cette manière au chef de l'Église de Grèce, le patriarcat de Constantinople apparaît moins grec qu'œcuménique. À la suite de ce conflit, les événements qui surviennent dans l'Église de Grèce renforcent encore l'autorité de Constantinople.

Grèce

Déjà, en mai 1973, l'Assemblée plénière des évêques de Grèce avait donné raison à la thèse du patriarcat de Constantinople contre la demande de Mgr Hiéronymos, archevêque d'Athènes. Ce dernier, très affecté par l'opposition croissante qu'il rencontrait au sein même de l'épiscopat dont il était le chef, avait, avant même cette assemblée, donné puis repris sa démission. Son autorité était sortie très affaiblie de cette crise. Malgré – ou, pour certains, à cause – des réformes qu'il avait opérées dans l'Église, on ne lui pardonne pas d'avoir été en quelque sorte imposé par le régime des colonels, et surtout d'apparaître comme trop lié au président Papadopoulos, de plus en plus impopulaire. La chute de ce dernier, le 25 novembre 1973, lui est fatale.

Ce n'est pas devant lui que le nouvel homme fort, le général Ghizikis, prête serment, comme le veut la tradition, mais devant le métropolite de Janina, Mgr Séraphim, que l'on fait venir à Athènes précipitamment pour cela. L'archevêque Hiéronymos proteste en vain et donne alors définitivement sa démission, qui est effective le 31 décembre.

Le 7 janvier 1974, le ministre des Cultes, M. Christou, qui est aussi un brillant théologien laïque, annonce que le gouvernement, considérant que l'élection de Mgr Hiéronymos avait toujours été contestée par une partie de l'Église, a décidé de faire élire le nouveau primat de Grèce par une assemblée dont seraient exclus les 5 évêques ayant participé à cette élection et les 29 prélats nommés par l'archevêque démissionnaire. Sur les 32 évêques restant, 4 refusent cette procédure à leurs yeux irrégulière. Les autres votent le 11 janvier. Avec 20 voix sur 28, Mgr Séraphim, métropolite de Janina, vient en tête de la liste de trois noms qui, selon une coutume byzantine, est soumise au chef de l'État. Naturellement, ce dernier désigne celui devant qui il avait voulu prêter serment.

Âgé de soixante ans, Mgr Séraphim a une réputation de conciliateur. Lors de son intronisation, il s'engage « à rétablir l'ordre ecclésiastique, et à ramener la paix et l'unité dans le peuple et dans l'Église ». Mais, élu d'une minorité, il voit son élection contestée comme l'avait été celle de son prédécesseur. On avait fait à ce dernier la réputation d'être « l'archevêque du colonel » ; on commence très vite à dire de lui qu'il est « le primat du général ».

Il peut néanmoins compter sur l'appui du patriarche Dimitrios, qui le félicite chaleureusement de son élection. Accompagné de cinq évêques, le nouveau primat de Grèce effectue, en mars, une visite de trois jours au patriarcat œcuménique de Constantinople. À son retour d'Athènes, Mgr Séraphim se réjouit de la « complète identité de vue » entre son Église et le patriarcat dont les relations étaient auparavant très tendues.

Chypre

Un synode élargi de l'Église autocéphale de Chypre, réuni le 14 juillet 1973 à Nicosie, décide de réduire à l'état laïque les trois évêques qui, au cours du mois de mars précédent, avaient pris la même mesure à l'encontre de Mgr Makarios, archevêque de Nicosie et président de la République. Ainsi s'achève la crise, d'origine politique, qui avait opposé Mgr Makarios à ceux qui lui reprochaient de cumuler des fonctions ecclésiastiques et temporelles. Au cours de cette crise l'archevêque Makarios avait reçu l'appui du patriarche Dimitrios.

Les musulmans

À Lahore, capitale culturelle du Pakistan, la seconde conférence au sommet des États musulmans s'ouvre le 22 février 1974. Trente-six pays d'Afrique et d'Asie y sont représentés par leur chef d'État ou leur chef de gouvernement, ou encore, pour quelques-uns, par un ministre. Une étonnante prière solennelle marque l'ouverture de la rencontre dans la mosquée Al-Badshali, la plus grande du monde, dit-on ; un édifice de brique rouge et de marbre blanc.