Le meilleur film canadien de l'année a été très certainement Réjane Padovani de Denys Arcard. Gilles Carle, aussi bien dans La mort d'un bûcheron que dans Les corps célestes, n'a pu retrouver la verve de La vraie nature de Bernadette.

Vitalité

Il faut noter le développement du cinéma en Amérique latine et au Moyen-Orient, développement qu'on avait déjà remarqué depuis quelques saisons. Les événements politiques chiliens ont donné un retentissement amer aux films d'Aldo Francia (Il ne suffit plus de prier) et d'Helvio Soto (Métamorphose du chef de la police politique). Le Bolivien Jorge Sanjines, avec Le courage du peuple, est apparu comme le plus talentueux représentant du cinéma politique en Amérique latine avec l'Argentin Solinas.

Le développement de l'industrie cinématographique se poursuit au Maghreb. Le charbonnier, de l'Algérien Bouamari, et Les mille et une mains du Marocain Ben Barka ont montré le souci des jeunes cinéastes de ne pas céder aux charmes de l'occidentalisation et de rester attentif aux problèmes sociaux de leur propre pays.

Peu de films soviétiques d'intérêt, sinon le Solaris d'Andrei Tarkovski qui, pourtant, n'a convaincu ni les fervents de science-fiction ni les admirateurs de l'auteur d'Andrei Roublev. En Pologne, une œuvre majeure : Les noces, d'Andrzej Wajda, qui a réussi une stupéfiante adaptation de la pièce de théâtre (écrite dans les premières années du siècle) de Stanislaw Wyspianski. Wajda, depuis Tout est à vendre (qui date déjà de 1968), a réalisé une demi-douzaine d'œuvres de grande valeur. Les noces apparaissent comme un couronnement et comme une très grande réussite esthétique.

Parmi les autres films de diverses nationalités qui ont suscité l'intérêt de la critique et du public, citons les films hongrois Paysage mort, d'Istvan Gaal, et Légende tzigane d'Imre Gyöngyössy ; le film brésilien Qu'il était bon mon petit Français de Nelson Pereira Dos Santos ; le film dominicain Les serpents de la lune des pirates de Jean-Louis Jorge ; les films tchécoslovaques ...Et je salue les hirondelles, de Jaromil Jires, et Les oiseaux, les orphelins et les fous de Juraj Jakubisko ; les deux films espagnols de Carlos Saura, Peppermint frappé et La chasse ; le film danois Comment faire partie de l'orchestre, de Henning Carlsen, et le film turc Umut (Espoir) de Yilmaz Güney.

Plus difficilement classables, Le maître et Marguerite, adaptation respectueuse et un peu académique du roman de Mikhail Boulgakov par le Yougoslave Aleksandar Petrovic, et La montagne sacrée d'Alexandre Jodorowsky, l'un des fondateurs du mouvement Panique, ont partagé la critique et divisé le public.

Un bilan, somme toute, assez favorable, qui prouve l'excellente vitalité du cinéma et se signale surtout par la multiplicité des petits pays producteurs, qui ira probablement en s'accentuant la saison prochaine.

Télévision

Des réformes qui n'en finissent pas

Passéisme, dégradation des programmes, régression de la création face à l'invasion des productions étrangères, incertitude de l'avenir : à quelques variantes près, les mêmes formules se retrouvent sous la plume des critiques à la rentrée 1973. L'un d'eux, André Brincourt, discerne même, lui, les signes d'une « maladie mortelle ».

À ce déchaînement de la critique, un sondage semble répondre ; il révèle que les Français regardent de moins en moins la télévision, juste au moment, d'ailleurs, où ils viennent de payer la redevance (130 francs au lieu de 120). Avec le déficit de l'Office, on parle déjà de 140 francs pour juillet 1974, tandis qu'une taxe spéciale est, dès cette époque, applicable aux récepteurs couleurs.

Le Haut Conseil de l'audiovisuel

Le Haut Conseil de l'audiovisuel, créé par la loi du 3 juillet 1972, compte 40 participants, parmi lesquels des membres de l'Assemblée nationale et du Sénat, des personnalités « hautement qualifiées pour leurs compétences culturelles, techniques, juridiques, professionnelles, familiales et syndicales ». Mis en place en juillet 1973, il tient sa première réunion en septembre 1973. Le Haut Conseil, saisi par le gouvernement, donne des avis sur les problèmes concernant l'orientation et le développement des techniques audiovisuelles. Il peut être consulté sur la déontologie des communications audiovisuelles, sur les dérogations au monopole de diffusion et sur les modalités du droit de réponse à l'antenne.

Saturation

Mais si les Français consomment moins de télévision, ce phénomène ne leur est ni particulier ni saisonnier.