Auparavant, Gierek a fait procéder à une vaste réforme administrative, qui se traduit, d'une part, par le rétablissement de la fonction de voïvode (équivalant au préfet), et, d'autre part, par un renforcement du rôle des assemblées locales, qui se voient confier de nouvelles responsabilités de gestion.

Ouverture

En politique étrangère, Gierek poursuit son double objectif : consolider les liens avec le monde socialiste et élargir l'ouverture sur le monde occidental.

La réunion, à Varsovie, des dirigeants du Pacte de Varsovie (avril) consacre cette première orientation. Les nombreuses visites du ministre des Affaires étrangères (notamment en Grande-Bretagne et aux États-Unis) s'inscrivent dans l'optique de ce deuxième souci.

Depuis que Varsovie et le Vatican sont parvenus à une normalisation globale et définitive de leurs rapports, il ne reste qu'un seul dossier en suspens : celui des relations avec la République fédérale d'Allemagne. En dépit de l'échange d'ambassadeurs, la Pologne met un préalable à un règlement définitif. Elle exige, en effet, le versement d'importantes indemnités aux victimes de l'occupation nazie.

Une criminalité inquiétante

Contrairement à ce qui se passe dans les autres pays socialistes, la presse polonaise consacre une bonne place aux comptes rendus de procès criminels. Ainsi les Polonais ont appris l'arrestation du « vampire de Silésie », Zdzislaw Marchwicki, qui avait assassiné (après les avoir violées) quinze femmes et jeunes filles, et tenté d'en tuer six autres. De même, ont-ils pu suivre les procès des portiers de deux hôtels de luxe, à Varsovie et à Cracovie, qui étaient accusés de prélever un « péage » sur les prostituées qui fréquentaient ces établissements. C'est toutefois une autre forme de délinquance qui semble, à travers ces comptes rendus, préoccuper au plus haut degré les autorités de Varsovie. Il s'agit du banditisme juvénile qui sévit dans les écoles et les lycées de la capitale polonaise. En un an, les éducateurs et les juges ont assisté à la prolifération de bandes de jeunes délinquants qui en sont arrivés à terroriser des écoles entières. Ces bandes, qui se réclament d'une vaste organisation sans structures bien définies, les Git-Ludzie (emprunté à l'argot, signifie approximativement les gens bien, les à-la-coule), font largement appel aux traditions folkloriques du monde criminel. Elles sont organisées à l'image des gangs, avec des chefs et un véritable rite d'initiation. Plusieurs dizaines de procès, au cours desquels la plupart des témoins, terrorisés, ont refusé de parler, révèlent l'ampleur du phénomène. Les sociologues s'interrogent en vain sur les causes de cette délinquance sauvage. Ils notent avec surprise que le jargon des étudiants comporte de plus en plus d'expressions de la langue des prisons. De même, ils signalent une recrudescence de la drogue chez les jeunes. En relançant la mode des tatouages (près de l'œil ou à la main), s'affublant d'insignes nazis ou d'emblèmes sataniques (le culte de Charles Mason, l'assassin de Sharon Tate), ces jeunes criminels semblent rejeter en bloc toute l'idéologie dominante depuis trente ans. Sans exagérer l'ampleur du phénomène, qui rappelle un peu la vague de hooliganisme des années 1955-56, on peut se demander s'il ne s'agit que d'une forme de contestation des jeunes, ou, au contraire, d'une véritable crise.

Portugal

Lisbonne. 8 590 000. 95.
Économie. PNB (71) 708. Production : G (70) 153 + A (*71) 103 + I (70) 172. Énerg. (*71) : 805. C.E. (71) : 15 %.
Transports. (*71) : 3 569 M pass./km, 812 M t/km. (*71) : 660 400 + 83 500.  : 2 013 000 tjb. (*71) : 1 557 M pass./km.
Information. (71) : 31 quotidiens. (71) : 1 411 000. (71) : 472 000. (71) : 235 700 fauteuils ; fréquentation : 24,9 M. (71) : 809 000.
Santé. (71) : 8 410. Mté inf. (71) : 48.
Éducation. (69). Prim. : 989 676. Sec. et techn. : 405 604. Sup. : 46 725.
Institutions. Un coup d'État militaire renverse, le 25 avril 1974, l'État corporatiste institué le 19 mars 1933. Nouvelle Constitution en préparation. Chef de l'État : Antonio de Spinola ; succède à l'amiral Américo Thomaz, en exil. Chef de l'exécutif : Palma Carlos.

Retour à la démocratie coup d'état militaire sans effusion de sang

25 avril, 1 heure du matin. La radio diffuse deux fois de suite une chanson engagée : Grandôla, vila morena (Grandôla, ville brune). C'est le signal. Dans la plupart des casernes du Portugal, c'est le branle-bas de combat. L'opération a été fixée à 4 heures. Et, à ce moment précis, Lisbonne et les grandes villes sont effectivement investies.