Au bout d'un an, souvent avec des moyens de fortune et grâce à l'aide des pays socialistes (Chine et URSS), le Nord Viêt-nam paraît avoir retrouvé une bonne partie de son potentiel économique. Son développement reste toutefois dépendant de l'aide étrangère. Hanoi voudrait la diversifier au maximum, afin de conserver sa liberté de manœuvre. Des contacts ont été pris avec les Japonais, à la fois redoutés et désirés.

Viet Nam Sud

Saigon. 18 810 000. 109. 2,6 %.
Économie. PNB (69) 189. Production : G (70) 154 + I (71) 216. Énerg. (*71) : 290.
Transports. (*71) : 86 M pass./km, 38 M t/km.  : (69) 38 700 + (70) 89 700. (*71) : 109 M pass./km.
Information. (70) : 56 quotidiens ; tirage global : 1 221 000. (70) : *2 200 000. (70) : *450 000. (71) : 134 800 fauteuils ; fréquentation : 62,1 M. (71) : 38 000.
Santé. (70) : 1 498.
Éducation. (69). Prim. : 2 375 982. Sec. et techn. : 655 413. Sup. : 47 296.
Institutions. Partition du Viêt-nam : 20 juillet 1954 (accords de Genève). République, proclamée le 26 octobre 1955. Constitution du 1er avril 1967, amendée en janvier 1974. Président de la République : général Nguyen Van Thieu, réélu le 3 octobre 1971. Vice-président : Tran Van Huong. Président du Conseil : général Tran Thiem Khiem.

Une guerre d'usure entre Thieu et le GRP

Une troisième guerre d'Indochine ? Un an et demi après les accords de Paris, la question reste posée. La paix ne s'est pas installée au Viêt-nam du Sud, et cette année encore le nombre des morts se compte par dizaines de milliers.

Mais ce n'est plus la guerre telle que le pays l'a connue, avec ses raids aériens, ses bombardements d'artillerie, ses grandes opérations. Ce n'est pas non plus la guérilla classique, avec ses coups de main, ses harcèlements, sa clandestinité. C'est un état nouveau où le combat politique prime l'action militaire, mais sans jamais l'exclure.

Impasse

Il y avait deux Viêt-nams : le Nord et le Sud. Il y en a désormais un troisième : celui du gouvernement révolutionnaire provisoire (Viêt-cong), dont la légitimité et la légalité ont été en quelque sorte consacrées par les accords de Paris (Journal de l'année 1972-73). Mais le général Thieu, chef de l'État sud-vietnamien, ne le reconnaît pas ; le nouveau conflit (tous les événements de cette année en témoignent) est celui qui oppose sur tous les fronts et à tous les niveaux le gouvernement de Saigon et le GRP. Le premier ne cesse de reculer le moment de la confrontation politique ; le second s'efforce par toutes les voies possibles de l'acculer à ce face-à-face.

L'accord signé en juin 1973 pour la mise en œuvre effective d'un processus de paix et l'appel à un strict respect du cessez-le-feu sont restés lettre morte. Dès le mois d'août les combats reprennent avec violence, et jusqu'à la fin de l'année il ne se passera pas de jours sans que des incidents éclatent entre l'armée de Saigon et celle du Viêt-cong : opérations d'empiétement sur les zones respectivement contrôlées par les deux parties et laborieusement définies, bombardements et pilonnages divers, raids ou attaques préventives.

Chacun s'accuse de préparer une nouvelle guerre, et l'escalade est telle que H. Kissinger et Le Duc Tho se retrouvent le 20 décembre 1973 à Paris pour tenter de sortir de l'impasse. Aucune décision concrète, aucun plan, aucune proposition ne sortent de cette conférence. Les deux hommes se contentent finalement de « maintenir ouverte cette voie pour avoir dans l'avenir des discussions en fonction des exigences de la situation ».

Ni les Américains ni les Nord-Vietnamiens ne semblent vouloir remettre le doigt dans l'engrenage. Pour eux, l'essentiel est que les affrontements entre Saigon et le Viêt-cong ne dépassent pas un certain seuil, au-delà duquel la situation deviendrait explosive.

Enjeu

On s'en aperçoit au début de l'année 1974 : si les combats se poursuivent, si même des raids d'une certaine importance se produisent de part et d'autre, aucun des deux adversaires n'est prêt à franchir ce seuil et leurs alliés y veillent.

Le vrai combat est politique et économique ; son enjeu est le contrôle de la totalité du Sud Viêt-nam. Le général Thieu n'a pas désarmé. On savait déjà qu'il ne voulait pas du Conseil national de la réconciliation à trois composantes (Saigon, GRP, neutralistes), prévu par les accords de Paris.