Pour tenter de mettre fin à la crise gouvernementale qui dure depuis deux mois, Fahri Koruturk demande, le 15 décembre, à Naïm Talu, qui depuis les élections d'octobre assure les affaires courantes, de former un gouvernement de coalition dont la mission serait d'organiser des élections anticipées sur la base d'une nouvelle loi électorale. Le 25, N. Talu renonce à sa mission, n'ayant pu concilier les points de vue divergents des diverses formations au sujet de la date des élections. Bulent Ecevit est pour la deuxième fois chargé, le 15 janvier, de constituer un gouvernement de coalition avec le PSN. Le 25 janvier, les dirigeants des deux formations politiques signent un protocole d'action commune, document de compromis qui constituera l'essentiel du programme du gouvernement de coalition. Ce dernier comprend 17 membres du PRP et 8 du PSN.

Répression

La loi martiale, toujours en vigueur dans les provinces d'Ankara et d'Istanbul, est levée le 26 septembre, mettant ainsi un point final à l'état de siège qui avait été décrété en avril 1971 dans onze provinces turques pour faire face à un « état de révolte active contre la république et la patrie ». Cependant, les importantes restrictions aux libertés qui avaient accompagné l'application de la loi martiale demeurent. Plus de 4 000 personnes ont été jugées et condamnées par des tribunaux militaires depuis avril 1971. Ces cours d'exception mèneront à leur terme tous les procès déjà engagés (près de 2 000 selon une estimation officieuse). Deux semaines après la victoire de son parti aux élections d'octobre, Bulent Ecevit s'engage publiquement à demander au Parlement, dès son arrivée au pouvoir, une amnistie pour tous les condamnés politiques « à l'exception des terroristes ». En fait, le projet de loi d'amnistie soumis en mars au Parlement comporte d'importantes exceptions. Couvrant les crimes et délits commis jusqu'en février 1973, il commue les peines de mort en trente ans d'emprisonnement et les condamnations à perpétuité en peines de vingt-quatre ans. Une réduction générale de douze ans est prévue pour les autres peines d'emprisonnement. Le projet d'amnistie se heurte à l'opposition résolue de la droite au Sénat. Le 15 mai 1974, une vingtaine de députés du PSN se désolidarisent du gouvernement sur le problème de l'amnistie, et l'Assemblée nationale approuve par 221 voix contre 214 les restrictions introduites dans le texte du projet gouvernemental par le Sénat.

Tensions

Le différend sur la délimitation du plateau continental en mer Égée, où d'importants gisements pétrolifères ont été décelés, contribue à aggraver la détérioration des relations entre Athènes et Ankara, entamée déjà par les divergences au sujet du problème chypriote. Le 25 mars, jour de la fête nationale grecque, le général Bonanca, chef d'état-major de l'armée, fustige dans un discours public les « voisins qui veulent tout s'approprier par la force ». Le 13 avril, 15 000 étudiants rassemblés sur la place Bajazet à Istanbul conspuent les dirigeants grecs. Des incidents entre militaires grecs et turcs sont signalés au cours des exercices de l'OTAN.

La tension augmente à la suite de la décision d'Ankara d'envoyer en mer Égée un navire océanographique, le Candarli, chargé de faire des études sur les possibilités d'exploitation des gisements pétrolifères sous-marins. La Grèce réagit le 31 mai par la mise en état d'alerte limitée de ses bases aériennes et de ses unités stationnées en Thrace. Le 4 juin, le Candarli regagne son port d'attache de Beykoz, sur le Bosphore, mettant fin à une « démonstration » qui était destinée davantage à affirmer les droits de la Turquie sur le plateau continental qu'à effectuer des recherches magnétométriques. Au début de juin, les entretiens qu'ont à Ottawa les ministres des Affaires étrangères turc et grec contribuent à apaiser les esprits. Le 26 juin, Bulent Ecevit se déclare confiant dans l'avenir des relations gréco-turques et estime que les deux pays parviendront à résoudre les problèmes qui existent entre eux, sans être obligés de demander la médiation d'un pays tiers.

Viet Nam Nord

Hanoi. 22 100 000. 137. 2,4 %.
Économie. Production (65) : I 120. Énerg. (*71) : 165.
Institutions. Partition du Viêt-nam : 20 juillet 1954 (accords de Genève). République démocratique, proclamée en 1954. Constitution de 1960. Président de la République : Ton Duc Thang, succède à Hô Chi Minh, décédé. Président du Conseil : Pham Van Dong.

Reconstruction

Le Viêt-nam du Nord semble s'être replié sur lui-même pour assurer sa reconstruction après les raids dévastateurs de l'aviation américaine. Faute de chiffres, les observateurs estiment que le potentiel industriel du pays a été détruit à environ 60 %. Sans doute les responsables nord-vietnamiens avaient-ils dispersé au maximum les installations industrielles, mais cela n'était pas possible pour certaines usines ou les complexes hydroélectriques, qui, parfois, ont été complètement rasés. De même pour les voies de communication et les moyens de transport.