Pour réduire la consommation d'énergie des entreprises et des particuliers, le gouvernement décrète l'état d'urgence le 22 décembre ; on prévoit la diminution d'un cinquième des livraisons de produits pétroliers pour onze des principales industries japonaises, des restrictions pour la circulation automobile (pour les voitures de tourisme le week-end), pour l'éclairage publicitaire, ainsi qu'une tentative d'aménagement des horaires de travail s'adaptant plus étroitement à la durée du jour.

Voyages

Agissant à l'intérieur, le Premier ministre Tanaka, après un premier voyage, en septembre et octobre, en Europe occidentale (Paris, Londres et Bonn) et à Moscou, reprend son bâton de pèlerin en janvier 1974 pour visiter l'Asie du Sud-Est, en particulier l'Indonésie, principal producteur de pétrole de cette région.

L'accueil des populations locales (en Thaïlande, à Bangkok, en Malaysia, à Kuala Lumpur et surtout à Djakarta), irritées par le néo-colonialisme des hommes d'affaires nippons, n'est pas très chaleureux.

Mais le bilan politique est plus favorable. Un vaste projet de collaboration économique entre le Japon et l'Indonésie est notamment élaboré ; ce dernier pays, en échange de capitaux et d'installations industrielles, devant livrer d'importantes quantités de pétrole et de gaz naturel.

Presque simultanément, des offres de collaboration technique et financière sont faites à d'autres pays pétroliers, du Moyen-Orient cette fois. Un contrat d'un milliard de dollars de financement de projets industriels est conclu avec l'Irak en janvier. Ce même mois, le ministre japonais du Commerce international et de l'industrie, en visite à Téhéran, propose un prêt de 1,5 milliard de dollars à l'Iran.

Paralysie

Le dos au mur, obligé d'importer à tout prix matières premières énergétiques ou non pour alimenter son industrie, le Japon mesure la fragilité de son économie, menacée aussi de l'intérieur par une inflation galopante qu'accélère encore cette hausse généralisée des matières premières qu'il ne produit pas.

Pendant l'année fiscale 1973 (terminée le 31 mars 1974), les prix de gros ont augmenté de 22,6 % et les prix de détail d'un pourcentage voisin. La balance commerciale japonaise a été déficitaire en août 1973, pour la première fois depuis 1964. Les conséquences de la hausse des produits pétroliers ont été presque immédiates.

Pendant l'année fiscale 1973 (succédant à un excédent de 2,9 milliards de dollars en 1972) est apparu un déficit, énorme, de 13,4 milliards de dollars. Pour juguler l'inflation, qui, si elle n'est propre au Japon, connaît ici une ampleur considérable, le gouvernement a relevé plusieurs fois le taux de l'escompte (porté à 9 % lors du fameux conseil des ministres du 22 décembre), augmenté les dépôts obligatoires des banques.

Le ralentissement de la croissance peut freiner la hausse des prix. En revanche, cette dernière accroît les tensions sociales et, en mars, du 10 au 14, avec une grève des transports à laquelle se sont associés la plupart des services publics, l'immense ruche japonaise s'est trouvée pratiquement paralysée. Le mouvement a eu une ampleur nationale, fait assez rare.

Deux faits divers ont émaillé le premier semestre 1974. Un lieutenant de l'armée impériale, tenant le maquis dans la jungle des Philippines depuis 1944, a enfin déposé les armes en mars, sur l'injonction de son ancien commandant (devenu paisible libraire) lui assurant que la guerre était finie... La Joconde, prêtée par le Louvre, est au Musée national de Tokyo depuis la fin avril 1974. Plusieurs millions de Japonais se sont rendus auprès de cette ambassadrice exceptionnelle, mais chaque visiteur n'a pu la contempler qu'une dizaine de secondes.

Jordanie

Amman. 2 470 000. 25. 3,4 %.
Économie. PNB (70) 259. Énerg. (*71) : 318. C.E. (70) : 6 %.
Transports. (*71) : 15 200 + 5 500. (*71) : 185 M pass./km.
Information. (71) : 3 quotidiens ; tirage global : 36 000. (71) : *410 000. (71) : *61 000. (71) : 15 000 fauteuils. (71) : 33 000.
Santé. (70) : 609. Mté inf. (70) : 36.
Éducation. (69). Prim. : 259 388. Sec. et techn. : 88 090. Sup. : 4 463.
Institutions. État indépendant le 22 mars 1946. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1951. Souverain : Hussein ibn Talal ; succède à son père en 1952. Premier ministre : Zeid Rifaï.

L'opposition s'organise

Le régime jordanien, dont le comportement pendant la guerre d'octobre indigne les milieux nationalistes jusqu'au sein de l'armée, affronte une situation difficile. Les dirigeants des divers partis reprochent au roi Hussein d'avoir attendu une semaine après le début des hostilités pour envoyer sur le front syrien une force dérisoire (3 500 hommes) ; d'avoir refusé d'ouvrir un troisième front sur le Jourdain tout en interdisant au corps expéditionnaire irakien d'utiliser les routes et les aéroports du royaume ; d'avoir, enfin, empêché les Palestiniens de transiter par la Jordanie pour s'infiltrer dans les territoires occupés par Israël.

Mutinerie

Les tractations qu'entament dès l'automne les diverses formations de l'opposition ainsi que les organisations de fedayin implantées dans la population palestinienne en Jordanie aboutissent à l'annonce, le 1er mai 1974, d'un front national dont le principal objectif est sinon le renversement de la monarchie, du moins l'instauration d'un régime démocratique et progressiste. Le parti communiste est l'une des principales composantes de ce front.