En janvier 1974, Ne Win, pour bien marquer sa confiance, libère un millier de prisonniers politiques.

Le non-alignement de la Birmanie, son souci d'indépendance politique à l'égard de la Chine, des États-Unis, de ses voisins du Sud-Est asiatique, ne favorisent pas son développement économique. Le niveau de vie n'a jamais été aussi bas depuis quinze ans. Il est inférieur de moitié à celui de la Thaïlande, moins riche et plus peuplée. De plus, la bureaucratie et la corruption freinent tout progrès.

Budget

Le déficit budgétaire, chronique depuis huit ans, est aggravé par la réforme administrative et une inflation sans précédent (21,4 %). De 1 milliard de francs en 1972-73 (sur un budget de 9 milliards), il atteint 631 millions pour les six premiers mois de 1973-74. L'exportation de riz est interdite (fait révélateur) alors que c'est la principale source en devises du pays, qui en vendait jusqu'à 3 millions de tonnes par an avant la dernière guerre.

Le ministre des Finances, U Lwin, se décide, fin mars, à des mesures draconiennes : importations limitées au tissu de coton et aux médicaments, diminution des hauts salaires, suspension des grands travaux, ce qui alourdit la situation de l'emploi (plus de 250 000 chômeurs).

Une brèche ouverte dans l'isolationnisme de Rangoon fait espérer que Ne Win et la junte militaire veulent jouer la carte du libéralisme économique. Pour la première fois, la Birmanie accepte un prêt de la Banque mondiale (165 millions de francs) et de la Banque de développement asiatique (30 millions de francs). On encourage la coopération avec l'étranger (Allemagne et Japon notamment) pour la recherche pétrolière et la création d'usines.

Alors que presque toute l'activité économique est aux mains de l'État, le gouvernement décide de favoriser l'industrie privée, en promettant, par exemple, de ne pas nationaliser l'industrie du caoutchouc. D'autre part, on relâche le contrôle sur la production agricole et on autorise la vente, sur le marché libre, du riz excédant les quotas livrés au circuit public à des prix de 25 % plus élevés. Grâce à cette incitation, qui s'ajoute aux bonnes conditions atmosphériques, la récolte 1973-74 doit atteindre 8,5 millions de tonnes et permettre une reprise des exportations (500 000 tonnes).

Cambodge

Phnom Penh. 6 700 000. 37.
Économie. PNB (63) 124. Production (66) : G 107. Énerg. (*71) : 24.
Transports. (*71) : 91 M pass./km, 10 M t/km. (*71) : 26 400 + 11 100. (*71) : 12 M pass./km.
Information. (68) : 26 quotidiens ; tirage global : 145 000. (68) : *1 000 000. (69) : *50 000. (67) : 28 800 fauteuils ; fréquentation : *20 M. (71) : 8 000.
Santé. (71) : 438.
Éducation. Prim. : (69) 989 464. Sec. et techn. : (69) 126 791. Sup. : (68) 11 094.
Institutions. État indépendant le 9 novembre 1953. République proclamée le 9 octobre 1970 après la décision de l'Assemblée nationale et du Conseil du royaume (18 mars 1970) d'écarter le prince Norodom Sihanouk. Constitution du 30 avril 1972. Président de la République : maréchal Lon Nol, assisté d'un Conseil politique suprême. Premier ministre : Long Boret. Le Parlement élu le 3 septembre 1972 est suspendu le 24 avril 1973.

Une situation totalement bloquée

Les douze mois qui viennent de s'écouler n'ont pratiquement rien changé aux positions militaires et politiques du gouvernement de Phnom Penh, soutenu par les Américains et les insurgés du prince Sihanouk réfugié à Pékin. Tout se passe comme si aucune des deux armées n'était assez forte pour l'emporter définitivement, tandis que les projets de négociations restent au point mort.

Le 1er juillet 1973, sous la pression du Congrès et de l'opinion publique américaine (qui comprend de moins en moins la poursuite de la guerre), le président Nixon décide d'arrêter les raids de B-52 le 15 août suivant. On espère que ce geste permettra sinon d'engager les négociations, tout au moins d'établir des contacts. Il n'en est rien. Avant l'échéance de la mi-août, les bombardements américains se font de plus en plus intensifs afin de desserrer la pression que les membres du FUNK (le Front uni des partisans de l'ancien chef de l'État) exercent sur Phnom Penh.

Enlisement

Le 15, les raids cessent effectivement, et l'aide américaine au maréchal Lon Nol ne se traduit plus que par la livraison de matériel et de munitions. Mais tout au long de l'année les combats se poursuivent autour de trois villes principales : Phnom Penh, Battambang (sur la route du riz) et Kompong Som (ex-Sihanoukville), le port qui dessert la capitale. Aussi bien pour les troupes de Lon Nol que pour celles de Sihanouk, l'enjeu de la guerre d'usure qui désormais s'engage est Phnom Penh. À la fin de l'année 1973, les maquisards déclenchent une offensive de grande envergure ; cependant, les violents bombardements auxquels ils soumettent la ville (le 18 janvier 1974, le lycée français est touché, le 11 février les roquettes font 140 morts et 250 blessés) n'arrivent pas à bout de la résistance des gouvernementaux. En juin, c'est l'enlisement : les hommes de Sihanouk contrôlent la plus grande partie des campagnes ; ceux de Lon Nol occupent les villes. Du point de vue militaire, une sorte de partage s'est instauré.