Tout en écartant la responsabilité du gouvernement français dans l'accident de Lama-Kara, le chef de l'État togolais met en cause « la haute finance internationale », accusée d'avoir cherché à le supprimer parce qu'elle désapprouvait les premières mesures de contrôle décrétées à l'encontre de la Compagnie togolaise des mines du Bénin (CTMB). En effet, le 10 janvier, le président Eyadema avait décidé que la commercialisation des phosphates serait désormais assurée par un office public appartenant à l'État. D'autre part, la participation togolaise au capital de la société passait alors de 35 à 51 %.

Depuis longtemps déjà, les dirigeants de Lomé, en désaccord avec la politique pratiquée par la CTMB, voulaient s'assurer une plus large maîtrise sur les phosphates, qui constituent leur principale source d'exportation.

Dans la mesure où la CTMB était considérée par le général Eyadema comme un État dans l'État (en 1972, son chiffre d'affaires était de 5 milliards de francs CFA, alors que le budget togolais était de 12 milliards), l'épreuve de force était inévitable.

Septième producteur mondial de phosphates, le Togo a exporté environ 2 millions et demi de tonnes de minerai, dont les prix ont triplé à la fin de l'année 1973, puis ont été à nouveau relevés substantiellement en juin 1974. Or, en janvier, les dirigeants de la CTMB et le gouvernement du Togo ne parvenaient à se mettre d'accord ni sur la répartition des bénéfices, ni sur les prix, ni sur la commercialisation des phosphates.

Au sujet des prix, les Togolais estimaient que la valeur globale de leur production était de l'ordre de 18 milliards de francs CFA, alors qu'en 1972 le Trésor togolais avait perçu à peine un milliard et demi, au titre de redevances diverses. La comparaison entre ces deux chiffres a semblé dérisoire au gouvernement, qui a déclenché une campagne d'opinion contre la CTMB, après avoir vainement tenté de l'amener à faire de larges concessions.

Nationalisation

Jusqu'aux mesures autoritaires de janvier, les dirigeants de la CTMB adoptent une attitude strictement juridique, invoquant la convention signée, en septembre 1957 (trois ans avant l'indépendance du Togo), entre la Compagnie togolaise des mines du Bénin (Cotomib), dont la CTMB est l'héritière, et le gouvernement de la république autonome du Togo.

La création d'un office togolais des phosphates, dont l'organisation et les structures sont directement inspirées de celles de l'office chérifien des phosphates, permet aux Togolais de fixer chaque année le prix du minerai qu'ils commercialisent eux-mêmes.

Auparavant, c'est l'Union phosphatière africaine (UPHA) qui fixait les prix. Or, cet organisme, qui regroupe essentiellement des utilisateurs de phosphates fabriquant des engrais, spéculait à la baisse. Bien que le gouvernement de Lomé évite d'employer le terme de nationalisation, il a procédé à une nationalisation de fait, après avoir tenté, sans succès, de contraindre le secteur privé à revoir sa politique.

Tunisie

Tunis. 5 380 000. 33.
Économie. PNB (70) 245. Production : G (70) 131 + A (*71) 120 + I (70) 120. Énerg. (*71) : 255. C.E. (70) : 14 %.
Transports. (*71) : 470 M pass./km, 1 372 M t/km. (*71) : 72 100 + 41 500. (*71) : 03 M pass./km.
Information. (69) : 4 quotidiens ; tirage global : 80 000. (70) : 388 000. (70) : 51 000. (68) : 44 800 fauteuils ; fréquentation : 8 M. (71) : 87 000.
Santé. (67) : 656. Mté inf. (69) : *125.
Éducation. (68). Prim. : 857 514. Sec. et techn. : 149 414. Sup. : 8 368.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959, amendée le 29 décembre 1969. Président de la République : Habib Bourguiba. Premier ministre : Hedi Nouira.

Djerba

La création de la « République arabe islamique », issue de la fusion entre la Tunisie et la Libye, le 12 janvier 1974, a l'effet d'une bombe. Préparé dans le plus grand secret, l'accord est signé à Djerba par Habib Bourguiba et le colonel Kadhafi. Le nouvel État devra avoir « une seule Constitution, un seul drapeau, un seul président, une seule armée, les mêmes pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires ». Cette union permettra à la Tunisie de rééquilibrer sa balance commerciale, d'éteindre une dette extérieure importante et ruineuse, et lui assurera une bonne croissance économique tout en échappant à la dépendance de l'étranger. Quant à la Libye, troisième producteur arabe de pétrole, elle trouvera une main-d'œuvre qui lui fait cruellement défaut. Aussi la nouvelle déchaîne-t-elle d'importantes manifestations d'enthousiasme (notamment de la jeunesse) dans les rues de Tunis comme dans celles de Tripoli.