Le nombre élevé des votants par rapport aux inscrits, le pourcentage infime des bulletins nuls, le chiffre extrêmement élevé des « oui » dans la région de Bamako (97,82 %), où cependant les militaires sont censés avoir réalisé leur score le plus faible parce que le mécontentement y sourd, n'abusent personne.

Tout est en réalité destiné à préparer la candidature du colonel Moussa Traoré à la magistrature suprême (la nouvelle Constitution prévoit que le futur président sera élu pour cinq ans). Quant à l'Assemblée nationale, dissoute depuis six ans, il est prévu que ses membres seront désignés sur une liste unique (à soumettre aux suffrages populaires) par les officiers putschistes eux-mêmes. Des mesures ont été mises au point pour que tous ceux qui, sous l'ancien régime, ont exercé des responsabilités politiques ou syndicales soient écartés légalement du futur Parlement.

Famine

Aucune des personnalités incarcérées depuis novembre 1968 n'est passée en jugement. L'ancien président Modibo Keita est interné dans la région de Kidal, au cœur d'une zone désertique. L'ancien président de l'Assemblée nationale, Haidara Mahamane Alassane, est mort en prison, et les protestations se multiplient à l'étranger pour que le colonel Moussa Traoré consente à élargir ses prisonniers.

C'est avec leurs propres collègues (lorsque ceux-ci ne partagent pas leurs vues sans réserve) que les membres de la junte se révèlent des gens inflexibles. Plusieurs officiers, qui ont pourtant joué un rôle décisif dans le putsch de novembre 1968, sont envoyés aux travaux forcés dans les salines sahariennes de Taoudeni.

C'est là, notamment, que trouve la mort l'ancien capitaine Dioro Diakhite, considéré comme le principal instigateur du putsch. C'est en août 1974 que les autorités de Bamako reconnaissent le décès, « dû à une défaillance cardiaque », de l'homme qui a évincé l'ancien président Keita.

Enfin, mettant à profit la sécheresse terrible qui sévit sur la partie septentrionale du Mali, le colonel Moussa Traoré utilise adroitement la famine comme arme politique pour réduire le particularisme Targui. Regroupés dans des camps, les survivants des grandes tribus nomades qui n'ont pas pu fuir en Algérie ou au Niger sont décimés, alors que les grandes organisations internationales ont tout mis en œuvre pour leur acheminer des secours en vivres et en médicaments.

Maroc

Rabat. 15 830 000. 34.
Économie. PNB (71) 242. Production : G (70) 128 + A (*71) 143 + I (70) 131. Énerg. (*71) : 205. C.E. (71) : 14 %.
Transports. (*71) : 549 M pass./km, 2 696 M t/km. (*71) : 242 100 + 90 500.  : 47 000 tjb. (*71) : 462 M pass./km.
Information. (71) : 13 quotidiens ; tirage global : *242 000. (71) : 1 002 000. (71) : *223 000. (67) : 107 700 fauteuils ; fréquentation : 18,2 M. (71) : 171 000.
Santé. (69) : 1 144.
Éducation. (69). Prim. : 1 142 810. Sec. et techn. : 295 434. Sup. : 12 770.
Institutions. État indépendant le 2 mars 1956 (le 8 avril 1956 pour l'ex-zone nord espagnole). Monarchie constitutionnelle. Nouvelle Constitution du 1er mars 1972, approuvée par référendum. Souverain : Hassan II ; succède le 3 mars 1961 à son père Mohamed V, décédé. Premier ministre : Ahmad Osmman.

Procès

Devant le tribunal militaire de Kenitra s'ouvre, le 25 juin 1973, le procès des 159 inculpés pour « atteinte à la sûreté de l'État et tentative de renversement du régime ». Il leur est reproché d'avoir, le 3 mars 1973, attaqué le poste administratif de Moulay Bouazza, pour s'emparer d'armes et de munitions (Journal de l'année 1972-73) et d'avoir ouvert le feu sur les forces royales à Tinghir et à Goulmina. Des groupes armés, venus d'Algérie, ont déposé des bombes à Oujda, Nador, Casablanca et Rabat.

Mais, surtout, c'est un réseau de subversion que le pouvoir entend réprimer en accusant l'Union nationale des forces populaires (UNFP) de contrôler cette organisation secrète. Verdict le 30 août : 16 condamnations à mort, 15 peines de prison à perpétuité, 56 peines de prison à temps, 72 acquittements.

Mais aucune libération n'intervient pour ceux qui sont acquittés ou condamnés avec sursis : ils sont « maintenus en détention dans le cadre d'une enquête préliminaire relative à d'autres infractions à la loi ». Sur pourvoi du procureur du roi, auquel la Cour suprême fait droit en prononçant la cassation, 13 condamnés à des peines légères sont à nouveau déférés devant le tribunal de Kenitra. Verdict de ce second procès le 18 janvier 1974 : 6 peines capitales, 3 réclusions perpétuelles et 4 peines de trente ans de prison. En outre, 62 condamnations à mort par contumace sont prononcées.