Le Consistoire de Paris créa également un service de relations publiques, et fit diverses actions spectaculaires à Paris et en banlieue pour resserrer les liens avec les fidèles.

Cette année a vu le grand rabbin de France, Jacob Kaplan, recevoir de nouvelles distinctions : médaille de vermeil de la Ville de Paris, création d'une chaire à l'université hébraïque Bar-Ilan. Le grand rabbin de France joua également un rôle important dans la création de la Maison de France à Jérusalem, à laquelle la communauté juive apporta un concours substantiel.

Dans le domaine de la culture, on relèvera la création près de Paris, par l'Agence juive, d'un centre culturel Avivim, qui réunit chaque week-end d'importants groupes de jeunes et est devenu rapidement un centre permanent de confrontations et de débats ; une soutenance de thèse du rabbin Charles Touati, professeur au séminaire israélite de France, sur Gersonide, un des plus illustres exégètes français du Moyen Âge.

On retiendra enfin que le séminaire réformé de Cincinnati a décidé que des femmes pouvaient recevoir l'ordination rabbinique.

Les musulmans

L'indépendance du Bangla Desh est un événement significatif pour le monde musulman : dans ce conflit, les réalités ethniques, économiques et culturelles se sont révélées plus puissantes que la solidarité islamique, sans cesse réaffirmée en terre d'Islam. C'est d'ailleurs au nom de cette solidarité que, dans un premier temps, la plupart des pays musulmans se sont montrés généralement favorables au Pakistan contre l'Inde, quitte à reconnaître ensuite assez vite les réalités.

Le cinquième séminaire de la pensée islamique, qui se tient à Oran (Algérie) en juillet 1971, manifeste aussi le souci de défendre l'originalité de l'Islam sur les plans économique et politique. Il recommande la création d'un Conseil économique islamique commun à tous les pays musulmans, d'une banque internationale islamique de développement, d'une chambre de commerce et d'industrie commune, d'un organisme de tourisme intermusulman et d'une grande université scientifique islamique.

Ce même séminaire a, d'autre part, formellement condamné les mariages mixtes et l'adoption par les États musulmans de toute politique systématique de limitation des naissances. Il estime, en effet, que les mariages de musulmans avec des non-musulmans représentent un grave danger pour la société islamique. Aussi réclame-t-il que les États musulmans adoptent une législation stricte interdisant de tels mariages et que l'accès aux écoles chrétiennes soit interdit à tous les jeunes musulmans.

À l'opposé de cette attitude, certains milieux intellectuels musulmans souhaitent le développement d'un dialogue entre musulmans et chrétiens. Une réunion destinée à cet effet se tient au début de décembre 1971 à Genève. L'initiative est prise par Samartha, responsable, au sein du Conseil œcuménique des Églises, du programme de « dialogue avec les adeptes des croyances et idéologies de notre temps ». Les participants décident d'organiser en juillet 1972 une importante rencontre sur le thème : « À la recherche de la compréhension et de la coopération musulmanes ». Chrétiens et musulmans devraient y prendre part dans des proportions à peu près égales, en assurant la représentation des différentes parties du monde.