Le projet, lancé au terme d'études qui ont duré un an, prévoit des échanges entre les savants et les instituts scientifiques de 23 pays. En France, à la suite de vives protestations élevées par le député Lucien Neuwirth contre le retard apporté à la publication des décrets d'application de la loi réglementant la contraception, ces textes ont finalement paru le 8 mars 1972.

Le LRF hormone de la fertilité

Un chercheur français qui travaille depuis longtemps aux États-Unis, le docteur Robert Guillemin, a annoncé la découverte et la synthèse de l'hormone qui déclenche l'ovulation chez les femmes. Elle est sécrétée par l'hypothalamus, petite glande située à la base du cerveau et qui joue un rôle important dans le contrôle des hormones sexuelles.

Depuis quelques années déjà, on savait que les glandes sexuelles sont stimulées par l'hypophyse, elle-même stimulée par l'hypothalamus. Entre les années 1960 et 1963, le docteur Guillemin avait démontré que les messages de l'hypothalamus à l'hypophyse se transmettent par deux substances baptisées, l'une TRF, d'après les initiales des mots anglais signifiant facteur stimulant la libération de thyrotropine (la thyrotropine est une hormone produite par l'hypophyse), l'autre LRF (facteur hypothalamique d'ovulation).

C'est le LRF que le docteur Guillemin a d'abord isolé à partir de cervelles de moutons, pour en réussir quelques mois plus tard la synthèse.

On étudie actuellement la toxicité éventuelle du produit avant de l'essayer en clinique humaine.

Les transplantations problèmes pour les biologistes

Les greffes du cœur continuent de soulever dans les milieux médicaux des polémiques qui prennent souvent un tour très vif. La majorité des cardiologues ont renoncé à pratiquer des transplantations tant que n'auront pas été pleinement comprises et maîtrisées les réactions d'immunité. Après avoir frôlé la centaine en 1968, le nombre annuel des greffes, depuis, n'a cessé de diminuer.

Christian Barnard, qui réalisa la première transplantation cardiaque, a greffé le 26 juillet 1971 un ensemble cœur-poumons à un patient qui a survécu 23 jours.

À l'université Stanford, Norman Shumway, qui mit au point la technique des greffes cardiaques déclare : « Si un patient se maintient pendant six mois sans problème grave, les phénomènes de rejet diminuent. Si nous savions provoquer la tolérance à l'avance, nous le ferions avant de pratiquer la greffe. C'est une chose qui se passe au niveau de la cellule. Cela ne relève pas de la chirurgie, mais de la biologie cellulaire. »

Une greffe du foie tentée à Montpellier le 13 mai 1972 a échoué. À Beyrouth, on a annoncé une greffe de testicules, la première semble-t-il.

Écologie

Une tâche planétaire

Après une période au cours de laquelle l'opinion a été sensibilisée, dans un style parfois dramatique, aux problèmes de l'environnement, les pouvoirs publics, dans tous les pays industriels, entreprennent sur une grande échelle des actions tendant à stabiliser ou à réduire les principaux facteurs de pollution. À mesure qu'on les recense et qu'on en évalue quantitativement l'ampleur et les effets, l'entreprise apparaît plus difficile, et plus insuffisants les moyens jusqu'ici mis à la disposition des organismes responsables. Cependant, les résultats déjà obtenus dans quelques cas ponctuels prouvent qu'en dépit des prédictions pessimistes la détérioration du milieu par la civilisation industrielle n'est nullement irréversible. À Londres, la pollution de la Tamise est déjà en nette régression, et l'on voit revenir dans l'estuaire des espèces animales qui en avaient disparu. À Paris, en peu d'années, la teneur de l'air en bioxyde de soufre a diminué de plus de moitié.

Le plan Poujade

Le décret obligeant les fabricants de lessive et de produits nettoyants à ne mettre en vente en France que des produits biodégradables à 80 % est entré en vigueur en octobre 1971. Il devrait faire disparaître de nos rivières et de nos canaux les bancs de mousse qu'y accumulaient les détergents non dégradables par les bactéries. En janvier 1972, le ministère de la Protection de la nature et de l'environnement, créé un an auparavant, lance un train de mesures concrètes réparties dans les secteurs les plus divers : création de réseaux de surveillance de la composition de l'air, mise en place de brigades chargées de la prévention, du contrôle et de la répression du bruit et de la pollution atmosphérique, études sur l'automobile électrique, aménagement d'espaces boisés, assainissement des lacs des Alpes... Le coût des opérations décidées s'élève à 144 millions de francs.