De 19 h à 19 h 15, une émission destinée aux enfants se propose d'apprendre aux petits citadins les mystères, quelque peu oubliés, de la nature et aux petits ruraux les phénomènes de la vie moderne. De 19 h 15 à 19 h 35, initiation musicale, théâtrale, cinématographique et linguistique. À 19 h 35 commence la première émission importante de la soirée : film, dramatique, reportage, documentaire historique, concert ou transmission théâtrale, d'une durée de cinquante minutes.

De 20 h 30 à 21 h, diffusion d'un feuilleton français. La série inaugurale sera vraisemblablement la Porteuse de pain de Xavier de Montépin, adaptée par René Wheeler et réalisée en treize épisodes par Marcel Camus, transfuge du cinéma (Mort en fraude, Orfeu negro) ; dans les principaux rôles, Martine Sarcey, Jacques Monod et Jean-Paul Moulinot.

De 21 h à 21 h 45, émission magazine ou documentaire, sauf pendant le week-end, et à 21 h 45 nouvelle diffusion du journal régional, après décrochage de chacune des stations. Le journal télévisé de la troisième chaîne termine la soirée. Il est réalisé à partir du journal parlé de France-Inter, mais comporte 50 % d'images.

On prévoit qu'en 1976 15 millions de récepteurs seront installés en France (un par foyer). À la fin du VIe Plan, fin 1975, 80 % des Français pourront capter la troisième chaîne. Dès 1974, la plupart des grandes villes et des centres importants devraient être desservis : Abbeville, Amiens, Avignon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Longwy, Lyon, Marseille, Metz, Mézières, Mulhouse, Nantes, Rennes, Sarrebourg, Toulouse.

Les programmes diffusés pendant la période de rodage — environ mille cent heures par an — correspondent à une augmentation de 20 % du nombre des heures diffusées par la télévision française. 60 % du programme de la troisième chaîne sont produits par l'ORTF, dont 30 % sont dus à la production régionale, ce qui représente deux cent trente-cinq heures d'émissions, soit six fois plus que la demande des années précédentes (cinquante heures en 1970 pour les 1re et 2e chaînes). Les 40 % du programme produits à l'extérieur (achat et coproduction) seront en majeure partie français ou, au moins, francophones.

Équilibré et harmonieux, le projet est séduisant. Reste à savoir si le résultat sera satisfaisant et si cette troisième chaîne donnera aux Français un goût nouveau pour la télévision.

Radio

Des formules toujours nouvelles

Le succès remporté par la dernière-née des stations, FIP 514 (Journal de l'année 1970-71), est le phénomène le plus marquant de la saison radiophonique 1971-72.

Une enquête effectuée à peine quatre mois après sa création montrait que les indices d'intérêt comparés étaient de 60 pour FIP contre 45 pour France-Inter, 16 pour Europe no 1 et 10 pour RTL. Depuis, d'autres sondages ont suivi. On constate que la fidélité double dans les foyers équipés d'une automobile pour tripler dans ceux où la voiture comporte un autoradio.

En liaison permanente avec les centres de contrôle de circulation routière et de météorologie et avec la Préfecture de police, FIP 514 dispense, en plus de ses informations pratiques, un programme musical qui, pour être décontracté et présenté par une voix — elles sont huit — féminine, suave, quelque peu sophistiquée, mais non dénuée d'ironie, n'en est pas moins savamment élaboré pour créer une atmosphère feutrée et relaxante : chaque heure de programme comporte 57 minutes de musique, dont 40 % de jazz, 20 % de classique, 10 % de chanson française, 10 % de chanson américaine, 5 % de pop et 5 % de folk. Révélée au public de la France entière grâce à une transmission nationale, sous le titre de FIV (France-Inter-Vacances), pendant l'été, l'expérience consolide son succès. La chaîne de complément est devenue une formule originale. Le programme est donc prolongé aux soirées et aux week-ends et diffusé en modulation de fréquence. Jacques Sallebert, directeur de la Radio nationale (il succède le 3 septembre 1971 à Roland Dhordain appelé à la télévision), annoncera, en mars 1972, la création de FIM, France-Inter-Marseille. L'équipement d'autres grandes villes est envisagé. Le succès de cette chaîne où les mots sont dispensés avec parcimonie, est significatif de l'état d'esprit des auditeurs. Ce devrait être une leçon d'humilité pour bon nombre de présentateurs.

Modulation de fréquence

Le premier propos du nouveau directeur de la Radio nationale est de promouvoir en France la modulation de fréquence, parente pauvre si on la compare aux autres pays européens. Sur trente millions de récepteurs de radio, 20 % seulement sont équipés MF en France, alors que ce pourcentage atteint 95 en Allemagne. Sur les deux millions et demi de postes vendus en France en 1971, seuls huit cent mille comportaient la modulation de fréquence. En plus de la campagne d'information présentée régulièrement à la télévision, il s'agit d'attirer le jeune auditoire vers la modulation de fréquence en diffusant, par exemple, des concerts de jazz sur France-Musique. Le privilège représenté par les deux cents émetteurs à courte portée, qui couvrent 95 % de l'Hexagone — installations irréalisables pour les stations périphériques dont les émetteurs se trouvent à l'étranger — doit être exploité à fond.