Amérique

Canada

21 410 000. 2. 1,8 %.
Économie. PNB (68) 2 997. Production (69) : G 135 ; A *106 ; I 144. Énerg. (*69) : 8 794. C.E. (68) : 20 %.
Transports. (*69) : 3 891 M pass./km, 140 830 M t/km. (*69) : 6 433 300 + 1 682 500.  : 2 400 000 tjb. (*69) : 12 996 885 000 pass./km.
Information. (68) : 118 quotidiens ; tirage global : 4 527 000. (69) : *14 740 000. (68) : *6 100 000. (67) : 655 700 fauteuils ; fréquentation : 97,6 M. (69) : 9 303 000.
Santé. (68-69) : 28 163. Mté inf. (68) : 20,8.
Éducation. (68). Prim. : 3 832 309. Sec. et techn. : 1 616 920. Sup. : 477 967.
Institutions. État fédéral indépendant en 1931 (Statut de Westminster). Constitution de 1867. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Daniel Roland Michener. Premier ministre : Pierre Elliot Trudeau.

Année préélectorale dominée par les problèmes économiques

Au terme d'un mandat de quatre années, le gouvernement libéral du Premier ministre Pierre Elliott Trudeau présente un bilan peu brillant : l'unité canadienne menace de s'effriter plus que jamais ; l'économie souffre de l'inflation ; le taux de chômage demeure très élevé ; la société, celle du Québec en particulier, est secouée par de perpétuelles crises.

Déçus, sinon inquiets, les Canadiens sont de plus en plus hostiles au gouvernement libéral à la veille des élections législatives fédérales (prévues en principe pour juin 1973). Les sondages indiquent, en effet, une baisse marquante de la popularité du parti de P. E. Trudeau, cependant qu'on note une remontée sensible de celle du parti conservateur dirigé par l'ancien Premier ministre de la province de la Nouvelle-Écosse, Robert Stanfield.

Par son attitude intransigeante et quelquefois arrogante, P. E. Trudeau s'est aliéné la sympathie d'une partie importante de la population, surtout celle des chômeurs et des travailleurs.

Sa façon d'aborder la sempiternelle question constitutionnelle lui est surtout reprochée. Les politiques centralisatrices de son gouvernement dans les domaines social, urbain, culturel et économique, qu'il défend avec acharnement, élargissent encore plus le fossé qui sépare le Québec, où s'amplifie le mouvement séparatiste, du reste du Canada.

Les partisans de l'unité canadienne qui se réjouissaient, il y a deux ans, de l'élection au Québec d'un Premier ministre profondément fédéraliste et du parti libéral, Robert Bourassa, avec lequel P. E. Trudeau aurait pu établir des relations normales, déchantent à présent. Non seulement le Premier ministre canadien ne peut s'entendre avec ce dernier sur une réforme de la Constitution, mais il le force à durcir les positions de son gouvernement sur la question du partage des pouvoirs législatifs.

Confrontation

Depuis quatre ans, la révision constitutionnelle se poursuit sur deux longueurs d'ondes bien différentes. Conscient de ses problèmes et aspirations profondes, le gouvernement québécois ne cesse d'insister sur le partage des pouvoirs. De son côté le gouvernement fédéral d'Ottawa, appuyé par l'opinion anglo-canadienne, centre le débat sur les droits politiques, individuels et linguistiques, ainsi que sur des mécanismes pour assurer la bonne marche du fédéralisme.

C'est dans cet esprit que s'ouvre, le 14 juin 1971, la septième conférence constitutionnelle à Victoria, capitale très britannique de la centenaire Colombie, la dernière province à l'ouest du Canada. Le Premier ministre Trudeau saisit, au début de la rencontre, ses dix homologues des provinces d'une formule de rapatriement et d'amendement à la Constitution qui se trouve à Londres. De toutes les provinces, seul le Québec pose une condition à son acceptation : la primauté législative en affaires sociales par une modification de l'article 94 A de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique.

Appuyé par l'opposition au Québec, Robert Bourassa suit la ligne des gouvernements antérieurs, de Maurice Duplessis à Jean-Jacques Bertrand. Il réclame la reconnaissance plus nette de la spécificité de la société québécoise dans l'ensemble canadien. Cependant, P. E. Trudeau tient fermement à ce qu'un accord se fasse d'abord sur la formule d'amendement avant que le partage des pouvoirs ne soit discuté. Au nom de la légalité et de la répartition des richesses d'un bout à l'autre du Canada, il refuse au Québec la priorité législative en matière de politique sociale.