Toutes les installations du bord (servitudes et instruments scientifiques) ont parfaitement répondu aux ordres venant du Centre spatial de Brétigny. C'était pour ce dernier l'occasion d'inaugurer une nouvelle salle de contrôle puissamment outillée, où une vingtaine de spécialistes et de savants peuvent reconnaître à chaque instant, en temps réel, la situation des différents organes et instruments du satellite, qu'ils peuvent télécommander de leur fauteuil.

Le CNES a proposé son lanceur Diamant B et ses services pour assurer la mise en orbite d'engins pour le compte de tout client éventuel. Les moyens offerts sont très fiables : le lancement de Tournesol était la septième réussite sur les sept tirs de Diamant faits par le CNES.

Les activités de la recherche spatiale française ne se sont pas limitées au lancement de satellites. En vue d'une expérience Eole, l'un des ballons stratosphériques, d'un diamètre de 4 mètres, porteur d'un équipement électronique, avait été lâché le 26 mai 1969 de la station sud-africaine du CNES (à Pretoria). Le 20 janvier 1971, ce ballon bouclait son 40e tour de la Terre, après avoir battu depuis longtemps tous les records aérostatiques de durée et de distance.

Sous l'égide du CNES français s'est ouverte en janvier 1971 la campagne géodésique internationale SAGEX. Pendant des mois, des spécialistes de 16 pays ont photographié des satellites sur un fond d'étoiles (servant de référentiel) ou ont projeté des faisceaux lasers sur les satellites munis de miroirs ; tout cela pour améliorer la précision des mesures géodésiques, mieux déterminer des coordonnées géographiques locales et, à long terme, dresser des cartes plus exactes.

Astronomie

Découverte de deux galaxies cachées par la Voie Lactée

L'astronome P. Maffei décelait en 1970 deux objets de nature inconnue en observant à l'infrarouge une région de l'espace dans laquelle le rayonnement des longueurs d'onde optiques est intercepté par les poussières et les gaz interstellaires de la Voie lactée. Ces objets ont été étudiés, de novembre 1970 à février 1971, à l'aide du radiotélescope de Nançay.

L'objet Maffei 2 a été identifié comme une galaxie spirale de dimensions moyennes, située à environ 9 millions d'années-lumière de notre propre Galaxie. D'autre part, la découverte d'une extension d'hydrogène neutre vers Maffei 1 indique que Maffei 2 est un satellite du premier. Ces observations complètent parfaitement celles qui ont été effectuées en infrarouge aux États-Unis, et qui avaient démontré la nature de grande galaxie elliptique de Maffei 1. Les résultats de Nançay placent le groupe ainsi identifié hors de l'amas local de galaxies dont nous faisons partie, mais quatre fois plus près que les plus proches des grandes elliptiques actuellement connues, dont le rayonnement radio sur la raie 21 cm de l'hydrogène neutre reste bien trop faible pour être détecté, contrairement à celui des galaxies spirales.

Avec un rayonnement seize fois plus intense (l'intensité du rayonnement varie comme le carré de la distance), Maffei 1 offre pour la première fois l'espoir d'une étude radio, difficile certes, mais théoriquement possible, d'une galaxie elliptique, ce qui permettrait enfin une meilleure connaissance de ces importants objets.

Océanographie

Sel, pétrole, et tectonique des plaques

Le fond de la Méditerranée est tapissé d'une épaisse couche de sel : tel est un des résultats rapportés par le navire océanographique Glomar Challenger de sa campagne en Méditerranée, la première qu'il ait effectuée dans cette mer, et la treizième du Deep Sea Drilling Project (DSDP), le programme de carottage des grands fonds marins subventionné par la National Science Foundation des États-Unis.

La couche de sel, qui atteindrait en certains endroits un millier de mètres d'épaisseur, se serait formée il y a 5 à 6 millions d'années. L'exploration de la Méditerranée par des méthodes géophysiques avait laissé présager, ici ou là, l'existence de sel. Mais, jusqu'à la double conférence de presse du 9 octobre 1970, tenue simultanément à Paris et à New York, personne n'en avait fourni la preuve.

Dômes de sel

Cette couche de sel a été remaniée en maints endroits, formant des dômes ou diapires. Or l'on sait que, fréquemment, les gisements de pétrole sont piégés dans la partie supérieure de dômes de sel. Mais, pour le moment, il est impossible de dire si les fonds de la Méditerranée renferment ou non du pétrole. Ce n'est pas avec 22 forages réalisés sur 14 sites que l'on peut acquérir des certitudes de ce genre. En outre, aucun forage n'a été poussé assez loin pour atteindre la zone d'où l'on aurait pu remonter des indices de pétrole ou de gaz, s'ils existent. Le deuxième forage de la première campagne du DSDP, réalisé sur un dôme de sel des Sigsbee Knolls du golfe du Mexique, avait effectivement trouvé des traces de pétrole et de gaz par 3 580 m de fond, révélant du même coup, pour la première fois au monde, qu'on pouvait trouver des hydrocarbures en mers profondes. Mais si un trépan pénétrait dans une poche de pétrole ou de gaz, il risquerait de déclencher une éruption sous-marine, une source intarissable de pollution de la mer, car, en l'état actuel des techniques, on ne saurait l'arrêter. La National Science Foundation a donc interdit formellement de forer au-delà de quelques mètres sur les dômes de sel. Si l'existence de pétrole était prouvée sous la Méditerranée, il resterait à trouver les techniques d'exploitation d'un gisement caché sous de telles profondeurs d'eau.

Mer fermée

Comment cette couche de sel s'est-elle formée ? Les faits actuellement connus suggèrent une hypothèse : il y a 5 à 6 millions d'années, la Méditerranée a été complètement coupée de l'Atlantique. Mer fermée, soumise de surcroît à une évaporation intense, la Méditerranée a connu alors un régime lagunaire qui a permis le dépôt d'épaisses couches de sel dépourvues de tout fossile, puisque aucun organisme ne peut vivre dans des eaux trop salées. Ce régime lagunaire de climat aride a connu de brefs intermèdes plus humides, si bien que de minces couches de sédiments fossilifères se sont intercalées dans les dépôts de sel, permettant de les dater.