Celle-ci souffre également de la dispersion des laboratoires entre les universités, le CNRS, les instituts spécialisés, les organismes directement rattachés au Premier ministre (comme le Commissariat à l'énergie atomique). Si cette diversité confère de la souplesse aux programmes de recherche, une certaine coordination apparaît nécessaire entre les laboratoires travaillant dans une même discipline.

C'est pour cette raison qu'ont été fondés, depuis 1967, le Centre national d'exploitation des océans (CNEXO), l'Institut de recherche d'informatique et d'automatisme (IRIA), l'Agence nationale pour la valorisation de la recherche (ANVAR), l'Institut national d'astronomie et de géophysique (INAG). Le mois d'avril 1971 a vu naître l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (I N2 P3). Rattaché au CNRS, mais disposant d'un budget séparé, il coordonnera, dans le domaine de la physique des particules, les investissements et l'activité d'une dizaine de laboratoires universitaires et de laboratoires propres du CNRS.

La dénonciation des nuisances, les griefs qu'elle inspire contre la science, la concurrence budgétaire entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée ne sauraient arrêter le cours du progrès scientifique et technologique.

La contestation des crédits de la recherche biologique s'arrête dès qu'on évoque la lutte contre le cancer et les tares héréditaires. La pollution de l'eau par les détergents est en passe d'être vaincue non par un retour à la lessive de cendres, mais par un nouveau pas en avant de la chimie, réalisant des détergents biodégradables. La pollution par les emballages en polymères est sur le point de recevoir une solution semblable.

Nouvelles mutations

Les liens inextricables qui unissent la connaissance fondamentale aux applications pratiques sont illustrés par la physique des plasmas, qui intéresse aussi bien les étoiles à neutrons que les nouvelles sources d'énergie (MHD et énergie de fusion).

L'essor de la téléinformatique, les possibilités apportées à l'électronique par des techniques telles que les semi-conducteurs amorphes ou les cristaux liquides annoncent de nouvelles mutations technologiques et sociales, auxquelles on doit se préparer.

Ce n'est donc pas la science et la technique qu'il convient de mettre en cause, mais la façon dont la société les emploie. Des institutions internationales comme l'OMS ou l'OCDE l'ont bien compris.

La Terre et l'espace

Astronautique

Triomphe de l'automatisme, catastrophe d'un engin habité

Les années spatiales se suivent et ne se ressemblent pas : 1969-70 fut, en quelque sorte, une année américaine ; 1970-71 aura fait une large part aux Soviétiques. Ils l'ont payée, il est vrai, par la mort en vol de trois de leurs cosmonautes.

Ce qui aura caractérisé aussi ces douze mois, c'est une série d'événements et de mutations qui témoignent d'un tournant de la recherche spatiale. Les engins automatiques d'exploration lunaire ont commencé à prendre le pas sur les vaisseaux habités. Le programme Apollo a été réduit. Le dernier des Venera a enfin échappé au sort que Vénus semblait réserver aux intrus terriens. On dispose ainsi d'informations permettant la mise au point d'une nouvelle génération de sondes vénusiennes.

La NASA, à la recherche du second souffle, traverse une crise. La collaboration internationale se développe là où elle ne se heurte pas aux tabous militaires et économiques. Le monopole de fait des USA (hors du monde socialiste) en matière de télécommunications par satellites est entamé par les pays usagers, notamment par une initiative française (à laquelle se sont associées l'Allemagne de l'Ouest et la Belgique).

L'Europe se tourne vers les applications spatiales et vote des budgets plus importants. Par rapport à 1970, la France a augmenté de 18 % son budget pour les frais de fonctionnement du CNES (Centre national d'études spatiales), de 20 % pour les crédits de paiement, de 6,25 % pour les autorisations de programme nationales et de 77,50 % pour les autorisations de programme internationales. Cela est significatif : la France entend, après s'être fait la main pendant huit ans, que l'Europe spatiale s'engage dans des réalisations utilitaires : satellites de télécommunications, de radionavigation, météorologiques, etc.

« Luna 16 » aller et retour

Depuis 1959, le programme Luna a permis aux spécialistes soviétiques de réaliser méthodiquement les différentes sortes de missions lunaires comprises entre le simple impact sur la Lune d'un boulet aux armes de l'URSS et le ramassage d'échantillons lunaires ramenés à la Terre, cette dernière opération étant à maints égards comparable à une mission Apollo, mais accomplie sans équipage par des moyens cybernétiques et par télécommande.