Le machinisme agricole connaît des difficultés sérieuses depuis novembre 1969 (en 1970, les immatriculations de tracteurs agricoles neufs ont diminué d'environ 20 % par rapport à celles de l'année précédente) et son chiffre d'affaires — 3 milliards de francs en 1970 — est resté stable, ce qui, compte tenu de la progression des prix, correspond à une diminution d'environ 6 %.

Dans l'ensemble des industries mécaniques, les commandes étaient, au début de l'été 1971, en nette augmentation (+ 18 %) et les carnets des entreprises étaient bien garnis.

Les exportations — 16,50 milliards de francs — ont sensiblement plus progressé (+ 29 % contre 20 % en 1969) que les importations — 17,50 milliards de francs (+ 21 %). La balance commerciale de la branche, qui reste déficitaire, s'est donc sensiblement améliorée. Quant au total des effectifs (690 000 salariés à la fin de décembre), il a progressé de 6 % (+ 2 % en 1969). La progression est plus accentuée dans le groupe de l'équipement (+ 7,4 %) ; les effectifs continuent à décroître dans le groupe des industries connexes (– 1,7 %).

Au total, les industries mécaniques et transformatrices des métaux sont allées au-delà du « contrat » proposé par le Ve Plan (1966-1970), qui s'est terminé à la fin de l'an dernier. En moyenne annuelle, la production en volume a crû de 7,40 %, au lieu des 5,20 % prévus. Pour les exportations, les résultats sont encore plus satisfaisants : on avait projeté une augmentation de 7,9 % chaque année ; elles ont progressé de 14,30 %; les importations se sont accrues de 9,7 % (au lieu des 14,4 % prévus).

Automobile

Exportations : un record fragile

« Notre avenir est sur mer ». En 1970, les constructeurs français d'automobiles peuvent faire leur la formule de Bismarck : plus de la moitié (55 %) de la production nationale a été vendue sur les marchés extérieurs. Record que les industriels célèbrent avec des sentiments mélangés, où la satisfaction se teinte d'inquiétude.

La satisfaction se nourrit d'un chiffre spectaculaire, 2 458 038 voitures particulières produites en un an, soit une progression de 13,4 % par rapport à 1969 ; et une comparaison qui laisse songeur par rapport à 1965 : cinq ans plus tôt, en effet, la production française atteignait seulement 1 423 365 voitures. Pour l'ensemble (voitures particulières et utilitaires), ce sont 2 750 154 véhicules qui ont été construits, soit 11,2 % de plus qu'en 1969, confirmant la quatrième place de constructeur mondial de la France, après l'Allemagne de l'Ouest, mais avant la Grande-Bretagne.

Tous les constructeurs participent à ce palmarès, mais surtout Renault, avec 1 159 745 véhicules (+ 14,9 %), et Peugeot, 576 662 véhicules (+ 17,9 %), tandis que Citroën, 540 157 véhicules (+ 6,8 %), et Simca, 402 870 véhicules (+ 3,8 %), se contentent d'améliorer leurs positions.

Mais l'inquiétude de tous les constructeurs provient de la stagnation du marché intérieur, provoquée par les restrictions de crédit (versement initial devant atteindre 40 % du prix et durée du crédit limitée à 21 mois) et la hausse de la TVA, portée au taux de luxe de 33,33 %. En 1970, les constructeurs français n'ont vendu que 1 039 513 voitures en France et 1 394 456 à l'étranger. Ce déséquilibre trop accentué préoccupe les industriels, qui redoutent de devenir tributaires de la conjoncture plus ou moins flottante de pays étrangers.

Cette préoccupation est d'autant plus forte qu'en 1970 le combat entre les géants de l'automobile n'a fait que s'accentuer. En France, l'association Renault-Peugeot se développe de façon satisfaisante, avec, notamment, la construction d'une usine de moteurs et d'une usine de boites de vitesses automatiques dans le Nord, la prise de contrôle en commun de Brissoneau et Lotz, etc. ; Fiat se partage avec Michelin — sur la base de 49-51 % des actions — la direction du holding qui coiffe Citroën : sur le marché, la firme de Javel contre-attaque avec la sortie, attendue depuis des années, d'une voiture de moyenne cylindrée, la GS, qui, avec la SM, voiture de prestige réalisée avec Maserati, complète la gamme de la firme, tandis que Pierre Bercot abandonne la présidence de la société Citroën aux mains de F. Rollier, cogérant de Michelin. Enfin, le 4e constructeur français, passé sous les couleurs américaines, perd son nom de Simca et devient Chrysler-France.