Coopération

La France dans la lutte contre le sous-développement

Le budget français de la Coopération se ressent de la politique générale d'austérité décidée par le gouvernement. Le budget 1970, et plus précisément-la dotation destinée aux missions d'aide et de coopération en faveur des dix-huit États africains et malgaches associés à la Communauté économique européenne (CEE), est en diminution par rapport à celui de 1969. Le montant, qui est de 1 120 866 597 F, accuse une différence de 40 028 538 F sur le budget précédent. C'est le plus faible montant enregistré depuis 1967 et il rejoint en fait, en prix courants, le niveau de celui de 1963.

Cependant, l'aide de la France aux pays en voie de développement progresse davantage que les années précédentes. Avec un montant de 7 300 millions de francs en 1968, l'augmentation est de 10,6 % par rapport à 1967.

L'aide privée augmente

Première caractéristique à retenir, la prédominance de l'aide publique s'atténue ; elle représente 57,7 % du total des concours apportés, contre 61,5 % en 1967. Par contre, l'aide privée a augmenté de 21,7 %. Cette progression est essentiellement due aux crédits privés garantis, qui enregistrent une augmentation de 72,1 %. Ils concernent principalement l'Amérique, l'Asie et l'Algérie, alors que la part de la zone franc et de l'Europe diminue.

La répartition de l'aide sur le plan géographique montre qu'elle reste consacrée en majorité aux pays de la zone franc (64 %), mais que les pays hors zone franc reçoivent une part croissante, de l'ordre de 36 %.

À l'intérieur de la zone franc, la répartition se modifie entre les principales parties prenantes : c'est ainsi que l'aide accordée aux États d'Afrique du Nord s'accroît. Il est vrai que depuis 1961 l'aide aux États d'Afrique du Nord a subi une diminution importante provoquée notamment par le fléchissement de l'aide à l'Algérie. Mais la reprise s'amorce. Jusqu'en 1967, les transferts publics à l'Algérie allaient en diminuant, du fait de l'achèvement progressif des opérations financées au titre des accords d'Évian de 1962. La relève des structures primitives de l'aide par un nouveau système, fondé sur une coopération paritaire institutionnelle dans le secteur industriel et dans le secteur pétrolier (association coopérative), explique la reprise de l'aide publique, qui passe de 453,3 millions de francs en 1967 à 520 millions en 1968, soit une augmentation de 14,6 %.

0,75 % du budget français

Le montant des crédits de paiement de la coopération pour les dépenses ordinaires et en capital est en diminution de 3,4 % par rapport à 1969. Il ne représente que 0,75 % du budget.

Les dépenses d'assistance technique sont en légère hausse en raison du transfert d'une somme de 10 394 544 F destinée à la coopération culturelle, scientifique et technique avec le Congo-Kinshasa, le Rwanda et le Burundi, ces pays relevant désormais de la compétence du secrétariat d'État. Par contre, les crédits affectés au personnel de l'assistance technique sont amputés de 10 millions de francs. Le nombre des coopérants diminue.

Sur le plan de la recherche scientifique, les moyens de l'ORSTOM sont renforcés par la mise à sa disposition d'un crédit supplémentaire qui permettra, notamment, la création de 14 postes de chercheurs et de 6 postes de techniciens.

Les dépenses en capital sont sensiblement réduites, puisque la dotation du Fonds d'aide et de coopération en autorisations de programme passe de 314 600 000 F à 283 000 000 F, ce qui traduit une régression de 10 %.

En matière d'assistance technique, le nombre des coopérants sous contrat est passé de 8 839, au 1er janvier 1968, à 8 490 au début de 1969. En 1970, compte tenu de la diminution des crédits, une réduction des effectifs peut être chiffrée à 458. Les effets de cette mesure se feront sentir dans tous les États à des degrés divers, les réductions les plus importantes étant subies par Madagascar et le Sénégal.

L'aide financière totale apportée par la France aux pays en voie de développement a constamment dépassé 1 % de son produit national brut. Les derniers chiffres connus — ceux de 1968 — montrent que cette aide a été de 1,24 % du PNB. La France est l'un des rares pays qui se soient toujours conformés aux recommandations adoptées en 1964 et en 1968 par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).