Territoires d'Outre-Mer

Comores : un souci d'apaisement

La Chambre comorienne des députés désigne, en avril 1970, son président : le prince Saïd Ibrahim (descendant de l'une des familles aristocratiques de la Grande Comore), comme successeur du docteur Saïd Mohammed Cheickh, décédé. Pour apaiser les mécontentements locaux, il se rend à Mayotte, où depuis plusieurs mois s'exacerbe un courant particulariste. Les Mahorais, mécontents de ce que Saïd Mohammed Cheickh ait, en 1966, transféré le chef-lieu de l'archipel de la ville mahoraise de Dzaoudzi à celle de Moroni en Grande Comore, exigent le statut de département d'outre-mer pour leur île. En octobre 1969, des manifestations de femmes ont eu lieu à Mayotte ; une manifestante est tuée par les forces de l'ordre, plusieurs autres sont blessées. Après l'entrée en fonctions de Saïd Ibrahim, la tension retombe.

Le nouveau président se rend à Paris en avril ; il fait valoir au gouvernement que la population des Comores, qui représente 50 % de la population de la totalité des Territoires d'outre-mer, ne reçoit que 10 % des crédits octroyés à ces derniers.

Il demande une aide technique et financière accrue et insiste pour que soient développées les relations entre l'archipel et le monde extérieur. Les problèmes économiques et sociaux sont évoqués (un journalier agricole gagne à Mayotte moins de 2 F par jour).

Le développement de l'activité des partis politiques, l'action d'une minorité d'étudiants, l'existence à Dar es-Salam, en Tanzanie, d'un mouvement de libération nationale des Comores (MOLINACO) exigent une action rapide de la métropole. C'est ce que s'efforcent de faire comprendre au pouvoir central le prince Saïd Ibrahim et Jacques Mouradian, nommé gouverneur en novembre.

Tandis que l'Union démocratique comorienne (UDC), affiliée à l'UDR métropolitaine, se renforce grâce à son leader, le prince Saïd Ibrahim, d'autres partis s'organisent c'est le cas du Rassemblement démocratique des populations comoriennes (RDPC), dont les options se situent plus à gauche que celles de l'UDC et du Parti socialiste comorien (PASECO), émanation locale du MOLINACO de Tanzanie.

Nouvelle-Calédonie : expansion économique

Le développement de l'économie minière est activement encouragé. La production de minerai de nickel, qui a atteint 39 000 t en 1969, doit être progressivement portée à 200 000 t en 1976.

Aux quatre usines de traitement du nickel doit prochainement s'en ajouter une cinquième. Contrôlée par la compagnie française industrielle et minière du Pacifique (COFIMPAC), groupe franco-américain associant le Bureau de recherches géologiques et minières (60 %) et l'International Nickel Company of Canada (40 %), cette usine traitera 50 000 t de minerai par an dès 1974.

De son côté, la société le Nickel projette la construction d'une nouvelle usine à Poum, dans le nord de l'île. Elle entrera en fonctionnement en 1972, produira du ferro-nickel et traitera annuellement 40 000 t de minerai.

La baisse de 8 %, en janvier 1970, affecte les cours du nickel sur le marché de Londres ; elle ne décourage pas les investisseurs. De même, la grève de 3 500 ouvriers de l'usine de la société le Nickel à Doniambo ne préoccupe guère les esprits. Il est vrai que chaque année le Territoire est éprouvé par de nombreux conflits sociaux.

En revanche, ce qui semble inquiéter les autorités locales et le gouvernement français, ce sont les incidents du 2 septembre 1969. À l'occasion de l'enquête ouverte après la découverte de tracts subversifs appelant la population autochtone à la révolte contre les Blancs dans l'île de Maré (archipel de Loyauté), un groupe de 250 à 300 jeunes gens se heurte violemment à la police à Nouméa.

Deux manifestants sont gravement blessés. L'Assemblée territoriale condamne énergiquement les responsables des troubles. La justice prononce plusieurs peines de prison ferme.

Territoire des Afars et des Issas

Des menaces d'agitation se dessinent à nouveau en janvier 1970. Deux attentats se produisent, l'un à Djibouti même, l'autre à Ali Sabieh, petite agglomération située sur la voie ferrée d'Addis-Abeba.