Faits divers

Avalanches dans les Alpes

Un peu partout au cours de cette année, la nature est venue rappeler aux hommes qui se flattent de l'avoir vaincue qu'elle peut, dès qu'elle le veut, avoir le dernier mot. La Tunisie, à l'automne 1969, connaît de dramatiques inondations qui ont fait 438 morts. À la fin du printemps 1970, c'est le tour de la Roumanie d'être submergée d'une façon telle qu'on a pu parler de catastrophe nationale. Peu avant, en Turquie, un tremblement de terre fait de nombreuses victimes, et au Pérou, au début juin, un séisme d'une extrême violence dévaste toute une province, faisant près de 30 000 victimes.

Val-d'Isère

La France n'a pas été épargnée. En octobre 1969, dans l'Hérault, les inondations prennent des proportions inquiétantes. En février 1970, à Paris, la Seine dépasse très largement la cote d'alerte. Dans le même temps, une énorme tempête s'abat sur la Manche et le Calvados, privant de lumière 200 000 habitants de Cherbourg (la remise en état des réseaux électriques et téléphoniques devait prendre, dans certains cas, un mois).

Mais c'est dans les Alpes que la force et la cruauté de la nature se sont le plus spectaculairement manifestées. De nombreuses avalanches ont emporté ici ou là des skieurs. L'une d'elles, à Val-d'Isère, engloutit, le 10 février, un chalet de vacances de l'Union des centres de plein air : 40 morts, parmi lesquels de nombreux jeunes gens.

Le plateau d'Assy

Plus horrible encore le drame qui se produit au mois d'avril au plateau d'Assy, en pleine nuit, et qui fait 74 morts, dont la plupart étaient des enfants tuberculeux — tous des garçons — soignés au sanatorium du Roc des Fiz. Cette fois, ce n'est pas une coulée de neige, mais un affaissement de terrain qui est à l'origine de la catastrophe. Tout un flanc de la montagne, emportant les arbres sur son passage, a en quelques secondes enseveli les bâtiments et leurs occupants.

Bien que différentes, les tragédies de Val-d'Isère et du plateau d'Assy ont amené l'opinion à émettre devant chaque cas les mêmes questions : le malheur était-il prévisible ? Toutes les précautions avaient-elles été prises pour l'éviter ? Existe-t-il des responsables ? Et qui ?

Des commissions d'enquête sont nommées. Celle qui s'est penchée sur l'affaire de Val-d'Isère n'a pas relevé de faute dans le choix de l'emplacement du chalet de l'UCPA.

En revanche, elle signale de nombreuses imprudences et anomalies dans la façon dont la station s'est développée et protégée contre les risques d'avalanches. Ainsi se trouve posé le problème de l'expansion trop hâtive des stations de sports d'hiver et de la spéculation qui l'accompagne.

Les bâtisseurs du sanatorium du Roc des Fiz échappent à ce genre de reproches : l'œuvre philanthropique à laquelle il appartenait l'avait fait édifier bien avant la guerre, avec des matériaux très solides. Cependant un doute a subsisté pour le public : le directeur avait-il tenu suffisamment compte de l'avertissement que constituait une première coulée qui s'était produite deux semaines auparavant ? Avait-on consulté les spécialistes compétents avant de se rassurer ?

Selon les premières impressions des experts, la catastrophe était imprévisible et la première coulée n'était qu'une banale avalanche, sans rapport avec l'effondrement de terrain qui a suivi. À ces avis, certains journaux ont opposé les lettres adressées à leurs parents par les petites victimes, décrivant leur peur lors de la première avalanche.

Un seul point, toutefois, paraît faire l'unanimité : l'insuffisance des moyens mis en œuvre pour vérifier de façon continue l'état des montagnes. Entreprendre systématiquement les investigations nécessaires coûterait, il est vrai, très cher. Moins cher, quand même, que des vies d'enfants...

Une étrange épidémie : la piraterie du ciel

Trois détournements d'avion spectaculaires ont défrayé la chronique et ont achevé de rendre tout à fait banals ceux qui se pratiquent de façon quasi quotidienne entre l'Amérique et Cuba.

Le jour de ses vingt ans, le 31 octobre 1969, un caporal des marines de l'armée américaine d'origine italienne, Raffaele Minichiello, fait parcourir à deux équipages de la TWA, qu'il menace d'un fusil au canon scié, un extravagant voyage de 11 000 km, entre Los Angeles et Rome.