Mais, enfin, le pape de Rome est venu a Genève pas, certes, comme à Canossa, mais comme un chrétien qui rencontre d'autres chrétiens, en signifiant la primauté de Pierre, dont il se pense l'héritier, sans pour autant rejeter ceux qui mettent en doute cette hypothèse. Et comme l'humour ne doit jamais manquer, à cette rencontre de Rome et de Genève était présent, sans être invité, le grand rabbin de la ville de Calvin.

Les orthodoxes

L'œcuménisme demeure une préoccupation constante du monde orthodoxe, désormais conscient de l'importance qu'il a acquise au Conseil œcuménique des Églises. On s'en est aperçu, lors de la réunion du comité central à Canterbury entre le 13 et le 23 août 1969, à l'accueil réservé au rapport du pasteur Lukas Vischer, directeur de Foi et Constitution. Ce dernier a affirmé que, contrairement à ce que professent les Églises catholique et orthodoxe, l'immutabilité n'est pas le seul critère de la vérité. Les orthodoxes des démocraties populaires ont protesté contre la prise de position du pasteur en faveur d'un christianisme purement mouvant ; l'Église orthodoxe reste convaincue que seul un accord complet sur les questions de doctrine et de structure ecclésiales permettra l'intercommunion. En outre, le P. Meyendorff n'a pas manqué de souligner que le COE ne serait qu'un nom tant que l'Église romaine n'en ferait pas partie.

Turquie

Proposant que la fête de Pâques orthodoxe coïncide désormais avec celle du reste de la chrétienté, le patriarche Athénagoras a affirmé que le moment était venu pour les théologiens de revivre la « théologie brûlante de saint Paul ». Il s'est prononcé en faveur de changements dans l'habillement des prêtres, sur la possibilité de se marier après l'ordination et de consacrer les évêques mariés, proposant, d'autre part, de surmonter les divergences sur la primauté et sur l'infaillibilité en laissant les coutumes à chaque Église pour prendre le saint calice comme moyen d'unité. Certains théologiens grecs ont considéré qu'il allait trop loin et mettent les fidèles en garde contre un œcuménisme trop facile et peu exigeant qui risque de constituer un « danger mortel pour l'orthodoxie ».

Des réactions aussi vives se manifestent ailleurs contre les modernistes, qui introduisent des nouveautés mal acceptées parfois et admettent ainsi que l'Église orthodoxe ne détient plus toute la Vérité comme auparavant.

Au début de décembre 1969, des conversations ont réuni, à Istanbul, le patriarche Athénagoras et le cardinal Willebrands, qui est le président du Secrétariat pour l'unité des chrétiens en vue de l'étude périodique de la marche vers le rétablissement de la pleine communion.

Pour préparer la réunion d'un concile panorthodoxe, un secrétariat a été mis en place au centre œcuménique de Chambésy, près de Genève, dirigé par le P. Damaskinos Papandreou. Une commission préparatoire devait se réunir dans la seconde moitié de 1970, puis une nouvelle conférence panorthodoxe pour représenter chacune des quatorze Églises autocéphales et donner une rédaction définitive aux dossiers qui seront portés devant la grande assemblée :
– participation plus active des laïcs aux affaires de l'Église ;
– adaptation des règles du jeûne, exigences de l'époque contemporaine, sources de la révélation divine ;
– unification des pratiques matrimoniales ;
– unification du calendrier ;
– réforme liturgique.

Le saint-synode du patriarcat d'Antioche s'est divisé en deux groupes. Un groupe dissident de quatre évêques s'est réuni le 7 octobre 1969, à Damas, pour procéder à des sacres, mettant ainsi en cause la légalité de la réunion du saint-synode tenue au Liban sous la présidence du patriarche Théodose VI et celle de l'élection de trois évêques faite alors. Les évêques dissidents ont élu l'un d'eux patriarche : Mgr Zaed. Le saint-synode légal a coupé l'intercommunion avec les évêques dissidents en attendant leur jugement, et a excommunié et réduit à l'état laïc les clercs nouvellement sacrés. Il a été soutenu par les fidèles des diocèses, qui ont accepté les évêques légitimes, et les gouvernements des pays concernés (Syrie, Irak, Koweit et Liban) ont entériné ses nominations.

Russie

Sur l'invitation du patriarche Alexis, une conférence s'est réunie à Zagorsk, près de Moscou, du 1er au 4 juillet 1969 : 180 délégués de 25 Églises et associations religieuses de l'URSS (Églises chrétiennes, juifs, musulmans et bouddhistes) et des invités de 39 pays étrangers. Elle fut consacrée à la coopération et à la paix entre les peuples.