Contre le rejet, le sérum antilymphocytaire demeure l'arme la plus prometteuse. De grands progrès ont été réalisés dans son emploi, aboutissant à une meilleure sélection des donneurs et des receveurs. La greffe du rein — qui, elle, est désormais entrée dans la routine — enregistre ainsi, à l'hôpital Necker de Paris, 80 % de succès quand il s'agit de donneurs vivants ; mais on ne trouve pas assez de volontaires.

Écologie

La protection de la nature

L'humanité est en danger ; elle risque de succomber sous ses propres déchets. La nécessité de protéger la nature et de limiter les pollutions a fait l'objet d'une prise de conscience à tous les niveaux, aussi bien international qu'individuel. À l'industrialisation accélérée, à l'accroissement démographique s'ajoute le phénomène de concentration urbaine, dont on aura une idée en rappelant que 60 % des Parisiens sont nés à la campagne ou dans de petites villes de province ; en Grande-Bretagne, 40 % de la population vit dans six conurbations, c'est-à-dire dans de vastes régions où les agglomérations, à force de s'étendre, ont fini par se rejoindre.

Si des catastrophes comme celle du Torrey Canyon (Journal de l'année 1966-67) restent heureusement exceptionnelles, l'opinion n'en est pas moins sensibilisée par des accidents tels qu'explosions ou avaries de pétroliers, forages off-shore hors de contrôle, rivières empoisonnées.

Prises de conscience

Aux États-Unis, après les grandes conquêtes de l'espace proposées par le président J. F. Kennedy au peuple américain, et indirectement à l'humanité tout entière, comme objectif majeur d'une génération, après le débarquement sur la Lune et la préparation des missions vers Mars, après un engouement pour la conquête des fonds marins, on enregistre un retour à des préoccupations plus terre à terre.

Dans son discours du 22 janvier 1970 sur l'état de l'Union, le président Nixon propose que la lutte contre les pollutions et les déchets de la civilisation technologique constitue l'un des principaux efforts de la nation au cours de la prochaine décennie.

À quelques jours de là, le Conseil de l'Europe organise à Strasbourg, du 9 au 12 février 1970, une Conférence européenne sur la conservation de la nature en préface à l'Année européenne de la nature. L'OTAN, de son côté, crée un Comité sur les défis de la société moderne, où la lutte contre la pollution de l'air, des mers et des eaux intérieures figure en bonne place. L'OCDE, elle non plus, ne reste pas inactive ; le 11 février 1970, elle décide la création d'une commission ad hoc ; elle patronne également des recherches relatives aux transports et à la lutte contre le bruit. Le Conseil économique et social de l'ONU prépare pour 1972, à Stockholm, une conférence mondiale de l'environnement humain. Mais déjà du 14 au 16 mai 1970, à Royan, se déroule un colloque juridique et scientifique international portant sur « la défense mondiale de la santé publique contre la pollution des eaux et de l'atmosphère, et contre le bruit ». Quinze nations y participent.

En France, enfin, au début de 1970 une direction de la protection de la nature est créée au ministère de l'Agriculture, et à la demande du Premier ministre et du ministre chargé du Plan et de l'Aménagement du territoire, une commission se met au travail pour élaborer un Rapport général sur l'environnement et ses perspectives à l'échelon d'une génération. Le 10 juin, ayant pris connaissance du rapport, le Conseil des ministres lance un premier train d'une centaine de mesures. Un haut comité de l'environnement assurera la coordination entre les ministères intéressés et incitera les administrations à ouvrir les crédits nécessaires pour la protection du milieu.

Véritables égouts

Il y a un siècle, les saumons remontaient la Seine jusqu'à Melun. En 1970, chaque jour, Paris déverse dans le fleuve plus d'un million de mètres cubes d'eaux usées : la pêche n'y est pratiquement plus possible, et ce jusque assez loin en mer dans l'estuaire. Le Bassin parisien est devenu ce qu'on appelle un « bassin d'asphalte » : la concentration immobilière y est si forte que l'eau de pluie ne peut plus pénétrer dans la nappe phréatique située à quelques mètres à peine de profondeur.