Les Chinois, à leur tour, entraient, le 25 avril, dans la ronde avec un essai réussit. Leur lanceur, sur lequel rien n'a été divulgué, était vraisemblablement un missile intercontinental d'environ 60 t, brûlant un propergol solide. Le satellite, avec le dernier étage du lanceur, a une masse de 173 kg, soit beaucoup moins que le premier Spoutnik (83,6 kg de charge utile et 4 t d'étage propulseur), mais considérablement plus que le premier Explorer américain (12,5 kg en tout). C'est donc un satellite assez important pour un coup d'essai, puisqu'il gravite sur une orbite de 429 à 2 384 km d'altitude, ce qui signifie que le lanceur est capable de mettre une charge de 400 kg sur une orbite basse. La masse satellisée aurait pu être plus importante si la fusée avait été lancée vers l'est (pour tirer le maximum de profit de la rotation de la Terre). Au prix d'une réduction de la charge utile, on a préféré que le satellite, en montant au-delà du cercle polaire, survole les États-Unis et l'Union soviétique en scandant inlassablement : « L'Orient est rouge. Le soleil se lève. Sur la terre, surgit Mao Tse-toung... ».

Soyouz 9

Après le vol en formation des trois Soyouz 6, 7 et 8 (octobre 1969), les Soviétiques sont restés plusieurs mois sans lancer de nouveaux engins habités. Puis, le 1er juin 1970, on apprenait la mise en orbite du satellite Soyouz 9, avec un équipage de deux cosmonautes : Andrian Nikolaïev (mari de la première femme de l'espace, Valentina Terechkova), qui avait déjà volé en 1962 à bord de Vostok 3, et Vitali Sevastianov. Leur mission était semblable à celle des précédents Soyouz : observation des effets biologiques du vol orbital sur l'organisme humain, photographies de la Terre et des formations atmosphériques, mesures physiques dans l'espace circumterrestre, enfin perfectionnement des systèmes de guidage, d'orientation, de stabilisation et de navigation des vaisseaux cosmiques. Ces derniers objectifs semblent se situer dans la perspective du futur lancement d'une station orbitale permanente. Soyouz 9 est le premier engin spatial lancé pendant la nuit. Il est doté d'un appareillage lui permettant une liberté totale. Soyouz 9, qui a été récupéré le 19 juin, a battu le record de durée de vol habité, avec un voyage qui s'est déroulé pendant 424 h 50 mn.

Océanographie

Le fond des océans : un tapis roulant

La théorie de la dérive des continents est revenue sur le devant de la scène scientifique depuis 1961. Hypothèse pure pendant plusieurs années, elle a regroupé peu à peu de plus en plus de partisans, convaincus par des coïncidences remarquables. Si les continents dérivent, c'est parce qu'ils sont poussés par les mouvements de fond océaniques. Les fonds océaniques semblent, en effet, se renouveler constamment. Pour une cause encore inexpliquée, le matériau monte des profondeurs, formant cette chaîne de montagnes sous-marines longue de 40 000 km qu'on appelle les « dorsales ». Peu à peu, la croûte océanique ainsi mise en place est repoussée de part et d'autre des dorsales sous la poussée de nouvelles montées de matériau et les continents s'écartent peu à peu les uns des autres. La vieille croûte océanique disparaît très probablement dans les fosses océaniques, où elle retourne dans les profondeurs d'où elle est montée des dizaines de millions d'années auparavant par les dorsales.

Si cette double théorie d'expansion (il vaudrait mieux dire renouvellement) des fonds océaniques et de dérive des continents est exacte, on doit pouvoir en retrouver des traces sur les fonds océaniques : l'âge des sédiments déposés sur la croûte océanique augmente au fur et à mesure que l'on s'éloigne des dorsales. Un seul moyen de vérifier : carotter les fonds des mers. C'est le but du vaste programme mené par les États-Unis depuis le mois de juillet 1968 (Journal de l'année 1968-69). Connu au début sous le nom de projet JOIDES (Joint oceanographic institutions deepearth sampling), ce programme est maintenant appelé DSDP (Deep sea drilling project) et regroupe les spécialistes de cinq organismes de recherches.