La majorité des ballets prétendus modernes sont, en réalité, des ballets classiques contemporains. Si leur esthétique peut sembler moderne, leur chorégraphie reste de style classique, composée de pas et de mouvements appartenant au vocabulaire traditionnel de la danse et codifiés depuis plusieurs siècles. La danse classique a évolué en fonction des thèmes développés par les arguments des ballets. Le ballet dit moderne est de création récente. Les premières tentatives datent du début du siècle. L'insuffisance des possibilités d'expression du vocabulaire classique obligea l'artiste à rechercher de nouveaux vocabulaires afin de traduire ses idées et ses émotions. Il se créa ainsi une nouvelle forme de danse, qualifiée successivement de : libre, expressive, expressionniste et, enfin, moderne. La danse moderne connaît son véritable essor aux États-Unis, avec Martha Graham et son école. Les chorégraphes modernes sont ses disciples.

La danse moderne et la danse classique peuvent cependant coexister. Jérôme Robbins, par exemple, utilise indifféremment les deux vocabulaires. Le ballet moderne, en France, commence à imposer ses normes. Le Centre international de la danse organise chaque année des stages de danse moderne, où des professeurs tels que Yuriko et Betty Jones dispensent leur enseignement à de nombreux élèves.

Théâtre

Entre l'espoir et le regret

Il suffit de l'instant, du hasard, pour faire d'une phrase anodine un mot historique. Edmond Michelet, ministre chargé des Affaires culturelles, était loin d'y songer quand il évoqua cet hiver, au cours d'une émission télévisée, ce fameux théâtre de la pauvreté qu'on lui reprochera longtemps, comme s'il était seul juge des minces crédits accordés aux arts en ces temps de pénurie. (Notons, cependant, que les gouvernements ne se montrent guère plus généreux en période prospère ; il en sera de même tant qu'ils considéreront leur aide comme un mécénat, et non comme un service public, au même titre que l'enseignement ou les transports).

Cette année, il est évident que les théâtres subventionnés avaient des raisons particulières de crier famine, et que nombreux sont les directeurs de salles privées qui n'auront pas bouclé leur budget sans peine. Question de recettes, bien sûr, d'impôts et de prix de revient ; mais aussi peut-être mauvaise gestion et manque de discernement dans le choix des œuvres et des metteurs en scène. L'État est un monstre commode, que chacun rend responsable de tout, même de ses propres erreurs.

Si l'on considère la saison dans son ensemble, elle apparaît pourtant assez bien équilibrée, malgré la pauvreté générale. Peu ou point de révélations, mais des réussites multiples dans des genres très divers, ce qui prouve au moins la résistance, sinon la bonne santé de l'art dramatique en France.

Au Boulevard, certains paris plus audacieux que d'ordinaire ont déplu à une clientèle très jalouse de ses habitudes : elle n'a pas aimé l'exhibitionnisme à l'américaine des Garçons de la bande, de Mart Crowley, ni l'étrangeté de Madame, comédie musicale composée sur mesure par Rémo Forlani pour la chanteuse Barbara, un ton au-dessous de leurs talents.

En revanche, ce même public a retrouvé avec un ravissement intact la Périchole d'Offenbach, interprétée par Jane Rhodes devant un beau décor de Carzou, et qu'animaient les irrésistibles pitreries de Jean Le Poulain.

Tandis qu'il découvrait une étonnante force de la nature, nommée Ivan Rebroff, dans la version française d'Un violon sur le toit, importée de Broadway telle quelle, comme un produit manufacturé.

La rentrée d'Anouilh

Sages, d'autres directeurs ont joué des valeurs encore sûres, comme André Roussin (On ne sait jamais), Félicien Marceau (le Babour) ou Marcel Achard, dont on a repris Domino, avec une vedette au charme indestructible, Danielle Darrieux, sans oublier l'étoile montante du Boulevard, Françoise Dorin, heureux auteur d'Un sale égoïste, habile comédie en forme de proverbe dont un acteur aussi chevronné que Paul Meurisse tirait à merveille les ficelles.