Le « oui », qui réunit donc 46,81 % des suffrages en métropole, ne dépassait 55 % que dans 3 régions (Alsace, Bretagne et Pays de la Loire), au lieu de 17 en 1962. Il y a eu relativement peu d'abstentions (19,41 %).

Peu après minuit, dans la nuit du 27 au 28 avril, lorsque les résultats établissent que le pays a rejeté le projet, le général de Gaulle, dans un communiqué de trois lignes, annonce sa démission.

L'élection présidentielle

(1er et 15 juin 1969)

Seize jours se sont écoulés entre la démission du général de Gaulle, au soir du référendum du 27 avril, et la clôture, le 13 mai, des déclarations de candidature pour l'élection de son successeur. Les sept candidats du premier tour ont disposé ensuite de quinze jours, encore amputés par la trêve de la Pentecôte, pour mener leur campagne. Puis, avant le second tour, Georges Pompidou et Alain Poher, restés en lice, ont dû précipiter encore leur démarche. C'est dire que cette seconde épreuve du système d'élection présidentielle au suffrage universel s'est déroulée sur un rythme extrêmement rapide.

Les candidatures

Georges Pompidou avait pris le départ le premier, annonçant sa candidature dès le 29 avril au matin. Le lendemain, il enregistrait le soutien sans réserve de V. Giscard d'Estaing et des Républicains indépendants, puis l'appui de plusieurs leaders centristes, J. Fontanet d'abord, Jacques Duhamel ensuite le 22 mai, René Pleven et quelques députés enfin. Après le premier tour, les ralliements étaient nombreux : J.-L. Tixier-Vignancour, le maire de Lyon M. Pradel, Antoine Pinay... Sa campagne était très active et dynamique ; il visitait plus de vingt villes, s'adressait à des auditoires évalués au total à plus de 100 000 personnes, polémiquait ardemment avec son principal concurrent, Alain Poher.

Ce dernier avait, au contraire, tardé jusqu'au dernier moment à prendre officiellement le départ, en raison, disait-il, de ses obligations de président de la République par intérim. Mais cet intérim même lui avait permis, par diverses initiatives et aussi parce que le chaos si souvent prédit en cas de succès du « non » au référendum ne s'était nullement produit, de bénéficier d'une popularité aussi soudaine que puissante. Sa tentative était appuyée par de nombreux sénateurs, plusieurs organisations du centre, et en particulier le Centre démocrate de Jean Lecanuet et Pierre Abelin, le parti radical, le Centre national des indépendants et la majorité des députés centristes. Après le premier tour, il devait recevoir le soutien du Parti socialiste, qui désistait en sa faveur son candidat, le ralliement discret de la CFDT, la préférence de diverses personnalités et organisations antigaullistes, tandis que la Convention des clubs laissait la liberté de vote.

À gauche, la rivalité des socialistes, groupés autour de Guy Mollet et Pierre Mauroy, avec la Convention de François Mitterrand provoquait d'abord la rupture entre ces deux mouvements, puis l'échec de toute tentative de candidature unique. Tour à tour, Michel Rocard, secrétaire national du Parti socialiste unifié (PSU), Gaston Defferre, préféré par le Parti socialiste à Alain Savary, Jacques Duclos pour le Parti communiste, et un « gauchiste » de mai 1968, Alain Krivine, se mettaient sur les rangs. G. Defferre devait se présenter bientôt en compagnie de Pierre Mendès France, qu'il désignait comme son Premier ministre en cas de succès et qui l'assistait tout au long de sa campagne, initiative intéressante, mais diversement appréciée. Tout l'appareil du Parti communiste était mobilisé pour soutenir Jacques Duclos, qui se montrait mesuré, bonhomme et fort habile. Michel Rocard était didactique et sérieux, Alain Krivine à la fois glacé et violent. Enfin, un candidat fantaisiste, Louis Ducatel, avait réussi à se faire admettre dans la compétition.

La campagne

Les sondages, jusqu'à la veille du premier tour, plaçaient en tête G. Pompidou, qui, toutefois, ne semblait pas gagner de terrain, oscillant entre 40 et 43 % des suffrages. A. Poher, crédité de 34 % des voix le 13 mai, de 39 % le 20 mai, voyait sa cote baisser ensuite de jour en jour, jusqu'à revenir aux environs de 25 %. En revanche, Jacques Duclos semblait gagner irrésistiblement du terrain, passant de 10 à 20 % au fil de la campagne. L'électorat de G. Defferre et M. Rocard, enfin, était évalué à 6 % et 3 % environ.