Ils ont troublé la période la plus favorable pour le tourisme : le deuxième tiers de l'année, où le recul a été de 23 % par rapport à la même période de 1967. Au contraire, le premier tiers avait été positif (+ 5 %) et le troisième stable. Quant au début de 1969, il a été bon : les étrangers sont venus de 8 à 10 % plus nombreux qu'en 1968.

Apprendre à vendre

Toutefois, les experts relèvent un fait inquiétant : les étrangers ne s'intéressent qu'à Paris et à la Côte d'Azur. Ainsi, ils n'ont fourni, pendant la période d'hiver 1968-1969, que 8 % des nuitées dans les stations de sports d'hiver, 5,4 % dans les stations thermales, et 28 % dans les stations balnéaires. La Côte d'Azur accueille à elle seule deux fois plus d'étrangers que toutes les autres côtes réunies.

Si le recul du temps n'autorise pas à parler de désaffection, la progression n'est quand même pas proportionnelle au développement mondial du tourisme.

Pour y remédier, il faut mettre en valeur ce que la France a, en ce domaine, à proposer, et apprendre à le vendre. C'est à ce double souci que prétend répondre la politique menée depuis l'été 1968 par Albin Chalandon. Le ministre de l'Équipement a défini le tourisme français de demain comme « un produit fini, homogène, fabriqué en grande série et compétitif », à vendre « comme une automobile ou un réfrigérateur ».

Au-delà du développement des aides et assistances de l'État, il s'agit surtout d'un changement de mentalité à réaliser, chez des professionnels — de l'hôtellerie, des agences de voyages — encore mal adaptés aux impératifs de la coopération et des techniques modernes de commercialisation.

Mais commercialiser quoi ? Outre toutes ses ressources non chiffrables, la France dispose aujourd'hui de 14 000 hôtels classés. On y trouve 10 % seulement de 3 et 4 étoiles (c'est-à-dire les catégories les mieux adaptées à la clientèle internationale), soit 367 000 chambres, dont plus d'un tiers ont été ou bien modernisées (20,5 %) ou bien construites (15,9 %) dans les dix dernières années.

Du camping au ski

On compte également 4 257 terrains de camping (dont 133 classés « de tourisme », 523 de 1re catégorie, 1 367 de 2e catégorie), pouvant accueillir un million de campeurs. Il y a encore 60 stations de sports d'hiver, classées ou en voie de l'être, qui totalisent 40 000 chambres en hôtels et 87 000 en meublés. On peut enfin citer les 75 villages de vacances (25 000 places), les quelque 100 stations thermales et, le long des 5 000 km de côtes, les ports de plaisance, qui se multiplient.

C'est un potentiel important, qui se développe depuis quelques années, mais qui est loin encore d'être exploité selon les désirs des responsables du tourisme.

Agriculture

Retard sensible du revenu des exploitants

Les recettes de l'agriculture, en 1968, atteignent 60,9 milliards de francs, contre 58,2 en 1967, soit une augmentation de 4,6 %. Cette hausse est égale à l'augmentation du volume de production, les prix étant restés stables à la production. Les charges d'exploitation sont en hausse de 8,7 %, passant de 28 milliards de francs à 30,6 milliards. Les salaires ont augmenté de 17,9 %, à la suite notamment des accords de juin 1968. Compte tenu de la diminution du nombre des salariés, la masse salariale globale a augmenté de 11,7 %.

Avec les subventions à la production (531 millions de francs) et déduction faite des stocks (239 millions de francs), le résultat brut d'exploitation (recettes diminuées des charges) atteint 30,5 milliards de francs, soit une hausse de 1,1 % sur 1967 (30,2 milliards de francs). Mais avec la hausse du coût de la vie (+ 4,5 %), le pouvoir d'achat a régressé de 3,4 %.

Par exploitant, compte tenu d'une diminution de 3 % du nombre des exploitants, le revenu net moyen a régressé sensiblement de 0,4 %, alors que le plan avait prévu une augmentation annuelle de près de 5 %.

Cette moyenne recouvre en réalité des situations concrètes très variables selon les régions et les exploitations ; la situation la moins favorable (recul des prix et du volume de la production) est enregistrée dans le secteur des productions porcines et chevalines, et la plus favorable dans le secteur de la betterave, où les recettes brutes ont augmenté de 50 %.

Plan Boulin : l'adaptation de la politique agricole

Successeur d'Edgar Faure au ministère de l'Agriculture, le 10 juillet 1968, Robert Boulin consacre ses efforts à convaincre les agriculteurs, l'opinion publique et le Parlement de la nécessité d'adapter la politique agricole française, incapable, malgré l'importance des aides budgétaires, d'apporter un revenu satisfaisant aux agriculteurs.